Renseignements sur les aliments nouveaux - Saumon AquAdvantage

Santé Canada a notifié à AquaBounty Canada Inc. qu'il ne s'oppose pas à l'utilisation du Saumon AquAdvantage (AAS) comme un aliment. Le Ministère a réalisé une évaluation approfondie de ce poisson conformément à la Ligne directrice relative à l'évaluation de l'innocuité des aliments dérivés d'animaux à ADN recombiné publiée par le Codex Alimentarius. Cette ligne directrice est fondée sur les principes scientifiques internationalement acceptés pour l'établissement de l'innocuité des aliments comportant des caractères nouveaux.

Contexte

Le texte qui suit résume l'avis remis par AquaBounty Canada inc. ainsi que l'évaluation de Santé Canada. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

1. Introduction

Le Saumon AquAdvantage (Salmo salar) est un saumon de l'Atlantique qui a été génétiquement modifié afin d'accélérer sa croissance. Le SAA est destiné à être commercialisé sous forme de filets. Aucun poisson vivant ne sera importé. Le SAA contient une protéine codant pour le domaine d'un gène de l'hormone de croissance (GH) du saumon quinnat et des séquences régulatrices d'une protéine antigel (PA) de la loquette d'Amérique. Le transgène de la GH intégré permet au SAA de se développer plus rapidement aux premiers stades de sa vie. Cela lui permet d'atteindre sa taille marchande plus tôt. À l'âge adulte, la taille du SAA est la même que celle de ses comparateurs non transgéniques.

Le résultat direct de la production de SAA correspond surtout à des œufs embryonnés triploïdes qui produiront des saumons de l'Atlantique femelles stériles contenant une seule copie du transgène de la GH. Les œufs seront produits dans les installations d'AquaBounty situées à l'Île-du-Prince-Édouard puis expédiés aux installations terrestres de la société situées au Panama où ils seront élevés jusqu'à atteindre leur taille marchande. Les poissons seront ensuite transformés et expédiés vers les marchés où leur vente pour la consommation alimentaire est permise.

L'évaluation de l'innocuité du poisson a été réalisée par les évaluateurs scientifiques de la Direction des aliments conformément à la Ligne directrice relative à l'évaluation de l'innocuité des aliments dérivés d'animaux à ADN recombiné publiée par le Codex Alimentarius. L'évaluation a pris en compte les éléments suivants : la façon dont le SAA a été mis au point, la manière dont sa composition et sa qualité nutritionnelle se compare à celles du saumon non modifié; son risque potentiel de toxicité ou d'allergénicité et son état de santé. AquaBounty Canada a présenté des données démontrant que le SAA est tout aussi sécuritaire que les variétés de saumons d'élevage utilisés comme aliments au Canada.

En vertu du titre 28 du Règlement sur les aliments et drogues, la direction des aliments est responsable de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux. Les aliments dérivés du SAA sont,en vertu de l'alinéa (c)(i) de article B.28.001 du Règlement sur les aliments et drogues, considérés comme un aliment nouveau (« c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas (i) présente des caractères qui n'avaient pas été observés auparavant [...]. »).

2. Développement du produit

Le requérant a présenté une description des méthodes utilisées pour la mise au point du SAA. Il a aussi présenté des données qui caractérise la modification génétique conférant le phénotype de la croissance rapide.

Le SAA a été obtenu à partir de la micro-injection de la construction opAFP-GHc2 dans des œufs de saumon de l'Atlantique sauvage. Le transgène est constitué du domaine codant pour une protéine d'un gène de l'hormone de croissance (GH) du saumon quinnat (Oncorhynchus tshawytscha) et des séquences régulatrices (opAFP) d'une protéine antigel (PA) de la loquette d'Amérique (Macrozoarces americanus).

Les œufs de SAA sont produits en fertilisant des œufs des géniteurs femelles du saumon de l'Atlantique non transgénique avec la laitance (sperme) des néomâles homozygotes possédant le transgène EO-1α (stock de géniteurs de SAA). Le stock de géniteurs néomâles de SAA a fait l'objet d'un renversement de sexe par traitement au 17α-methyltestostérone. Les œufs fertilisés sont par la suite soumis à un traitement de chocs avec de la pression hydrostatique afin d'induire la triploïdie. Ce processus a un taux d'efficacité d'un peu moins de 100 %. Par conséquence, il pourrait donner lieu à un très faible nombre d'œufs embryonnés diploïdes (≤ 1 %). C'est pourquoi l'innocuité des triploïdes et des diploïdes du SAA ont été évaluées.

L'animal transgénique original a été nommé EO-1. La lignée commerciale est issue des descendants d'EO-1 au moyen de croisements multigénérationnels avec un stock de géniteurs constitué de saumon de l'Atlantique domestiqué commun au Canada Atlantique. La génération actuelle (F10) de SAA porte une copie unique du transgène intégré (EO-1α), lequel est stable sur le plan génétique et héréditaire de façon prévisible. Un intégrant au locus β était présent chez certains poissons de la F2 aux premières étapes de la mise au point du produit, mais il a été éliminé par la sélection du locus α au cours du processus de reproduction sélective ayant mené à la lignée commerciale définitive. Le SAA est hémizygote au locus α pour le transgène EO-1α intégré de manière stable. La construction génique opAFP-GHc2 a été préparée en recourant à des techniques normalisées de clonage moléculaire. La construction contient la région flanquante 5', les éléments du promoteur, la région 5' non traduite et la région flanquante 3' du gène de la PA de la loquette d'Amérique avec la région codante dans la séquence d'ADN complémentaire et la région 3' non traduite du gène de la GH du saumon quinnat.

3. Caractérisation de l'animal modifié

Pour caractériser l'insertion du nouvel ADN dans le génome du saumon, un transfert de type Southern a été effectué. L'ADN génomique du SAA digéré avec l'enzyme Pst I a été hybridé avec une sonde de 1,2 kb, laquelle représentait un fragment de la région promotrice de la PA de la loquette d'Amérique. Une seule bande de ~ 5 kb a été observée, ce qui indique l'intégration aléatoire d'une seule copie du transgène à un seul locus.

L'analyse PCR de la descendance individuelle de la génération F2 a démontré que la région promotrice d'EO-1α a fait l'objet d'un réarrangement de type 5'- 3' pendant l'intégration du transgène dans le génome d'EO-1. Cependant, la présence possible d'une seconde copie d'opAFP-GHc2 a été écartée au moyen de l'analyse par transfert de type Southern du locus en recourant à plusieurs analyses des enzymes de restriction s'hybridant sur les domaines 5'OP et 3'OP. Par conséquent, les données se sont révélées cohérentes par rapport à réarrangement de type 5'- 3' d'une copie unique du transgène ayant fait l'objet d'une cassure dans le domaine 5'OP.

Le réarrangement dans le sens 5' - 3' a ensuite été confirmé à l'aide de l'amplification par PCR de la séquence de liaison induite du génome. L'analyse de la séquence des nucléotides d'un produit PCR de ~ 250 pb a révélé une séquence 5'OP de ~ 70 pb en aval de la cassure proposée dans opAFP-GHc2, contiguë à une région flanquante du génome du saumon de l'Atlantique de ~ 125 bp. Également, l'analyse d'un produit PCR de ~ 450 bp a révélé une séquence de ~ 145 bp de 5'OP en amont de la cassure proposée contiguë à une région flanquante du génome. Ce réarrangement n'a produit aucun changement dans la séquence du transgène GH-1 du saumon quinnat.

L'analyse du réarrangement a aussi permis de déterminer la présence d'une séquence de 45 pb du vecteur plasmidique entre le domaine 3'OP et la région flanquante 5' du domaine 5'OP dans EO-1α. Cette séquence de 45 pb provient des sites de clonage multiple du pUC9 et du pUC18. Le site de clonage multiple du pUC18 comprend 20 pb du site 5'-EcoR I au site BamH I et le site de clonage multiple du PUC 9 comprend 25 pb du site 3' Hind III au site EcoR I.

L'analyse de la séquence a aussi démontré que le locus EO-1α est flanqué d'une région répétée de l'ADN génomique de 35 pb, ce qui donne à penser que l'intégrant α n'a perturbé aucun gène endogène au cours de son intégration.

Le locus EO-1α comprend quatre principaux domaines et une séquence « intragénique » non fonctionnelle provenant des trois sources suivantes : un domaine d'initiation de la transcription(c.-à-d., promoteur) de 613 pb d'un clone génomique (λOP5) du gène de la PA de type III de la loquette d'Amérique, un domaine codant pour la protéine de 705 pb d'un clone d'ADNc (GH-4) du gène GH-I du saumon quinnat, un domaine de terminaison de transcriptionde 1 164 pb du λOP5 comprenant des signaux de terminaison de la transcription et de polyadénylation du gène de la PA de type III, une séquence de liaison multi-sites non-sens de 45 pb du pUC9 et du pUC18, lequel est un artéfact de la construction et de l'intégration du transgène dans le plasmide.

L'ADN génomique de la descendance de la génération F1 d'EO-1♀ a été examiné pour y déceler la présence de séquence de vecteur plasmidique (autre que la séquence des sites de clonage multiple de 45 pb mentionnée ci-dessus) qui aurait pu se trouver intégrée à la suite de la co-injection des constructions d'ADNr linéarisé, au moyen de l'analyse par transfert de type Southern et la digestion par l'enzyme de restriction. Les enzymes de restriction Hind III, Bgl II et Pst I ont été utilisées avec une sonde dérivée du pUC19 qui comprenait le gène ampR. La descendance de la génération F1 d'EO-1♀ n'a produit aucune bande d'hybridation détectable lorsqu'elle a été digérée avec les enzymes de restriction mentionnées ci-dessus, ce qui indique que le SAA ne contient aucune séquence de vecteur.

Une analyse du locus EO-1α pour y déceler de nouveaux cadres de lecture ouverts (CLO) a été réalisée en faisant appel à la bio-informatique. Huit de ces CLO ont été déterminés à partir de cette analyse, qui était doté d'un codon de départ et d'arrêt d'une longueur minimale de 150 pb. Aucun de ces cadres de lecture ne s'étendait de l'ADN flanquant jusqu'au locus EO-1α. Un CLO s'étendait du locus jusqu'à la région génomique flanquante. Une analyse prédictive (au moyen de l'algorithme BLAST) des séquences d'acides aminés des huit CLO n'a révélé aucune homologie avec d'autres protéines actives sur le plan biologique, et aucune séquence n'était associée à des éléments régulateurs dans le locus EO-1α qui est requis pour une transcription active. En outre, la construction était située dans la région répétée du génome de l'organisme hôte, Il serait par conséquence très improbable que la région flanquante au site d'insertion contienne les éléments nécessaires à la production d'un nouveau CLO. L'expression d'un nouveau polypeptide ou fusion protéinique dérivée d'un nouveau cadre de lecture au locus EO-1α est hautement improbable.

L'héritabilité et la stabilité de la lignée EO-1α contenant la construction opAFP-GHc2 ont été confirmées au moyen de l'analyse par transfert de type Southern et la PCR multiplexe. L'analyse a aussi confirmé l'absence du locus β. Les SAA issus des générations F2 à F6 ont été examinés. Les modèles d'hybridation et d'amplification se sont révélés cohérents avec une copie du locus α intégrée avec héritabilité et stabilité et l'absence du locus β. Les résultats de la réaction en chaîne par la polymérase ont aussi confirmé l'absence du locus β dans la lignée commerciale.

L'analyse par transfert de type Southern du SAA au fil de plusieurs générations, y compris les poissons de la génération F2 qui contenaient aussi l'intégrant β, a indiqué une transmission héréditaire conforme à l'hérédité mendélienne. Les générations subséquentes de poissons ne contenant que l'intégrant α se sont aussi révélées conformes aux principes de l'hérédité mendélienne d'un caractère à un seul locus. Cette analyse a aussi confirmé de nouveau l'absence de l'intégrant β dans la lignée commerciale.

4. Information sur le produit

Les codes de transgène intégré pour un produit exprimé, l'hormone de croissance (GH) proviennent du saumon quinnat. La synthèse de la construction opAFP-GHc2 montre quela séquence primaire du domaine codant de la GH n'a subi aucune modification. Également, l'élément promoteur et le signal de terminaison 3' sont demeurés intacts malgré le réarrangement d'EO-1α pendant l'intégration.

Il a été démontré que la GH-1 du saumon quinnat produite dans le SAA présente une différence de séquence de 5,9 % par rapport à la GH-1 endogène du saumon de l'Atlantique. Au total, 210 résidus constituent la GH-1 dans les deux espèces, et les séquences du saumon quinnat et du saumon de l'Atlantique présentent une différence de 10 résidus, dont 7 affichent une forte similitude. Les gènes codant pour la GH-1 du saumon quinnat et du saumon de l'Atlantique ne présentaient pas de différence. L'analyse de la séquence a permis de déterminer que la région codant pour la protéine du transgène est 100 % identique à celle du gène GH naturellement présent dans le saumon quinnat, dont le gène GH est identique à environ 95 % à celui du saumon de l'Atlantique.

La construction opAFP-GHc2 code pour une protéine GH homologue à celle de la GH-1 native du saumon quinnat, et elle le fait dans le contexte adéquat des éléments régulateurs de la loquette d'Amérique pour permettre la transcription active.

5. Exposition alimentaire

Les filets de SAA représentent une alternative aux filets des autres saumons de l'Atlantique issus de l'élevage qui sont disponibles sur le marché. L'exposition alimentaire dépendra des préférences existantes en matière de poisson. Il est prévu que le SAA ne représentera qu'une faible part du saumon de l'Atlantique déjà consommé par le public canadien. Le SAA ne devrait pas influer sur la consommation totale de saumon chez les consommateurs canadiens.

6. Nutrition

Le requérant a comparé la composition nutritionnelle de filets du SAA à celle de filets de saumons de l'Atlantique non génétiquement modifiés, utilisés comme témoin de contrôle.

L'étude de la composition nutritionnelle a été réalisée selon une évaluation à l'insu et un contrôle avec un comparateur. Des échantillons de tissus comestibles (filets de peau et de muscle) de SAA et du poisson-témoin ont été analysés pour déterminer leur composition nutritionnelle. Les analytes mesurés dans le SAA et dans les témoins (d'élevage et de contrôle) (étaient les suivants : les macromolécules (humidité, protéines, lipides, glucides, cendres), les acides aminés, les acides gras, les minéraux (calcium, cuivre, fer, magnésium, manganèse, phosphore, potassium, sodium, zinc et sélénium) et les vitamines (acide folique, niacine, acide pantothénique, vitamines A, B1, B2, B6, B12 et C).

Dans l'ensemble des données présentées sur la composition (triploïde et diploïde, mâle et femelle, de contrôle et SAA), les analytes suivants du SAA se sont révélés statistiquement différents des saumons témoins (mais demeurent toutefois à l'intérieur des plages de la composition nutritionnelle du saumon notées dans la littérature scientifique): humidité (-7 %), protéines (-6 %) et acides aminés (la teneur en ceux-ci était, en règle générale, proportionnelle à la teneur plus faible en protéines), lipides totaux (+71 %) et acides gras, sauf l'acide eicosénoïque (c.-à-d., la teneur en acide eicosénoïque ne différait pas statistiquement de celle des saumons de contrôle, mais celle des autres acides gras était, en règle générale, proportionnelle à la teneur plus élevée en lipides totaux), niacine (+10 %), acide pantothénique (-13 %), vitamine B1 (-12 %), vitamine C (-20 %), potassium (-7 %), sélénium
(-6 %) et magnésium (-10 %).

Les résultats d'une analyse des données du sous-ensemble des SAA triploïdes femelles et des saumons de contrôle triploïdes femelles, de même qu'une analyse distincte d'un sous-ensemble de SAA diploïdes femelles et de saumon de contrôle diploïdes femelles, ont aussi été fournis par le requérant. Dans les groupes triploïdes, les analytes suivants se sont révélés statistiquement différents dans les SAA et dans les saumons de contrôle : humidité (-6 %), protéines (-9 %) et acides aminés, sauf le tryptophane (c.-à-d., la teneur en tryptophane ne s'est pas révélée statistiquement différente de celle du saumon de contrôle, mais les teneurs des autres acides aminés étaient, en règle générale, proportionnelles à la teneur plus faible en protéines), lipides totaux (+75 %) et acides gras, sauf l'acide eicosénoïque (c.-à-d., que la teneur en acide eicosénoïque ne s'est pas révélée statistiquement différente de celle du saumon de contrôle, mais les teneurs des autres acides gras étaient, en règle générale, proportionnelles à la teneur plus élevée en lipides), magnésium (-12 %), phosphore (-7 %), potassium (-10 %) et sélénium (-6 %). Dans les groupes diploïdes, les analytes suivants se sont révélés statistiquement différents dans les SAA et dans les saumons de contrôle : niacine (+15 %), acide pantothénique (-23 %), vitamine B1 (-18 %), vitamine B6 (+16 %) et vitamine C (-33 %).

La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a terminé ses propres analyses des données fournies par AquaBounty. Les résultats des analyses réalisées par la FDA indiquent que la teneur en vitamine B6 des SAA est statistiquement différente de celle des poissons-témoins), mais la FDA, après l'évaluation de l'exposition alimentaire, a conclu qu'il n'existe pas de danger lié à la teneur en vitamine B6 et a établi que dans l'ensemble, les teneurs en nutriments du SAA sont semblables à celles observées dans le saumon comparateur (p. ex., les saumons de contrôle, les témoins d'élevage, les données publiées dans la littérature scientifique ou une certaine combinaison des trois).

Des différences de la composition nutritionnelle ont aussi été signalées entre le saumon sauvage et le poisson d'élevage non GM. Friesen, E. N. et coll. (2015)Note de bas de page 1 ont indiqué que ces différences étaient plus importantes que celles observées entre le saumon Coho GM et le saumon Coho non GM. De plus, les auteurs ont signalé que l'alimentation et le lieu d'élevage peuvent avoir des effets plus importants sur la composition nutritionnelle que les différences transgéniques.

Santé Canada a aussi examiné les études d'AquaBounty et les résultats d'analyses de la FDA. De plus, Santé Canada a comparé les valeurs nutritives du SAA avec celles établies pour le saumon de l'Atlantique selon le Fichier canadien sur les éléments nutritifs (FCEN) (p. ex., au sujet du poisson sauvage et/ou d'élevage) et d'autres bases de données (p. ex., du Norway National Institute of Nutrition and Seafood Research [NIFES] au sujet du saumon de l'Atlantique d'élevage) ainsi que d'autres valeurs nutritives établies pour une autre espèce de saumon, le saumon quinnat, lequel était la source du gène de l'hormone de croissance de cette lignée.

Selon la première étude d'AquaBounty, l'analyse des données sur les saumons femelles triploïdes et diploïdes et l'analyse de la FDA, la teneur en certains constituants s'est révélée statistiquement différente. L'ensemble des données sur la composition des SAA indique que la teneur en humidité, en protéines, en acides aminés, en vitamine C, en acide pantothénique, en vitamine B1, en vitamine B6, en potassium, en magnésium et en sélénium se trouvait dans les plages établies pour les témoins (d'élevage et de contrôle), au saumon de l'Atlantique selon le FCEN (sauvage et/ou d'élevage), d'autres bases de données et/ou celles portant sur le saumon quinnat. La teneur en niacine des SAA ne se trouvait pas dans les plages établies pour les comparateurs indiqués ci-dessus. Cependant, l'augmentation éventuelle de la consommation de niacine découlant de l'apport en SAA ne constitue pas une préoccupation sur le plan nutritionnel. Selon l'IOM (2004), aucun effet indésirable n'est imputé à la consommation excessive de niacine d'origine naturelle dans les aliments.

La teneur en lipides totaux signalée dans les SAA se situe dans les plages dont d'autres bases de données font état, y compris le FCEN et celle du NIFES au sujet du saumon de l'Atlantique d'élevage et dans les autres plages dont la documentation fait état (p. ex., Friesen, E. N. et coll, 2015).Au sujet des acides gras, y compris les acides gras oméga-3 importants sur le plan nutritionnel, présents dans le saumon (les acides docosahéxanoïques et eïcopentaénoïques), les teneurs établies dans les SAA se trouvaient dans les plages indiquées dans les bases de données mentionnées ci-dessus et se sont révélées proportionnelles à la teneur en lipides totaux.Cette constatation est aussi cohérente avec les observations portant sur les protéines puisque les teneurs plus faibles en acides aminés étaient proportionnelles à la teneur plus faible en protéines. Ces observations donnent à penser que les modifications aux profils des lipides et des protéines n'étaient pas suffisamment substantielles pour susciter une préoccupation quelconque sur le plan nutritionnel.

Les commentaires de Santé Canada au sujet des sous-ensembles de données sur la composition des saumons femelles triploïdes et diploïdes sont cohérents avec les commentaires au sujet de l'ensemble des données sur la composition. Pour la majorité des nutriments, leurs teneurs dans les SAA triploïdes et diploïdes se situent dans les plages établies pour les témoins (d'élevage et de contrôle), le saumon de l'Atlantique selon le FCEN (sauvage et/ou d'élevage), d'autres bases de données et/ou celles établies à l'égard du saumon quinnat. Dans les SAA diploïdes, la teneur en niacine est demeurée plus élevée que celle observée dans les plages comparées, mais elle ne suscite aucune préoccupation nutritionnelle. Comme observé dans la première analyse, aucun changement substantiel dans les profiles des lipides et des protéines ne suscite de préoccupation sur le plan nutritionnel.

En se fondant sur l'examen de l'information ci-dessus, l'utilisation du SAA comme aliment au Canada ne suscite aucune préoccupation en matière d'innocuité nutritionnelle.

7. Toxicologie

Santé Canada a évalué les renseignements fournis par le requérant au sujet de la toxicité éventuelle du SAA et de la protéine nouvelle de l'hormone de croissance 1 (GH-1) du saumon quinnat produite par le SAA. Le processus de production donne lieu à des SAA triploïdes et diploïdes. Les poissons triploïdes constituent ≥ 99 % de tous les poissons GM produits au moyen de cette méthode, comme déterminé au moyen du tri cellulaire par cytofluorométrie (FACS). Tant l'innocuité du poisson triploïde que celle du poisson diploïde ont été évaluées, puisque les deux pourraient être consommés par le public.

Le SAA produit la GH-1 transgénique issue du saumon quinnat. Le saumon quinnat est issu de l'élevage commercial ou pêché comme poisson à nageoires et vendu au supermarché. La consommation de saumon quinnat (y compris de la GH1 du saumon quinnat) n'est mise en cause à l'égard d'aucune toxicité. A ce titre, il peut être considéré comme ayant un d'antécédent d'innocuité comme aliment.

Le degré d'expression de la protéine GH totale dans le tissu musculaire et cutané des SAA triploïdes et diploïdes de taille commerciale, de saumons de fratries non transgéniques témoins et de poissons d'élevage témoins s'est révélé sous les limites de dosage (LD = 10,40 ng GH-1/g de tissus musculaires et cutanés comme déterminé au moyen du dosage radio-immunologique. Alors qu'il n'a pas été possible d'établir une distinction entre les teneurs totales en GH dans le saumon transgénique par rapport à celles dans le saumon non transgénique, il est permis de conclure que les consommateurs de SAA triploïdes et diploïdes transgéniques ou de saumons non transgéniques seraient exposés à des teneurs semblables de GH de poisson.

La documentation scientifique démontre avec constance que les hormones de croissance de source alimentaire provenant de diverses espèces animales ne sont que très faiblement biodisponibles chez les mammifères et les humains (c.-à-d., que la GH ingérée serait vraisemblablement digérée plutôt qu'absorbée en tant que peptide intact dans le tractus gastro-intestinal). De plus, on s'attend à ce que peu importe la quantité de GH-1 du saumon quinnat absorbée, celle-ci ne parviendrait pas à déclencher une réaction somatotropique chez les consommateurs en raison de la spécificité du récepteur de la GH chez l'humain.

Considéré dans l'ensemble, il n'est pas possible d'établir une distinction entre l'exposition à la GH-1 totale issue des SAA triploïdes et diploïdes et celle issue des saumons non transgéniques. Comme la GH-1 du saumon quinnat non transgénique, la GH-1 du saumon quinnat transgénique serait dégradée par la digestion et n'activerait pas les récepteurs de la GH chez l'humain en étant consommée avec le SAA.

Il a été démontré au moyen du dosage radio-immunologique que les degrés d'expression des hormones régulatrices endogènes liées au métabolisme (la triiodothyronine [T3], la thyroxine [T4]) et à la maturation sexuelle (estradiol, testostérone, 11-kétotestostérone) dans les tissus musculaires et cutanés ne diffèrent pas de manière significative entre les SAA triploïdes, les SAA diploïdes et les saumons non transgéniques de taille marchande.

Les degrés d'expression du facteur de croissance insulinoïde (IGF-1), l'hormone de croissance endogène, n'étaient pas détectables (limite de détection : 2,18 ng/g), ni quantifiables (limite de dosage : 3,27 ng/g) dans les tissus musculaires et cutanés des SAA triploïdes femelles, des saumons de contrôle et des saumons témoins d'élevage non transgéniques. Il est permis de conclure que les consommateurs de SAA transgéniques triploïdes et de saumons non transgéniques seraient exposés aux mêmes teneurs d'IGF-1.

Une différence de 4 % a été observée entre les valeurs moyennes d'IGF-1 dans les muscles et la peau des SAA diploïdes femelles à maturité et les saumons femelles diploïdes de contrôle témoins à maturité. Ce faible écart n'a pas été considéré comme significatif, sur le plan biologique ou statistique.

Chez un SAA femelle diploïde, une augmentation de l'IGF-1 a été observée par rapport à la teneur observée dans le saumon de contrôle témoin (c.-à-d., que la teneur la plus élevée en IGF-1 dont il a été fait état chez ce SAA femelle diploïde était ~ 50 % plus élevée que la plus élevée à avoir été observée chez les poissons femelles diploïdes de contrôle témoin). Cependant, cette augmentation n'a pas été considérée comme pertinente sur le plan toxicologique puisqu'une portion quotidienne de SAA contenant l'éventuelle la teneur la plus élevée en IGF-1 (observée chez les SAA diploïdes femelles) ne dépasserait pas les teneurs en IGF-1 d'une portion quotidienne de lait et n'aurait qu'un effet négligeable sur la santé chez la majeure partie de la sous-population la plus sensible (garçons adolescents). De plus, l'IGF-1 n'est que faiblement absorbé dans le système gastro-intestinal humain. Il n'est pas prévu qu'il ait un quelconque effet physiologique puisqu'il se trouverait séquestré dans les protéines de fixation de l'IGF s'il circulait dans l'organisme. Enfin, l'exposition à l'IGF-1 par les SAA diploïdes sera faible puisque les possibilités de consommer des SAA diploïdes s'élèvent à environ 2 portions de SAA sur 1 000. La probabilité d'une exposition chronique à des teneurs élevées en IGF-1 en consommant des SAA diploïdes a été considérée comme négligeable.

8. Allergénicité

Santé Canada a évalué les renseignements fourni par le requérant sur l'allergénicité éventuelle du saumon AquadvAntage (SAA) et de la protéine de l'hormone de croissance (GH-1) du saumon quinnat produite par le poisson SAA.

Le SAA produit la GH-1 transgénique provenant du saumon quinnat. Le saumon quinnat est issu de l'élevage commercial ou pêché comme poisson à nageoires et vendu au supermarché. La consommation régulière de GH-I issue des tissus cutanés et musculaires du saumon quinnat n'est associée à aucune allergénicité.

Le degré d'expression de la protéine GH totale dans le tissu musculaire et cutané des SAA triploïdes et diploïdes de taille marchande, de saumons de fratries non transgéniques témoins et de poissons d'élevage témoins s'est révélé sous les limites de dosage (LD = 10,40 ng GH-1/g de tissus musculaires et cutanés) comme déterminé au moyen du dosage radio-immunologique.Alors qu'il n'a pas été possible d'établir une distinction entre les teneurs totales en GH dans le saumon transgénique par rapport à celles dans le saumon non transgénique, il est permis de conclure que les consommateurs de SAA triploïdes et diploïdes transgéniques ou de saumons non transgéniques seraient exposés à des teneurs semblables de GH de poisson.

L'organisme source de la séquence GH-1, le saumon quinnat, est une source potentielle de protéines risquant de provoquer une réaction allergique chez les personnes allergiques aux poissons à nageoires.Une recherche in silico a permis de comparer les séquences d'acides aminés de la GH-1 du saumon quinnat aux séquences d'acides aminés d'allergènes connus ou putatifs.Les résultats de la recherche ont permis de déterminer que la protéine GH-1 du saumon quinnat ne partage pas, dans une mesure significative, de séquences avec des allergènes putatifs ou connus.

La documentation scientifique démontre avec constance que les hormones de croissance de source alimentaire provenant de diverses espèces animales ne sont que très faiblement biodisponibles chez les mammifères et les humains (c.-à-d., que la GH ingérée serait vraisemblablement digérée plutôt qu'absorbée en tant que peptide intact dans le tractus gastro-intestinal).Par conséquent, on ne s'attend pas à ce que la GH-1 du saumon quinnat pénètre dans la circulation sanguine et déclenche une réponse immunitaire.

Il n'est pas possible d'établir une distinction entre l'exposition à la GH-1 totale issue des SAA triploïdes et diploïdes et celle issue des saumons non transgéniques.La GH1 de saumon quinnat ne partage pas d'importantes homologies de séquences avec des allergènes connus ou putatif, et on ne s'attend pas à ce qu'elle survive à la digestion. Dans une perspective globale, on ne s'attend pas à ce que la GH-1 du saumon quinnat transgénique exerce un effet allergène lorsqu'elle est consommée avec du SAA triploïde et diploïde.

Le poisson, les mollusques et les crustacés, lesquels comprennent les poissons à nageoires comme le saumon, figurent sur la liste des allergènes prioritaires de Santé Canada.Un essai d'inhibition fondé sur la radio-allergo-immunocaptation a été réalisé dans le but de comparer les potentiels allergènes des extraits de protéines des tissus musculaires et cutanés des SAA triploïdes, des SAA diploïdes et des saumons témoins non transgéniques de taille commerciale. Les résultats de cette expérience révèlent que la teneur en allergènes des SAA triploïdes se situe dans la plage normale observée dans les saumons non transgéniques. Par conséquent, le SAA n'est pas considéré comme plus allergène que le saumon non transgénique actuellement offert aux consommateurs.

Les résultats de l'essai d'inhibition fondé sur la radio-allergo-immunocaptation ont révélé que la teneur en allergène des SAA diploïdes présentait une augmentation significative sur le plan statistique (1,5 fois) par rapport aux saumons témoins non transgéniques. Le requérant a présenté l'opinion de trois experts des allergènes (associés à l'Université du Nebraska à Lincoln et de l'École de médecine Johns-Hopkins). Les experts ont conclu que cette augmentation de la teneur en allergènes des SAA diploïdes n'est vraisemblablement pas pertinente sur le plan d'une réaction biologique/clinique. Ils se sont dits d'avis que l'augmentation en question n'excéderait pas la variation devant laquelle un consommateur peut se trouver lorsqu'il mange une petite ou une grosse portion d'un aliment. Santé Canada a examiné cette opinion et s'est dit d'accord avec ces conclusions.

Les SAA diploïdes ne sont pas considérés comme une préoccupation additionnelle en matière d'allergie chez les consommateurs canadiens, puisque l'exposition aux SAA diploïdes est très faible (0,23 % de tous les SAA peuvent être diploïdes) et l'augmentation de la teneur en allergène ne devrait pas être pertinente sur le plan biologique ni clinique pour les personnes allergiques aux poissons à nageoires. De plus, les personnes allergiques aux poissons à nageoires sont vraisemblablement allergiques au saumon de l'Atlantique et éviteraient de consommer tout saumon, y compris les produits préparés à partir de SAA.

9. Santé animale

Les données fournies démontrent que les SAA sont tout aussi sains que les saumons non transgéniques. Recueillies pendant plus de 11 ans, les données soumises étaient abondantes, mais rien qui s'y trouvait n'a donné d'indication d'une capacité de survie moindre chez les SAA, et ce, peu importe à quelle étape du cycle de vie ni d'une plus grande vulnérabilité aux infections microbiennes.

Dans la plupart des cas, les examens anatomo-pathologiques de poissons morbides ou morts ont décelé un processus pathogénique non infectieux ou une infection opportuniste (p. ex., des champignons, une maladie branchiale) non inhabituel dans des installations aquacoles. La néphrocalcinose du poisson (non infectieuse) a été observée tant chez les SAA que chez les poissons non transgéniques.

L'analyse des données soumises montre que les poissons génétiquement modifiés ainsi que les poissons non transgéniques ont des morphologies irrégulières légères à modérées. Ces types d'irrégularités observées se produisent chez le saumon atlantique issu de l'élevage. Bien que le nombre d'incidence de ces irrégularités soit plus élevé chez le poisson transgénique, l'évaluation de Santé Canada a conclu que ces poissons sont autant de chance d'atteindre le poids marchand et ne sont pas plus sensibles aux maladies.

Les SAA ne semblent pas moins résistants aux maladies infectieuses que les saumons non transgéniques. Par conséquent, les SAA ne devraient pas requérir plus de médicaments vétérinaires que les saumons traditionnels d'aquaculture. Sur le plan de l'innocuité alimentaire et des résidus de médicaments, les filets provenant des SAA seraient comparables à ceux issus des saumons traditionnels d'aquaculture.

Conclusion

Santé Canada a examiné l'information présentée par AquaBounty Canada inc. relative à l'utilisation alimentaire du SAA. De l'avis de Santé Canada, les filets provenant des SAA sont tout aussi sécuritaires et nutritifs que les filets provenant des saumons de l'Atlantique d'élevage actuellement offerts sur le marché.

L'opinion formulée par Santé Canada concerne uniquement l'utilisation alimentaire des SAA. Les questions relatives à leur utilisation dans l'alimentation animale ont été étudiées séparément conformément aux processus réglementaires mis en œuvre par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Sur la base de son évaluation, l'ACIA a conclu que le SAA ne suscite pas de préoccupation sur le plan de l'innocuité de l'alimentation destinée aux animaux.

La Loi canadienne sur la protection de l'environnement, 1999 (LCPE 1999), administrée par Environnement Canada (EC) et Santé Canada (SC), constitue le principal pouvoir du gouvernement du Canada pour s'assurer que toutes les substances nouvelles fabriquées, y compris les organismes, sont évaluées en fonction des risques possibles qu'elles comportent pour l'environnement et la santé humaine. Le Règlement sur les renseignements concernant les substances nouvelles (organismes) [RRSN (organismes)] en vertu de la LCPE (1999) établit les renseignements à fournir à EC avant d'entreprendre l'importation ou la fabrication au Canada des nouveaux organismes constituant des substances biotechnologiques animées, y compris les produits du poisson issus de la biotechnologie.

Pêches et Océans Canada (MPO), EC et SC ont signé un protocole d'entente sur la mise en œuvre du RRSN (organismes) visant les poissons. Le MPO contribue à la mise en application de ce règlement en effectuant une évaluation des risques pour l'environnement et des risques indirects pour la santé humaine posés par les produits du poisson issus de la biotechnologie et en formulant des recommandations concernant les mesures nécessaires pour gérer les risques. L'évaluation des risques menée par le MPO a été jugée par les pairs, soit par un groupe d'experts indépendants, et ce, sous les auspices du Secrétariat canadien de consultation scientifique.

Le MPO a terminé son évaluation des risques pour l'environnement et a déterminé que les SAA ne sont pas « toxiques au sens de la LCPE »; en d'autres mots, la production de ces poissons en milieu confiné n'a suscité aucune préoccupation pour l'environnement ni de façon indirecte pour la santé humaine. Cette décision permet à AquaBounty Canada de produire des œufs embryonnés stériles dans des installations d'utilisation confinée. Tout autre élevage de ces poissons dans des conditions autres que les conditions de production confinée nécessiterait un autre avis et est actuellement interdit en vertu du RRSN (organismes).

Le présent document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis sur les produits visés de la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'analyse détaillée des renseignements fournis par le requérant, conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

(Also available in English.)

Pour obtenir plus de renseignements, veuillez communiquer avec :

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, IA 2204A1
251, promenade Sir Frederick Banting
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
novelfoods-alimentsnouveaux@hc-sc.gc.ca

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