ARCHIVÉE - Souche de levure Saccharomyces cerevisiae ECMo01

Santé Canada a informé First Venture Technologies Corporation que le Ministère ne s'objecte pas à la vente de la levure de vin ECMo01 utilisée dans la production des boissons alcoolisées fermentées au Canada. Le Ministère a effectué une évaluation détaillée de cette levure de vin, conformément à ses Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices se fondent sur des principes reconnus à l'échelle internationale en vue de déterminer l'innocuité des aliments nouveaux et elles reflètent les documents internationaux d'orientation dans ce domaine (p. ex. la Directive du Codex Alimentarius régissant la conduite de l'évaluation de la sécurité sanitaire des aliments dérivés de micro-organismes à ADN recombiné). L'évaluation de l'innocuité menée par les spécialistes de la Direction des aliments a été effectuée en tenant compte des éléments suivants : le mode de mise au point de la levure, son mode de fabrication, ainsi que la possibilité de la présence de contaminants toxiques, antinutritionnels, allergisants, chimiques et microbiologiques dans les boissons alcoolisées fermentées produites à l'aide de cette levure.

CONTEXTE :

Le texte qui suit résume l'avis que First Venture Technologies a fourni à Santé Canada, ainsi que l'évaluation de Santé Canada, et il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

1. Introduction

First Venture Technologies Corporation a mis au point une levure de vin qui produit des boissons alcoolisées fermentées à concentrations réduites de carbamate d'éthyle, un présumé agent carcinogène pour les humains. Également connu sous le nom d'éthyluréthane, le carbamate d'éthyle est couramment présent en quantités infimes dans les boissons alcoolisées fermentées comme le vin; le carbamate d'éthyle est produit à partir de la réaction chimique de l'éthanol et de l'urée, deux produis sécrétés de la levure dans le vin/milieu de fermentation environnant.

La levure a été modifiée à l'aide de techniques de l'ADN recombiné dans le but d'introduire et d'exprimer des niveaux élevés d'une copie du gène déjà présent dans les souches de levure conventionnelles. Cette souche de levure ne contient aucun matériel génétique d'un autre organisme. L'évaluation de l'innocuité menée par les spécialistes de la Direction des aliments a été effectuée conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux (Santé canada), en tenant compte des éléments suivants : le mode de mise au point de cette levure, son mode de fabrication, ainsi que la possibilité de la présence de contaminants toxiques, antinutritionnels, allergisants, chimiques et microbiologiques dans les boissons alcoolisées fermentées produites à l'aide de cette levure.

La Direction des aliments assume, aux termes de la loi, la responsabilité des évaluations pré-commercialisation des aliments nouveaux et des ingrédients d'aliments nouveaux tels que décrits dans le titre 28 de la partie B du Règlement sur les aliments et drogues (aliments nouveaux). Les aliments dérivés de la souche de levure ECMo01 sont considérés comme des aliments nouveaux, selon la partie suivante de la définition d'aliments nouveaux :

« c) un aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas :

  1. le végétal, l'animal ou le micro-organisme présente des caractéristiques qui n'avaient pas été observées auparavant ».

2. Mise au point du micro-organisme modifié

La levure a été mise au point à l'aide d'une transformation par électroporation pour introduire des séquences d'ADN recombiné dans une souche conventionnelle de levure de vin. La séquence introduite comprend le gène DUR1,2, contrôlé par les séquences du promoteur et du terminateur du gène PGK1 pour exprimer des niveaux élevés. La cassette d'expression en question était à proximité des régions flanquantes 5' et 3' du gène URA3 pour permettre l'insertion ciblée du génome par recombinaison homologue. Connues collectivement comme la cassette d'intégration, les séquences susmentionnées ont été isolées à titre de fragment d'ADN 9191 bp avant la transformation à la souche hôte.

3. Caractérisation du microorganisme modifié

L'ADN génomique de la levure modifiée a été analysé par transfert de Southern à l'aide de sondes spécifiques pour démontrer l'insertion ciblée d'une seule copie de la cassette d'intégration pour un seul locus URA3 du génome de la levure. L'analyse séquentielle a confirmé l'intégrité de la cassette et l'absence de tout réarrangement des éléments respectifs.

L'héritabilité et la stabilité de la cassette d'intégration dans la souche de levure modifiée ont été vérifiées par suite de la mise en culture de 100 générations à l'aide de la méthode de dépistage PCR. De plus, la stabilité de la cassette d'intégration a été démontrée par suite des essais de vinification à l'échelle commerciale.

4. Information sur le produit

La souche de levure ECMo01 se distingue de ses homologues conventionnels en raison de l'insertion d'une copie supplémentaire du gène DUR1,2 contrôlé par les séquences régulatrices pour exprimer des niveaux élevés. Ce gène encode l'enzyme urea amidolyase, un enzyme bifonctionnel qui convertit l'urée en ammoniac et en dioxyde de carbone. L'augmentation de l'expression de cet enzyme réduit indirectement la production de carbamate d'éthyle en diminuant les concentrations de substrats d'urée disponibles pour réagir avec l'éthanol dans le vin. Contrairement à l'urée, l'ammoniac est rapidement consommé par la levure à titre de source d'azote de choix et il n'est pas sécrété dans le vin.

5. Exposition alimentaire

La levure n'exprime aucune nouvelle protéine. Le gène DUR1,2 qui encode l'enzyme urea amidolyase est le seul transcrit régulé à la hausse. Cette protéine est endogène au protéome de la levure qui renferme des toxines ou des allergènes. Compte tenu des étapes de dégradation et de clarification qui précèdent l'embouteillage des boissons alcoolisées fermentées produites sur le marché, toute augmentation de la concentration de l'enzyme urea amidolyase ne produira sans doute aucune différence appréciable d'exposition par consommation du produit embouteillé final aux protéines de la levure.

6. Nutrition

Le vin n'est pas consommé pour sa valeur nutritionnelle. Par conséquent, l'évaluation de la proposition ne démontre aucune préoccupation d'ordre nutritionnel.

7. Chimie/toxicologie

Le Canada a établi les lignes directrices suivantes sur la concentration maximale de carbamate d'éthyle dans les vins : 30 ppb pour le vin de table, 100 ppb pour le vin enrichi, 150 ppb pour les spiritueux distillés, 400 ppb pour le brandy et les liqueurs à base de fruits et 200 ppb pour le saké. Les résultats de l'analyse des vins fermentés à l'aide de cette levure démontrent une réduction de 89 % de la concentration de carbamate d'éthyle, comparativement à celle de la souche hôte. Ce résultat découle de l'efficacité accrue de la dégradation de l'urée, un substrat dans la formation du carbamate d'éthyle dans le vin. L'ammoniac excédentaire généré par la décomposition catabolique de l'urée devrait être rapidement consommé par la levure à titre de source de choix, et non sécrété dans le vin/le milieu de fermentation.

À ce que l'on sache, le micro-organisme S. cerevisieae ne produit aucune substance toxique ou allergène chez les humains. La modification génétique n'a introduit aucun nouvel ADN ou transgène de tout autre organisme. La levure modifiée démontre les mêmes taux de croissance, de fermentation et de production d'éthanol et de CO2 que ceux de la souche hôte. De plus, le processus de clarification devrait faire en sorte que les niveaux d'exposition humaine à la levure et aux protéines de la levure devraient être minimaux dans les boissons alcoolisées fermentées embouteillées. Par conséquent, la proposition ne présente aucune préoccupation en ce qui concerne les contaminants toxicologiques ou chimiques ou les additifs alimentaires.

8. Microbiologie

La levure sera produite selon le même procédé que la levure de vin conventionnelle, conformément aux pratiques modernes normales de fabrication. Les spécifications microbiologiques présentées dans la proposition pour un seul lot pilote de production de levure sèche à action instantanée n'ont révélé aucune préoccupation d'ordre microbiologique. Les boissons alcoolisées fermentées produites à l'aide de cette levure seront assujetties aux mêmes normes de contaminants microbiens que celles des boissons conventionnelles.

CONCLUSION :

L'évaluation d'innocuité effectuée par les agents d'évaluation scientifique de la Direction des aliments confirme l'absence de toute préoccupation d'innocuité associée à l'utilisation de la levure ECMo01 dans la production des boissons alcoolisées fermentées. Santé Canada ne s'objecte pas à l'utilisation alimentaire de la levure en question dans la production des boissons alcoolisées fermentées. L'entrée dans le marché de cette levure et des boissons alcoolisées fermentées dérivées de cette levure devrait être permise et visée par les mêmes normes post-commercialisation applicables pour tous les aliments vendus au Canada.


Le présent document portant sur les aliments nouveaux constitue le résumé d'un avis scientifique sur le produit en question réalisé par la Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada. Les conclusions de l'avis scientifique s'appuient sur l'évaluation exhaustive des données présentées par le requérant aux termes des Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

(Also available in English)

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, Indice postal 2204A1
251 Frederick Banting Driveway
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
Tél. : 613-941-5535
Téléc. : 613-952-6400

Détails de la page

Date de modification :