Variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre de marque Simplot InnateMD

Santé Canada a notifié à la compagnie J.R. Simplot qu'il ne s'oppose pas à l'utilisation des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre (de marque commerciale Simplot InnateMD) comme des aliments. Le Ministère a réalisé une évaluation approfondie de ces variétés de pommes de terre conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont fondées sur les principes admis internationalement pour l'établissement de l'innocuité des aliments comportant des caractères nouveaux.

Contexte :

Le texte qui suit résume l'avis remis par la compagnie J.R. Simplot et son évaluation par Santé Canada. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

1. Introduction

La compagnie J.R. Simplot a développé quatre variétés de pommes de terre génétiquement modifiées (c.-à-d., une variété Russet Burbank, une variété Ranger Russet et deux variétés Atlantic) en utilisant la technique de l'ADN recombinant. La teneur en asparagine libre et en sucres réducteurs (c.-à-d., en glucose et en fructose) des tubercules de ces variétés de pommes de terre est inférieure à celle de ces variétés non modifiées génétiquement. La seule réduction de la teneur en asparagine diminue significativement la formation d'acrylamide dans ces tubercules de pomme de terre lorsqu'ils sont soumis à diverses formes de traitements thermiques (p. ex., cuisson au four, friture, etc.). Toutefois, les teneurs plus faibles en sucres réducteurs diminuent encore davantage la formation d'acrylamide et limitent le brunissement provoqué par la chaleur. L'expression de l'enzyme polyphénol oxydase 5 (Ppo5) est aussi réduite dans ces variétés de pommes de terre, avec pour conséquence, la diminution de l'apparition des taches noires causées par des meurtrissures sur les tubercules.

Ces caractères nouveaux ont été obtenus au moyen de la transcription de deux séquences répétées et inversées contenant de petits fragments d'ADN issus de quatre gènes endogènes différents (c.-à-d., Asn1, Ppo5, PhL et R1) avec pour résultat, la réduction du niveau de l'ARN messager (ARNm) transcrits (et subséquemment des protéines exprimées) de ces mêmes gènes au moyen de la voie d'interférence des ARN (ARNi).

L'évaluation de l'innocuité des variétés de pommes de terre proposées a été réalisée par les evaluators scientifiques de la Direction des aliments conformément aux Lignes directrices de Santé Canada sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont basées sur les démarches d'harmonisation avec les directives établies par d'autres autorités réglementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (ex., Codex Alimentarius). L'évaluation a pris en compte les éléments suivants : la façon dont ces variétés de pommes de terre ont été mises au point, la manière dont leur composition et leur qualité nutritionnelle se comparent à celles des variétés de pommes de terre non modifiées et les probabilités que ces variétés de pommes de terre soient toxiques ou provoquent des réactions allergiques. La compagnie J.R. Simplot a présenté des données qui démontrent que les variétés  de pommes de terre (Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55) à commercialiser sous la marque Simplot InnateMD sont sans danger pour la population et que leur valeur nutritive est semblable à celle des  variétés de pommes de terre habituellement consommées au Canada.

En vertu du titre 28 du Règlement sur les aliments et drogues, la direction des aliments est responsable de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux. Les variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre (à commercialiser sous la marque Simplot InnateMD) sont en vertu de l'article B.28.001(c)(i) du Règlement sur les aliments et drogues considérés comme des aliments nouveaux (« c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas : (i) présente des caractères qui n'avaient pas été observés auparavant [...]. »).

2. Mise au point des plantes modifiées

Le requérant a présenté une description des méthodes utilisées  pour la mise au point des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre ainsi que les données de biologie moléculaire caractérisant la modification génétique à l'origine de la réduction de l'expression de l'enzyme polyphénol oxydase 5 (Ppo5),  de la teneur en asparagine libre et en sucres réducteurs (glucose et fructose) des tubercules. Ce phénotype a été obtenu à partir  de la transformation des variétés traditionnelles de pommes de terre (Russet Burbank pour la variété Gen1-E12, Ranger Russet pour la variété Gen1-F10 et Atlantique pour les variétés Gen1-J3 et Gen1-J55) avec une cassette d'expression transgénique (ADN-T) contenant deux séquences répétées inversées des fragments particuliers d'ADN de quatre gènes endogènes (c.-à-d., Asn1, Ppo5, PhL et R1). Ces gènes cibles ont été choisis en raison de leur  fonction biochimique qu'ils jouent dans la production d'asparagine, dans l'accumulation des sucres réducteurs ou dans l'apparition des taches noires causées par des meurtrissures. L'insert d'ADN-T dans chaque variété de pommes de terre de  marque Simplot InnateMD contient deux promoteurs natifs (c.-à-d., pAgp et pGbss) à l'origine de la transcription des deux séquences répétées et inversées, principalement observés dans le tissu des tubercules. L'expression de ces séquences répétées et inversées entraîne la réduction de la teneur en ARNm (et subséquemment de celle en protéines exprimées) de ces mêmes gènes qui se fait au moyen de la voie d'interférence ARNi.

Le gène Asn1 code pour une enzyme, la synthétase d'asparagine 1 (Asn1), laquelle catalyse la conversion de la glutamine en asparagine en transférant chaîne latérale amine (NH2) de la glutamine à l'aspartate pour former l'asparagine. L'asparagine, un  substrat de la réaction de Maillard convertit les acides aminés et les sucres réducteurs en acrylamide pendant les traitements à haute température. La réduction des teneurs en Asn1 et en asparagine dans les tubercules de pommes de terre réduit le potentiel de formation d'acrylamide dans les produits alimentaires à base de pommes de terre cuites.

Le gène Ppo5 code pour une enzyme, le polyphénol oxydase 5 (Ppo5) qui catalyse la conversion des o-diphénols en o-quinones. Les molécules réactives d'o-quinone s'auto polymérisent pour former des mélanines qui sont à l'origine de la coloration des tissus végétaux oxydés. Une perte de l'activité de la Ppo5 limite la coloration des tissus oxydés (réduisant ainsi les taches noires causées par les meurtrissures).

Le gène PhL code pour l'α-glucane phosphorylase, une phosphorylase-L (PhL) qui dégrade l'amidon par la voie de libération phosphorolytique du glucose -1-phosphate de la  chaîne de glucane. Une perte de l'activité de la PhL limite l'accumulation de sucres réducteurs (ce qui contribue encore davantage à réduire le potentiel de formation d'acrylamide).

Le gène R1 code pour une protéine R1 apparentée à l'amidon (α-glucane-eau dikinase) qui catalyse le transfert des γ et β-phosphates de l'adénosine triphosphate (ATP) (par une histidine phosphate) en α-glucane et en eau produisant ainsi un amidon phosphorylé. La protéine R1 est principalement responsable de la phosphorylation en position C6. La phosphorylation influe sur le degré d'entassement des cristaux dans la granule d'amidon et la rend plus vulnérable à la dégradation. Ainsi, la perte de l'activité de la protéine R1 réduit la dégradation de l'amidon, ce qui diminue l'accumulation des sucres réducteurs (renforçant encore davantage la limitation de la formation de l'acrylamide).

En raison de la nature des séquences répétées et inversées, leurs transcrits forment des molécules d'ARN double brin (ARNdb) au moyen d'une fixation complémentaire. Les molécules d'ARNdb agissent comme les précurseurs de la voie d'auto régulation transcriptionnelle de la plante. Une ribonucléase III (c.-à-d., Dicer) reconnaît et transforme ces précurseurs des molécules d'ARNdb en de petits duplex de 21 pb comportant deux brins individuels (désignés à titre de « guide » et de « passager ») que l'on appelle petit ARN interférent (pARNi). Les duplex de pARNi sont ensuite fixés par le complexe de blocage de l'expression génique par des ADN (RISC), lequel dégrade sélectivement le brin « passager » de chaque duplex. Le brin « guide » (toujours fixé au complexe) sert à activer le RISC et le transforme en complexe de blocage. Chez les végétaux, le RISC activé se fixe à tout ARNm possédant une séquence complémentaire complète du brin « guide » fixé et détruit l'ARNm fixé par clivage enzymatique. Le clivage de l'ARNm cible peut entraîner la réduction de l'expression de la protéine associée (bien que la réduction de l'expression puisse varier pour chaque  pARNi).

La cassette d'expression d'ADN-T contient les éléments génétiques suivants : le promoteur d'un gène d'ADP-glucose pyrophosphorylase (pAgp) (1re copie), l'un des deux promoteurs convergeant est à l'origine  de l'expression d'une séquence répétée inversée contenant des fragments des gènes Asn1 et Ppo5 issus de la pomme de terre (Solanum tuberosum var Ranger Russet); de la séquence répétée inversée contenant des fragments des gènes Asn1 et Ppo5, du promoteur du gène codant pour la synthase liée aux granules (Gbss) (1re copie). Le second des deux promoteurs convergents est la source de l'expression de la séquence répétée inversée contenant les fragments des gènes Asn1 et Ppo5 issus de S. tuberosum var. Ranger Russet; du  promoteur d'un gène d'ADP-glucose pyrophosphorylase (pAgp) (2e copie).Un des deux promoteurs convergeant est à la source de l'expression d'une séquence répétée inversée contenant des fragments des gènes PhL et R1 issus de Solanum tuberosum var. Ranger Russet; la séquence répétée inversée contenant des fragments des gènes PhL et R1 et le promoteur du gène codant pour la synthase liée aux granules (Gbss) (dans l'orientation inverse) (2e copie). Le  second des deux promoteurs convergeants à la source de l'expression de la séquence répétée inversée contenant les fragments des gènes PhL et R1 issus de S. tuberosum var. Ranger Russet.

Les variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre ont été mises au point au moyen d'une transformation par Agrobacterium d'une pomme de terre âgée de 4 semainesdont lessegments d'entre-nœud mesurent 4 à 6 mm en recourant au vecteur plasmidique de transformation pSIM1278 (contenant la cassette d'expression d'ADN-T).

3. Caractérisation des plantes modifiées

L'analyse par transfert de Southern et le séquençage de l'ADN des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 des pommes de terre ont démontré la présence de la cassette d'expression comprise dans l'ADN-T dans chaque variété transformée.

L'analyse par transfert de Southern a confirmé que le génome respectif  des variétés Gen1-E12 (Russet Burbank) et Gen1-F10 (Ranger Russet) contient une seule copie de la cassette d'expression comprise dans l'ADN-T (de la séquence limite gauche à la séquence limite droite).

En ce qui concerne la variété Gen1-J3, l'analyse par transfert de Southern couplée à celle de la séquence directe a révélé un réarrangement complexe de la cassette d'expression comprise dans l'ADN-T, laquelle est décrite comme comportant trois sections (c.-à-d., de gauche, du centre et de droite) et insérée à un seul locus dans le génome hôte. La section gauche de l'insert consiste en une séquence répétée et inversée contenant des fragments des gènes Asn1 et Ppo5 dans l'orientation inverse et comprend le pAgp tronqué orienté vers la région flanquante du génome. La section centrale de l'insert représente une copie complète de la cassette d'expression comprise dans l'ADN-T, sauf que la séquence  ADN -T située à la bordure gauche, adjacente  au pAgp, est  supprimée.

La section droite consiste en une partielle séquence répétée et inversée contenant des fragments des gènes PhL et R1 au site de jonction adjacent à la forme longue du pGbss. Dans l'ensemble, le seul site d'insertion dans le génome de la variété Gen1-J3 contient une seule copie complète de la cassette d'expression comprise dans l'ADN-T, une séquence répétée et inversée additionnelle contenant des fragments des gènes Asn1 et Ppo5 et une partielle séquence répétée et inversée,  contenant des fragments des gènes PhL et R1. Le requérant a abordé la question de la possibilité que ces séquences partielles dans les sections gauche et droite de l'insert donnent lieu à l'expression d'une protéine nouvelle (p. ex., par la polymérase par translecture dans la séquence génomique flanquante). Bien qu'un élément du pAgp se trouve dans l'orientation inversée de la section gauche de l'insert, il s'agit d'une petite version non fonctionnelle du pAgp, laquelle n'entraînerait pas la transcription. De la même façon, il existe un autre élément du pGbss dans la section droite de l'insert. Cependant, l'analyse des cadres de lecture ouverts (ORF) a permis de démontrer qu'aucun ORF ne se trouve à la séquence de jonction entre l'insert d'ADN et l'ADN génomique flanquant. Ainsi, il est hautement improbable que toute expression fortuite d'un produit découle de ces séquences partielles qui se trouvent dans les sections gauche et droite de l'insert de la variété Gen1-J3.

En ce qui concerne la variété Gen1-J55, l'analyse par transfert de Southern couplée à celle de la séquence directe a révélé un autre réarrangement de la cassette d'expression comprise dans l'ADN-T, laquelle est insérée à un seul locus dans le génome hôte. L'insert contient une seule copie de la cassette d'expression comprise dans l'ADN-T, couplée à une copie tronquée de la cassette dans l'orientation inverse à laquelle manque la séquence répétée et inversée contenant des fragments des gènes PhL et R1 (c.-à-d. que la séquence partielle de la 2e copie du pAgp rejoint la séquence limite droite de l'ADN-T). Le seul produit exprimé qui pourrait être issu de la copie tronquée de la cassette serait une autre copie de la molécule d'ARNdb ciblant les gènes Asn1 et Ppo5 en raison de la nature convergente des promoteurs intacts pAgp et pGbss.

Pour chacune des variétés transformées, l'analyse par transfert de Southern a confirmé l'absence de la séquence du squelette plasmidique pSIM1278 dans chaque génome hôte.

La pomme de terre est une culture à multiplication végétative et sa reproduction se produit sans méiose. Par conséquent, sur le plan génétique, les inserts d'ADN-T dans les variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre devraient se révéler stables. Quoi qu'il en soit, la stabilité de chaque insert d'ADN-T a été confirmée dans quatre générations de chaque variété au moyen de l'analyse par transfert de Southern.

4. Information sur les produits

Les variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 des pommes de terre diffèrent des pommes de terre traditionnelles par la présence  de deux séquences répétées et inversées contenant des fragments de séquences de quatre gènes endogènes (c.-à-d., Asn1, Ppo5, PhL et R1) et des promoteurs convergents (c.-à-d., pAgp et pGbss). L'expression de ces séquences répétées inversées entraîne la réduction de la teneur en ARNm (et subséquemment en protéines exprimées) de ces mêmes gènes au moyen d'une voie d'interférence ARN (ARNi) de la plante hôte. La réduction de l'expression protéique de l'Asn1, de la Ppo5, de la PhL et de la R1 (pour les fonctions individuelles, voir la section 2 : Mise au point des plantes modifiées) réduit les teneurs en asparagine et en sucres réducteurs (c.-à-d., en glucose et en fructose) des tubercules, de même qu'en l'enzyme Ppo5. À elle seule, la réduction de l'asparagine diminue significativement la formation d'acrylamide dans les tubercules lorsqu'ils sont soumis à diverses formes de traitements thermiques (p. ex., cuisson au four, friture, etc.). Toutefois, les teneurs plus faibles en sucres réducteurs diminuent encore davantage la formation d'acrylamide et limitent le brunissement provoqué par la chaleur. La réduction de l'enzyme Ppo5 diminue l'apparition des taches noires de meurtrissures sur les tubercules.

L'organisme hôte, la pomme de terre (Solanum tuberosum) est produite dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada et fait partie intégrante de l'approvisionnement alimentaire mondial. Plusieurs variétés de ces espèces sont consommées depuis de  longue date en tant qu'aliment. Les variétés de pommes de terre de la marque de Simplot InnateMD contiennent des séquences d'ADN génomique de la pomme de terre traditionnelle et d'une espèce de pomme de terre sauvage (Solanum verrucosum). Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), S. verrucosum est une source acceptable de matériel génétique pour l'amélioration des variétés de pommes de terre, et a un antécédent  d'utilisation comme aliment. Par conséquent, le recours au matériel génétique de ces deux sources ne devrait pas susciter de préoccupations en matière d'innocuité et de sécurité pour les consommateurs.

L'ADN-T qui se trouve dans les variétés de pommes de terre à commercialiser sous la marque de Simplot InnateMD n'entraîne pas l'expression d'une ou de plusieurs protéines nouvelles, mais plutôt la formation de molécules d'ARNdb qui sont ultérieurement transformés par l'enzyme endogène Dicer en de petits ARNi qui seront activés par  la voie de l'ARNi, avec comme résultats,  la réduction du niveau  des ARNm transcrits  par  quatre protéines endogènes (c.-à-d, Asn1, Ppo5, PhL et R1). Ainsi, les teneurs en ARNm (plutôt que les concentrations en protéines) ont été évaluées dans le but d'établir le lien entre les nouveaux caractères phénotypiques des variétés de pommes de terre InnateMD et des modifications sur le plan moléculaire. L'ARN a isolé de divers tissus de chaque variété pommes de terre InnateMD et des autres variétés de pommes traditionnelles non modifiées  a fait l'objet d'analyses par transfert de Northern.

Les résultats de ces analyses ont démontré que les teneurs en transcrits d'ARNm des quatre protéines cibles se trouvaient en majeure partie réduites dans les variétés Gen1-F10, Gen1-E12, Gen1-J3 et Gen1-J55. Des teneurs réduites en transcrits des gènes Asn1 et Ppo5 ont été observées dans le tissu des tubercules des quatre variétés. Un lien est établi entre de telles teneurs réduites et la diminution de la concentration en asparagine dans ces tissus (réduisant par ricochet  le potentiel de formation d'acrylamide) et la résistance aux taches noires de meurtrissure.

Une réduction des teneurs en transcrits du gène PhL était attendue dans le tissu des tubercules de toutes les variétés, et une telle réduction partielle a été observée dans toutes ces dernières, sauf dans la variété Gen1-F10. Comme mentionné ci-dessus, des concentrations moindres en protéines PhL réduisent normalement la teneur en glucose et en fructose. Les transcrits du gène R1 se sont trouvés partiellement réduits dans les tubercules de toutes les variétés, ce qui restreint la dégradation de l'amidon en sucres. Comme souligné par le requérant, l'absence de réduction des transcrits du gène PhL dans les tissus de la variété Gen1-F10, tout comme la faible réduction des transcrits du gène R1 dans toutes les variétés, révèle que le « blocage » des gènes PhL et R1 n'a pas atteint l'ampleur attendue, bien que les phénotypes recherchés aient été observés dans toutes les variétés.

5. Exposition alimentaire

Le requérant s'attend à ce que les variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre de marque Simplot de InnateMD soient utilisées aux mêmes fins que les variétés de pommes de terre traditionnelles. Avec le lancement de ces variétés transformées, il ne prévoit pas de modification importante de la façon dont les pommes de terre seront utilisées dans l'alimentation.

6. Nutrition

Les variétés de pommes de terre de marque Simplot de InnateMD (c.-à-d., Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55) ont été cultivées  dans un environnement confinés selon un plan aléatoire en blocs complets comprenant 3, 4 ou 5 répétitions par lignée pendant 3 ans. Celles-ci étaient accompagnées de lignées parentales et d'autres variétés de pommes de terre cultivées comme témoins. L'objectif consistait à déterminer les différences pertinentes au niveau biologiques et dans les composés nutritionnels et antinutritionnels qui pourraient augmenter les risques pour les humains et les animaux qui s'en nourriraient ou d'autres organismes non visés.

Aux fins des analyses statistiques, toutes les caractéristiques de la Russet Burbank, de la Ranger Russet ainsi que des variétés Atlantique ont été analysées en combinant les données obtenues au cours des diverses années et celles provenant de différents  lieux d'essai en recourant à un modèle linéaire à effets fixes.

L'évaluation de la composition des quatre variétés de pommes de terre présentée par le requérant portait sur les quantités de macromolécules (c.-à-d., l'humidité, les protéines, les lipides totaux, les constituants minéraux, les fibres brutes, les glucides; les calories; les vitamines B3, B6 et C; les minéraux [c.-à-d., le cuivre, le magnésium et le potassium]); de glycoalcaloïdes; d'acides aminés libres, des acides aminés totaux et des sucres réducteurs des tubercules récoltés et   des variétés cultivées dans des régions productrices de pommes de terre aux États-Unis.

Le requérant a fourni des résumés et des renseignements détaillés traitant de comparaisons entre la composition en éléments nutritifs de tubercules de pommes de terre transformées et celle des variétés témoins comme recommandé par le Consensus Document on Compositional Consideration for New Varieties of Potatoes (document de consensus sur les considérations relatives à la composition des nouvelles variétés de pommes de terre) publié en 2002 par l'OCDE. En plus de la teneur en protéines, le requérant a indiqué les concentrations en acides aminés libres et totaux en raison  de leur pertinence dans les variétés transformées. Le requérant a  aussi présenté les données sur  la teneur en vitamines B3 et B6 en plus des résultats d'analyse de la vitamine C recommandée par l'OCDE. Il a aussi présenté les données sur la teneur en cuivre et en magnésium, en plus du potassium dont l'analyse est préconisée. La soumission indiquait les valeurs cibles  figurant dans la publication scientifique ainsi que  les intervalles de tolérance expérimentaux du requérant. Les données provenant de plusieurs variétés de pommes de terre commerciales cultivées dans des conditions identiques à celles dont les variétés transformées et témoins ont été fournies. Cela a facilité  les analyses comparatives.

Les différences statistiquement significatives suivantes ont été observées : teneur accrue en vitamines B3 et C (variété Gen1-F10) et teneur moindre en vitamine B6 (variétés Gen1-J3 et Gen1-J55); acides aminés totaux : teneurs moindres en aspartate et en asparagine (variétés Gen1-F10 et Gen1-E12) et accrues en glutamate et en glutamine (variétés Gen1-F10 et Gen1-E12); acides aminés libres : teneur moindre en asparagine (variétés Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55) et accrue en glutamine (variété Gen1-F10); sucres réducteurs (un mois après la récolte) : teneur réduite en glucose (toutes les variétés) ainsi qu'en sucrose (variété Gen1-E12). Toutefois, les teneurs en analytes dans les variétés transformées se situaient à l'intérieur des teneurs cibles rencontrées dans les pommes de terre traditionnelles indiquées  dans, y compris dans le guide de l'OCDE (2002) qui traite  des nouvelles variétés de pommes de terre.

Les résultats des analyses des vitamines ont indiqué que les teneurs en vitamines B3, B6 et C des variétés transformées et des témoins se situaient toutes dans les intervalles de tolérance présentées par le requérant, ainsi que dans la plage relative figurant dans le document de l'OCDE et dans la littérature scientifique. Les résultats sur la composition en minéraux nutritifs se situaient aussi bien dans les intervalles de tolérance présentées par le requérant que dans la plage relative au potassium figurant dans le document de l'OCDE.

La réduction de la teneur en asparagine et  des sucres reducteurs  (glucose et en fructose sont les effets recherchés sur les teneurs en nutriments des pommes de terre de marque Simplot de InnateMD. L'objectif  ainsi visé  est la réduction de la formation d'acrylamide pendant la transformation à haute température (p. ex., la fabrication de frites et de croustilles). Les teneurs en ces analytes dans les variétés transformées se trouvent dans les plages de celles des pommes de terre traditionnelles. En raison de la similarité de leur teneur en acide amine et en sucres reducteurs avec les contrepartie disponible sur le marché, ils ne comportent pas davantage de risque. La réduction de phénols oxydés comprenant des pigments foncés précipités des taches noires de meurtrissure constitue un autre effet recherché. Selon l'analyse de la composition de ces variétés, cette modification ne semble pas influer négativement sur les teneurs en nutriments des analytes, puisque ces dernières se trouvent toutes dans les plages de celles observées dans les pommes de terre traditionnelles.

Les changements recherchés dans les analytes s'accompagnent de modifications prévisibles dans d'autres analytes. Une augmentation de glutamine découle directement de la réduction de l'expression du gène Asn1 qui code pour l'enzyme synthétase d'asparagine, laquelle convertit la glutamine en asparagine. Réduire l'expression du gène PhL qui code pour l'enzyme amidon-phosphorylase et du gène R1 qui code pour l'enzyme α-glucane-eau dikinase de phosphorylation réduit la dégradation de l'amidon en glucose et en fructose et diminue la production de sucrose, un disaccharide du glucose et du fructose. Puisque la teneur en ces nutriments dans les variétés transformées se situe également dans les plages observées chez les variétés de pommes de terre traditionnelles, ces changements consécutifs ne devraient pas davantage entraîner de risque nutritionnel.

Réduire l'expression de l'enzyme polyphénol oxydase 5 afin de réduire l'oxydation des polyphénols produisant les pigments foncés précipités des taches noires de meurtrissure pourrait aussi avoir des effets fortuits. Les renseignements publiés dans la documentation scientifique donnent à penser que la réduction de l'activité de la polyphénol oxydase pourrait réduire la dégradation des polyphénols antioxydants et la production de composés de défense de la plante potentiellement toxiques, par exemple les quinones. Ainsi, ces effets fortuits non mesurés, mais plausibles, sont peu susceptibles d'entraîner un risque nutritionnel accru et pourraient comporter des avantages.

Les données présentées par le requérant démontrent de manière satisfaisante que la composition nutritionnelle des tubercules des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 des pommes de terre de marque Simplot de InnateMD est comparable à celle des témoins non transgéniques. Par conséquence, leur consommation ne représente pas  de risque plus grand pour la santé humaine que les pommes offertes présentement sur le marché canadien

7. Chimie et toxicologie

Selon le requérant, les pommes de terre de marque Simplot de InnateMD ne produisent pas de protéines nouvelles, puisque tous les produits d'ARN qui seront transcrits des transgènes seront transformés en pARNi. En l'absence de toute exposition à des protéines nouvelles, il n'y aurait aucun risque additionnel découlant de toxines nouvelles ou d'allergènes nouveaux dans ces variétés transformées.

Toujours selon le requérant, les pARNi produits par les variétés de pommes de terre ne seraient pas biodisponibles et la plupart d'entre eux seraient dégradés pendant la cuisson ou la digestion. De plus, les pARNi ne pourraient atteindre les tissus cibles à cause des nombreuses barrières biologiques présentes dans le corps humain. Bien que cela soit plausible, des données au soutien de ces allégations n'ont pas été présentées.

Le requérant a prouvé que toutes les séquences éventuelles de pARNi dérivées des inserts d'ADN-T dans les variétés transformées ne partagent pas une complémentarité parfaite des séquences avec les transcrits d'ARNm chez l'humain (RefSeq : NCBI Reference Sequence RNA database; 163 241 séquences) ni avec des séquences codant pour des protéines dans le génome humain (c.-à-d., des exons; génome humain publié par l'Université de la Californie, Santa Cruz). Ces données soutiennent l'affirmation selon laquelle les pARNi ne devraient pas avoir d'effet hors cible chez les humains (p. ex., de teneurs réduites en ARNm humains) et conséquemment, ne devraient pas comporter de risques.

Le requérant a présenté une exposition estimative aux pARNi des pommes de terre InnateMD, laquelle a été calculée en utilisant les données publiées dans la documentation scientifique. Le requérant et la section des évaluations toxicologiques préalables à la mise en marché (SETPM) ont calculé les degrés de l'exposition aux pARNi chez les plus grands consommateurs de tubercules (c.-à-d., au 95e centile) en se fondant sur des hypothèses prudentes. Par exemple, ils ont tenu pour acquis que tous les pARNi produits par les pommes de terre InnateMD consommées deviendraient biodisponibles et atteindraient les tissus cibles. Dans les deux cas, les estimations de l'exposition aux pARNi se sont révélées inférieures aux concentrations pertinentes notées dans la publication scientifique. En se fondant sur ces estimations, la consommation des variétés de pommes de terre InnateMD ne devrait pas comporter de risques.

Des toxines endogènes naturellement présentes dans la pomme de terre (glycoalcaloïdes), ont été détectés dans les variétés de pommes de terre de marque Simplot de InnateMD dans des comparables à celles qui ont été observées dans les variétés de pommes de terre traditionnelles (c.-à-d., < 200 mg/kg de tubercules frais). En conséquence, ces teneurs n'ont pas été considérées comme préoccupantes pour la santé.

De plus, aucune raison ne permet de présumer que la teneur en patatine (un allergène endogène présent dans les variétés de pommes de terre traditionnelles) se révélerait élevée dans ces variétés de pommes de terre transformées.

En se fondant sur les données publiées au sujet du potentiel toxicologique et l'allergénique des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre de la marque Simplot de InnateMD , l'innocuité toxicologique et le risque d'allergenicité  de ces pommes de terre est considérée comme équivalente à celle des variétés de pommes de terre traditionnelles actuellement offertes sur le marché canadien.

Conclusion :

Santé Canada a examiné l'information présentée par la compagnie J.R. Simplot relative à la mise en marché de variétés des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre  de marque Simplot de InnateMD. De l'avis de Santé Canada, les aliments dérivés de ces variétés transformées ne comportent pas davantage de risques et sont tout aussi nutritifs que les variétés de pommes de terre actuellement commercialisées.

L'opinion de Santé Canada ne porte que sur l'utilisation à des fins alimentaires des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre de marque Simplot de InnateMD.  Les questions relatives à leur utilisation dans l'alimentation animale ont été étudiées séparément conformément aux processus réglementaires mis en œuvre par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). L'ACIA a évalué l'information communiquée sur l'innocuité de la lignée des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre de marque Simplot de InnateMD pour la santé environnementale, animale et humaine dans la perspective de son utilisation dans l'alimentation animale. L'ACIA a conclu qu'il ne suscite pas de préoccupations en matière d'innocuité, que ce soit sur le plan de l'environnement ou de l'alimentation animale. Cette observation s'applique aux produits alimentaires destinés aux humains et aux animaux fabriqués à partir des variétés Gen1-E12, Gen1-F10, Gen1-J3 et Gen1-J55 de pommes de terre InnateMD de Simplot destinées à la vente dans le commerce.

Le présent document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis sur les produits visés de la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'analyse détaillée des renseignements fournis par le requérant, conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

(Also available in English.)

Pour obtenir plus de renseignements, veuillez communiquer avec :

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, IA 2204A1
251, promenade Sir Frederick Banting
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
novelfoods-alimentsnouveaux@hc-sc.gc.ca

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