ARCHIVÉE - Résumé scientifique de Santé Canada sur l'allégation santé américaine au sujet du sodium et de l'hypertension

Bureau des sciences de la nutrition
Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada

Avril 2000

Résumé

Depuis que l'allégation santé américaine au sujet du sodium et de l'hypertension a été acceptée en 1993, des recherches considérables ont été menées afin de faire la lumière sur les cas où une modification de l'apport sodique entraîne une modification de la tension artérielle et sur les facteurs qui influent sur cette réaction, de quantifier les modifications de courte et de longue durée de la tension artérielle consécutives à une diminution de la consommation de sodium alimentaire dans les populations normotendues et hypertendues et de préciser le rôle d'autres facteurs de risque d'hypertension. On a également cerné les risques associés à un apport faible et à un apport excessif en sodium.

L'hypertension étant un facteur de risque d'accident vasculaire cérébral, de maladie coronarienne, de maladie vasculaire périphérique, d'insuffisance cardiaque et d'insuffisance rénale, elle est considérée comme un problème de santé publique majeur. L'hypertension touche environ 22 % des Canadiens d'âge adulte, et comme son incidence augmente avec l'âge, 46 % de la population appartenant au groupe des 55 à 64 ans en est atteinte. De plus, 26 % des adultes ont une tension artérielle diastolique se situant à la limite supérieure de la normale. Au nombre des facteurs de risque d'hypertension, on retrouve l'excès de poids et l'obésité, la consommation de plus de deux boissons alcooliques par jour, la sédentarité, le diabète de l'adulte, une mauvaise alimentation, notamment un apport excessif en sodium, du moins dans certains segments de la population, et une consommation insuffisante d'autres constituants alimentaires, particulièrement le potassium et peut-être le calcium.

Ce rapport vise essentiellement à déterminer si une réduction de la consommation de sodium dans l'ensemble de la population permettrait d'abaisser le risque d'hypertension. Quatre méta-analyses d'essais comparatifs randomisés ont été menées depuis 1993. Elles montrent de façon constante qu'une réduction importante (100 mmol ou environ 6 g de sel) de l'apport en sodium sur une courte période entraîne une légère réduction statistiquement significative de la tension artérielle systolique (environ 1,2 mm Hg) chez des personnes normotendues. Sur une période plus longue (3 ans), une certaine réduction de la consommation de sodium de la population (25-50 mmol/j) est possible, mais elle a très peu d'effet (1 mm Hg en ce qui concerne la pression systolique) par rapport à l'hygiène courante, et cela n'est pas assez significatif pour être considéré comme un effet important.

Chez les personnes hypertendues, les quatre mêmes méta-analyses ont fait ressortir un effet constant et plus marqué de la réduction du sodium sur la tension artérielle, sur une courte période.

On a déterminé récemment que des différences biologiques pourraient expliquer l'effet du sodium sur la tension artérielle. Ainsi, dans un certain sous-groupe de la population tant normotendue qu'hypertendue, une consommation relativement élevée de sodium entraîne une élévation marquée de la tension artérielle. La sensibilité au sodium est un phénomène intrinsèque, mais elle est aussi influencée par l'état nutritionnel, en particulier par les apports en potassium et en calcium, par l'âge et par l'excès de poids/obésité. On estime que la prévalence de la sensibilité au sodium est de 15 à 35 % dans la population normotendue, et de 29 à 50 % dans la population hypertendue.

Trois études de cohortes prospectives et une méta-analyse ont indiqué récemment que la diminution de l'apport sodique pouvait comporter des risques. La relation inverse observée entre la mortalité toutes causes confondues et l'apport en sodium donne à penser que la réduction de cet apport peut être nuisible dans certaines circonstances, mais ces observations doivent être examinées plus à fond.

Les opinions des experts et leurs interprétations de ces données ne vont pas toutes dans le même sens, mais des preuves importantes indiquent que la réduction de la consommation de sodium dans les populations à risque a très peu d'effet sur la tension artérielle moyenne de la population aux niveaux de consommation actuels (4,1 g de sodium ou environ 10 g de sel/j dans l'étude de trois ans susmentionnée). Toutefois, selon des estimations récentes de la consommation de sodium, plus de 25 % des hommes canadiens de 18 à 49 ans et 10 % de ceux de plus de 50 ans consomment trop de sodium (plus de 10 g de sel/j). Comme entre 15 et 35 % de la population canadienne peut être sensible au sel et que 22 % de la population souffre d'hypertension, il serait prudent de recommander, dans le cadre d'une stratégie basée sur la population et visant à réduire le risque d'hypertension, d'éviter une consommation excessive de sodium.

Une allégation prudente pourrait donc se lire ainsi : « Une consommation modérée de sodium peut réduire le risque de pression artérielle élevée, problème de santé associé à de nombreux facteurs dont l'excès de poids, une consommation d'alcool excessive, une consommation insuffisante de potassium alimentaire et la sédentarité. »*

D'autres interventions, par exemple la perte de poids, donnent de bons résultats à court et à long terme. L'allégation suivante adressée à la population canadienne serait bien fondée : Atteindre et conserver un indice de masse corporelle sain réduit le risque de pression artérielle élevée, problème de santé associé à de nombreux facteurs.

*Nota bene : Cette allégation a fait l'objet d'une modification réglementaire. Vous trouverez l'énoncé définitif de cette allégation et les conditions qui s'y rattachent dans le tableau suivant l'article B.01.603 du  Règlement sur les aliments et les drogues.

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