ARCHIVÉE - Évaluation des risques pour la santé humaine de Santé Canada appuyant la conception de normes pour la mélamine dans les aliments

Bureau d'innocuité des produits chimiques
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments

Un Centre de collaboration OPS/OMS pour la surveillance de la contamination alimentaire

Organisation Mondiale de la Santé

Novembre 2008

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© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de Santé Canada, 2008

Cat. : H164-103/2008F-PDF
ISBN: 978-1-100-90392-7


TABLE DES MATIÈRES


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Mise à jour : nouvelle information disponible le 4 décembre 2008

Le 4 décembre 2008, Santé Canada a adopté les recommandations du Comité d’experts sur la mélamine de l’Organisation mondiale de la santé, lequel a examiné les aspects toxicologiques de la mélamine et de l’acide cyanurique. Ces recommandations comportaient l’adoption d'une dose journalière admissible (DJA) de 0,2 mg/kg pc/jour de mélamine. En réaction à la publication de cette nouvelle donnée, Santé Canada a mis à jour sa concentration maximale de mélamine dans les préparations pour nourrissons et sa norme provisoire de 1,0 ppm est désormais réduite à 0,5 ppm.

Contexte

Le 12 septembre 2008, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a informé les dirigeants de Santé Canada de la publication de rapports provenant de la Nouvelle-Zélande faisant état de la contamination par la mélamine (1,3,5-triazine-2,4,6-triamine) de préparations pour nourrissons fabriquées en Chine. Le 11 septembre 2008, le gouvernement de la Chine a officiellement avisé l'ambassade du Canada que l'Administration générale de surveillance de la qualité, d'inspection et de quarantaine (AGSQIQ) de la Chine avait mis en branle une enquête approfondie sur la question de la contamination des préparations pour nourrissons fabriquées en Chine.

Depuis cette découverte, de nombreux signalements confirmés de contamination de produits laitiers provenant de la Chine par la mélamine, dont des préparations pour nourrissons, ont eu lieu. La présence d'acide cyanurique, un analogue de la mélamine, n'a pas été confirmée (OMS, 2008a). On présume qu'une concentration élevée de mélamine dans tout produit alimentaire est due à une contamination délibérée dans le but d'augmenter artificiellement la teneur apparente en protéines du produit. La teneur en azote de la mélamine est élevée, et ce corps est fréquemment utilisé à titre d'indicateur du contenu en protéines. En 2007, la mélamine dans les aliments pour les animaux de compagnie a fait l'objet d'une enquête nord-américaine, laquelle a provoqué la tenue d'essais et la mise en ouvre d'une stratégie de vérification de la conformité des produits de protéines végétales (de protéines de blé, de riz et de soya, de gluten de maïs ainsi que de concentrés de protéines) qui proviennent au Canada de tous les autres pays. La question de la présence de mélamine dans les produits laitiers provenant de la Chine est considérée comme une question nouvelle et distincte de la précédente.

Jusqu'à ce jour, aucune préparation pour nourrissons contaminée par la mélamine n'a été découverte au Canada, pas plus qu'on y a fait état de maladies d'origine alimentaire qui pourraient être associées à sa consommation. Toutefois, l'enquête sur la contamination par la mélamine a été élargie au-delà des préparations pour nourrissons, et ce, afin de porter sur d'autres produits potentiellement touchés, notamment, sur des produits à base de lait ou qui contiennent des ingrédients dérivés du lait. Le lait entier en poudre, le lait écrémé en poudre, le lactosérum en poudre, le lactose en poudre et la caséine constituent ces ingrédients dérivés du lait. L'ACIA a entrepris de nombreuses mesures, y compris l'échantillonnage, l'analyse et les rappels de produits, ainsi que la communication d'avis portant sur les produits qui pourraient être contaminés par la mélamine.

La mélamine est une substance chimique de synthèse utilisée à diverses fins commerciales et industrielles, y compris pour la fabrication de divers produits tels que les résines et les mousses, les produits de nettoyage, les engrais et les pesticides. Celle-ci n'est pas d'origine naturelle, son utilisation dans les aliments n'est acceptée d'aucune façon au Canada, et il y est interdit d'en ajouter dans les aliments. Bien qu'au Canada, il soit interdit d'ajouter de la mélamine aux aliments, on peut en détecter de très faibles concentrations dans les aliments en raison de sa présence dans l'environnement causée par l'utilisation de cette substance à diverses fins industrielles. En règle générale, de faibles concentrations de mélamine (dans la plage de parties par milliards) dans un produit alimentaire ne présenteraient pas de risque pour la santé.

On peut prendre connaissance d'autres renseignements sur la mélamine sur les sites Web de  l'ACIA et de Santé Canada.

Les scientifiques du Bureau d'innocuité des produits chimiques de Santé Canada ont pris connaissance de toutes les données disponibles traitant des effets éventuels de la mélamine et de l'acide cyanurique sur la santé et ils ont mené une évaluation des risques afin de déterminer les concentrations de mélamine et d'acide cyanurique qui ne constitueraient pas un risque inacceptable. Cette évaluation a aussi soutenu la conception de normes provisoires (concentrations maximales) au chapitre de la mélamine et de l'acide cyanurique dans les préparations pour nourrissons et dans les produits alimentaires qui constituent une source nutritive unique, dont les substituts de repas, de même que dans d'autres produits alimentaires qui contiennent du lait et des ingrédients dérivés du lait.

Caractérisation du risque

Chez les souris, les rats et les chiens, on a mené des études à doses répétées par voie orale avec la mélamine, y compris des essais biologiques de détection du cancer. Les essais de toxicité chronique et subchronique ont permis de déterminer que la vessie et les reins sont les principaux organes touchés. Dans le cadre du National Toxicology Program (NTP) des É.-U., des essais biologiques de détection du cancer ont permis d'observer l'apparition de papillomes transitionnels et de carcinomes de la vessie ainsi que des indices d'inflammation rénale chronique chez les rats mâles F344/N du groupe soumis à la dose la plus forte (NTP, 1983). On a estimé la dose toxique moyenne (dose TD50) à 735 mg/kg pc/jour (Gold et al., 1989). On a en outre observé une tendance à l'hyperplasie épithéliale et l'apparition de calculs vésicaux. Aucun effet néoplasique important n'a été observé chez les rats femelles ni chez les souris B6C3F1 des deux sexes. On a observé une corrélation importante entre l'apparition de tumeurs vésicales chez les rats mâles et la formation de calculs. Des études des mécanismes réalisées en provoquant artificiellement la polyurie (par ajout de NaC1 à l'alimentation) ont révélé que la suppression de la formation de calculs a entraîné la réduction des lésions vésicales prolifératives et réduit l'incidence des tumeurs (Ogasawara et al., 1995). Comme des études additionnelles ont permis de démontrer que la mélamine ne constitue pas un agent initiateur mutagène/génotoxique, sur la foi d'une grande variété d'essais in vitro et in vivo, on considère que la formation de tumeurs vésicales n'est ni génotoxique ni épigénétique (Ensemble de données de dépistage, OCDE, 1993).

Chez les souris, les rats et les chiens, on a mené des études à doses répétées par voie orale avec la mélamine, y compris des essais biologiques de détection du cancer. Les essais de toxicité chronique et subchronique ont permis de déterminer que la vessie et les reins sont les principaux organes touchés. Dans le cadre du National Toxicology Program (NTP) des É.-U., des essais biologiques de détection du cancer ont permis d'observer l'apparition de papillomes transitionnels et de carcinomes de la vessie ainsi que des indices d'inflammation rénale chronique chez les rats mâles F344/N du groupe soumis à la dose la plus forte (NTP, 1983). On a estimé la dose toxique moyenne (dose TD50) à 735 mg/kg pc/jour (Gold et al., 1989). On a en outre observé une tendance à l'hyperplasie épithéliale et l'apparition de calculs vésicaux. Aucun effet néoplasique important n'a été observé chez les rats femelles ni chez les souris B6C3F1 des deux sexes. On a observé une corrélation importante entre l'apparition de tumeurs vésicales chez les rats mâles et la formation de calculs. Des études des mécanismes réalisées en provoquant artificiellement la polyurie (par ajout de NaC1 à l'alimentation) ont révélé que la suppression de la formation de calculs a entraîné la réduction des lésions vésicales prolifératives et réduit l'incidence des tumeurs (Ogasawara et al., 1995). Comme des études additionnelles ont permis de démontrer que la mélamine ne constitue pas un agent initiateur mutagène/génotoxique, sur la foi d'une grande variété d'essais in vitro et in vivo, on considère que la formation de tumeurs vésicales n'est ni génotoxique ni épigénétique (Ensemble de données de dépistage, OCDE, 1993).

En réexaminant les données scientifiques disponibles au sujet des effets de l'ingestion de mélamine sur la santé, pour faire en sorte que tous les groupes d'âges soient protégés, les scientifiques de Santé Canada ont établi une dose de référence toxicologique de 0,35 mg/kg de poids corporel, par jour. Ceci signifie qu'une personne pourrait ingérer jusqu'à 0,35 mg de mélamine chaque jour pour chaque kilogramme de son poids corporel tout en ayant l'assurance raisonnable qu'elle ne subirait aucun effet nocif.

Incertitudes toxicologiques

Les troubles rénaux de gravité variable (calculs, blocage, insuffisance rénale) sont les principaux symptômes dont on a fait état chez les nourrissons de la Chine qui ont consommé une préparation pour nourrissons contaminée par la mélamine. Toutefois, dans le cadre d'études expérimentales sur la mélamine dans l'alimentation, les principaux effets se sont manifestés sur le plan vésical (tendance à l'hyperplasie épithéliale, tumeurs, calculs vésicaux), bien que certaines indications de toxicité rénale chez les rats femelles aient aussi été consignées. Cette différence apparente entre les espèces peut être le fruit de nombreux facteurs, dont les différences fonctionnelles et/ou anatomiques entre le rein des rats et le rein des humains, de la capacité de clairance rénale, du stade de développement ou de la présence d'autres contaminants. Dans le cadre du dossier de la mélamine dans les aliments pour les animaux de compagnie en 2007, alors que le gluten de blé était en cause, la présence de triazines, des contaminants apparentés sur le plan structurel, dont l'ammeline, l'ammelide et l'acide cyanurique a été confirmée. Des études expérimentales à court terme sur la toxicité de l'alimentation ayant porté sur des chats ont démontré que bien que la mélamine et l'acide cyanurique isolément n'aient pas produit d'effets sur les reins, les deux substances combinées ont provoqué la formation de cristaux dans le tissu rénal et des indices cliniques de lésions et d'atteintes rénales (Puschner et al., 2007). Dans le cadre d'études sur la toxicité de l'alimentation ayant porté sur des porcs et des poissons, la combinaison de mélamine et d'acide cyanurique a provoqué les mêmes indices de formation de cristaux et de dommages rénaux (Reimschuessel et al., 2008). De plus, des études sur la toxicité orale aiguë chez des rats ont permis de démontrer que seul le mélange de mélamine et d'acide cyanurique ou de mélamine et des trois triazines dont on a fait état ci-dessus a provoqué la formation de cristaux et des dommages rénaux (Dobson et al., 2008).

Bien que la caractérisation du risque actuelle porte exclusivement sur les effets toxiques de la mélamine, cette disposition pourrait être réexaminée lorsque l'on obtiendra les résultats sur ces mêmes effets une fois la mélamine et l'acide cyanurique combinés. Cette démarche est conforme à la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS 2008b) selon laquelle on doit utiliser les valeurs toxicologiques de référence qui sont établies sur la toxicité de la mélamine, puisque aucune étude qui permettrait l'établissement d'une dose tolérable n'a porté sur la toxicité de la mélamine et l'acide cyanurique combinés. Par conséquent, la dose toxicologique de référence établie par les scientifiques de Santé Canada à l'égard de la mélamine (0,34 mg/kg pc/jour) a été utilisée pour la conception de normes provisoires tant pour la présence de mélamine que pour la présence d'acide cyanurique dans les aliments.

Évaluation théorique de l'exposition et gestion du risque - Normes provisoires de Santé Canada pour la présence de mélamine dans les aliments

Les préparations pour nourrissons et les produits alimentaires qui constituent la seule source nutritive, dont les substituts de repas

Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) ont analysé des préparations pour nourrissons qui sont actuellement en vente au Canada, bien que jusqu'à présent, aucune préparation pour nourrissons contaminée n'ait été découverte. De fait, la vente de préparations pour nourrissons fabriquées en Chine n'est aucunement autorisée au Canada.

Toutes les préparations pour nourrissons doivent faire l'objet d'une évaluation rigoureuse avant leur mise en marché et être approuvées par Santé Canada avant qu'elles puissent être vendues au pays. Néanmoins, Santé Canada a communiqué avec tous les principaux fabricants de préparations pour nourrissons dont les produits sont vendus dans les établissements de détail au Canada. Ces fabricants ont confirmé qu'ils n'ont pas recours à des ingrédients laitiers provenant de la Chine. Bien qu'au Canada, il soit interdit de vendre des préparations pour nourrissons provenant de la Chine, il est possible que des produits importés illégalement soient vendus dans certains magasins, par exemple dans les établissements qui offrent des aliments d'autres pays. Par précaution, Santé Canada et l'ACIA travaillent en collaboration avec les détaillants pour veiller à ce qu'aucune préparation pour nourrissons provenant de la Chine ni d'ailleurs ne soit offerte sur les rayons des magasins au Canada.

Bien que jusqu'à présent, aucune préparation pour nourrissons contaminée ou importée illégalement n'ait été découverte, Santé Canada a conçu, à titre de mesure provisoire de gestion du risque, une norme provisoire (concentration maximale) au chapitre des préparations pour nourrissons et des produits alimentaires qui constituent la seule source nutritive. Jusqu'à ce que plus de données sur les concentrations de fond de mélamine dans les aliments soient produites, toutes les normes provisoires seront exclusivement établies sur la base de considérations toxicologiques.

En s'appuyant sur les apports en préparations pour nourrissons présentés au tableau 1, afin de déterminer une norme provisoire, divers scénarios d'exposition théorique à la mélamine ont été mis au point pour les nourrissons nourris avec de telles préparations.

Tableau 1. Apports maximaux en préparation pour nourrissons et ingestion estimative de mélamine selon diverses concentrations théoriques de mélamine (1,0, 2,5 et 20 ppm)

Groupe d'âges PC des nourrissons (kg)1 Consommation maximale de préparation pour nourrissons (g/jour)2 Ingestion de mélamine (mg/kg pc/jour) à diverses concentrations (µg/g)
1,0 ppm 2,5 ppm 20,0 ppm
Enfants prématurés 1.5 100 0.066 0.167 1.330
0-1 mois 3.9 1080 0.277 0.693 5.540
2-3 mois 5.5 1470 0.267 0.668 5.340
4-7 mois 7.2 1440 0.200 0.500 4.000
8-12 mois 9.0 960 0.107 0.267 2.140
12-18 mois 10.6 900 0.085 0.213 1.700

1 poids moyen des nourrissons est basé sur les échelles de croissance du Pediatricians Guide to your Children's Health and Safety (www.keepkidshealthy.com/growthcharts/girlsbirth.html)

2 L'apport des préparations par nourrisson pour la période de croissance particulière provient de Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans publié par l'Institut national de santé publique du Québec (2001).

Le tableau 1 démontre qu'une concentration de mélamine d'environ 1 partie par million (ppm) de mélamine ou moins dans les préparations pour nourrissons prêtes à consommer n'excèderait pas la dose toxicologique de référence de 0,35 mg/kg pc/jour, et ce, peu importe le groupe d'âges. Par conséquent, sur une base provisoire, Santé Canada a proposé que la norme provisoire de 1,0 ppm soit appliquée à tous les produits de préparations pour nourrissons et à toutes les denrées apparentées qui constituent la seule source nutritive dans l'état dans lequel elles sont vendues. En raison de la caractérisation du risque présentée ci-dessus, cette norme provisoire est appliquée à la concentration de mélamine et d'acide cyanurique combinés. Ainsi, les préparations pour nourrissons concentrées et en poudre telles qu'elles sont vendues seraient aussi régies par cette norme provisoire. On doit souligner qu'après la dilution de ce type de produit, les valeurs seraient considérablement moindres que la norme provisoire, ce qui constitue une mesure de protection supplémentaire. Santé Canada adhère toujours à sa politique selon laquelle le taux de contaminants potentiels dans les préparations pour nourrissons devrait être maintenu à la concentration la plus faible qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre.

La Division de la recherche sur les aliments du Bureau d'innocuité des produits chimiques de Santé Canada a entrepris une enquête dans le but de déterminer si une concentration de fond de mélamine risque d'être présente dans ces denrées. Les résultats préliminaires révèlent que les concentrations de fond de mélamine dans les préparations pour nourrissons sont de loin inférieures à la norme provisoire de 1 ppm.

Les aliments contenant du lait et des ingrédients dérivés du lait (autres que les préparations pour nourrissons et les produits alimentaires qui constituent la seule source nutritive tels que les substituts de repas)

Depuis le premier rapport faisant état de la découverte de mélamine dans les produits de préparation pour nourrissons, les autorités réglementaires internationales du domaine alimentaire ont confirmé que les autres aliments qui contiennent des ingrédients dérivés du lait provenant de la Chine et éventuellement, d'autres pays (le lait entier en poudre, le lait écrémé en poudre, le lactosérum en poudre, le lactose en poudre et la caséine), peuvent être contaminés par la mélamine. La liste des produits alimentaires repérés jusqu'à présent, laquelle est affichée sur le site Web de l'ACIA, comprend du café instantané, des biscuits, des chocolats, des boissons à base de lait, des bretzels et des gâteaux. En tenant compte de la possibilité que certains aliments contiennent un ingrédient laitier qui pourrait être affecté, Santé Canada a proposé la conception d'une norme provisoire pour la mélamine et l'acide cyanurique (concentration maximale) applicable aux aliments qui contiennent du lait et des ingrédients dérivés du lait. Cette norme s'ajoute à la norme provisoire pour les préparations pour nourrissons et les produits alimentaires qui constituent la seule source nutritive.

Pour établir ces normes provisoires, on a eu recours aux scénarios d'exposition de la pire éventualité. On a tenu pour acquis que tous les aliments qui contiennent du lait ou des ingrédients dérivés du lait pourraient être contaminés par la mélamine. Les données auxquelles Santé Canada a accès indiquent que les produits qui contiennent du lait et des ingrédients dérivés du lait composent environ 50 % de l'alimentation des jeunes nord-américains et que la part de l'alimentation en produits qui contiennent du lait diminue avec l'âge. Ainsi, on a tenu pour acquis que 50 % de l'apport alimentaire global est contaminé. En matière d'apport alimentaire total, les valeurs ont été dérivées du cycle 2.2 sur la nutrition de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), lequel a été publié en 2004 par Statistique Canada, soit une enquête fondée sur une démarche de rappel alimentaire de 24 heures pour consigner la consommation alimentaire des participants. Les estimations de la consommation alimentaire, dont on a fait état en tenant compte de la denrée alimentaire une fois préparée pour la consommation, comprennent les boissons autres que l'eau potable.

On a envisagé diverses concentrations théoriques pour les aliments qui contiennent du lait est des ingrédients dérivés du lait (autres que les préparations pour nourrissons et les produits alimentaires qui constituent la seule source nutritive) et on a démontré qu'une concentration de 2,5 ppm constitue une concentration qui assure la protection des consommateurs. Les résultats des calculs sont présentés au tableau 2.

Tableau 2. Moyenne et 90e centile de la consommation alimentaire totale (cycle 2.2 sur la nutrition de l'ESCC, Statistique Canada, 2004) des aliments qui contiennent du lait et des ingrédients dérivés du lait1, ingestion estimée de mélamine et contribution de celle-ci à la dose de référence toxicologique (DRT2) pour divers groupes d'âge-sexe si on tient pour acquis la présence de mélamine dans ces aliments, et ce, dans une concentration de 2,5 mg/kg (ppm).

Groupe d'âges consommation moyenne d'aliments contenant des ingrédients laitiers (g/kg pc)1 ingestion moyenne de mélamine (mg/kg pc/jour) en tenant pour acquis une concentration de 2,5 ppm de mélamine % de la DRT2 90e centile de la consommation d'aliments qui contiennent des ingrédients laitiers (g/ kg pc) 90e centile de l'ingestion de mélamine (mg/kg pc/jour) en tenant pour acquis une concentration de 2,5 ppm de mélamine % de la DRT
1 an 53.16 0.13 38.0 84.82 0.21 60.6
2-3 ans 48.56 0.12 34.7 72.42 0.18 51.7
4 ans 41.38 0.10 29.6 62.74 0.16 44.8
5-6 ans 36.93 0.09 26.4 55.44 0.14 39.6
7-11 ans 26.37 0.07 18.8 41.51 0.10 29.6
12-18 ans M 18.95 0.05 13.5 30.81 0.08 22.0
12-18 ans F 16.50 0.04 11.8 27.13 0.07 19.4
19-35 ans M 17.29 0.04 12.3 27.56 0.07 19.7
19-35 ans F 15.52 0.04 11.1 25.09 0.06 17.9
36-50 ans M 16.08 0.04 11.5 24.66 0.06 17.6
36-50 ans F 15.75 0.04 11.3 24.91 0.06 17.8
51+ ans M 14.75 0.04 10.5 22.43 0.06 16.0
51+ ans F 14.70 0.04 10.5 23.24 0.06 16.6

1 La consommation totale des aliments qui contiennent du lait et des ingrédients dérivés du lait a été estimée sur la base de données permettant de présumer que 50 % de l'alimentation totale pourrait contenir ces ingrédients.

2 Le Bureau d'innocuité des produits chimiques (BIPC) de Santé Canada a eu recours à la dose de référence toxicologique (DRT) de 0,35 mg/kg pc/jour.

Tel qu'illustré au tableau 2, l'ingestion des consommateurs moyens et de ceux dont la consommation est élevée (90e centile) de toutes les catégories d'âge n'excèderait pas la DRT de 0,35 mg/kg pc/jour si 50 % de tous les aliments consommés contenaient du lait ou des ingrédients dérivés du lait et que si ceux-ci étaient contaminés par la mélamine à une concentration de 2,5 ppm. En particulier, l'ingestion chez les enfants âgés d'un an, soit ceux qui en consomment le plus par kilogramme de poids corporel, est de loin inférieure à la DRT. En raison de l'hypothèse selon laquelle 50 % de tous les aliments consommés au quotidien contiennent du lait ou des ingrédients dérivés du lait et de celle selon laquelle tous les produits seraient contaminés à cette concentration, on considère que les calculs ci-dessus constituent des surestimations très prudentes. De fait, le lait produit au Canada et le lait en poudre pour les produits qui y sont fabriqués doivent être enregistrés par l'ACIA et font, par conséquent, l'objet d'exigences rigoureuses, notamment de contrôles visant à assurer l'absence de toute source d'adultération. Par conséquent, on considère qu'une norme provisoire de 2,5 ppm assure la protection de la population canadienne, soit que la consommation de tout aliment fini produit avec du lait et avec des ingrédients du lait qui contient jusqu'à 2,5 ppm de mélamine et d'acide cyanurique ne constituerait pas un risque pour la santé des consommateurs. Cette norme provisoire est appliquée à tous les produits alimentaires qui contiennent du lait ou des ingrédients dérivés du lait.

Atténuation du risque dans d'autres pays

Les normes provisoires de Santé Canada au chapitre de la mélamine dans les produits qui contiennent du lait et des ingrédients dérivés du lait sont établies pour faire en sorte que tous les groupes d'âges et tous les segments de la population soient protégés. Des normes semblables ont été établies par d'autres organismes réglementaires du domaine de l'alimentation. La Food and Drug Administration des États-Unis a établi la concentration maximale de mélamine et de ses analogues à 2,5 ppm dans les aliments autres que les préparations pour nourrissons, mais elle a indiqué que bien qu'elle ne pouvait établir une concentration tolérable de mélamine dans les préparations pour nourrissons, les méthodes d'analyse peuvent détecter jusqu'à une concentration de 1 ppm de mélamine, et ce, de manière fiable (FDA des É.-U., 2008). Les Food Standards Australia New-Zealand ont établi quant à eux une concentration maximale de 1 mg/kg (ppm) de mélamine dans les préparations pour nourrissons et de 2,4 mg/kg dans les aliments à base de lait et les aliments qui contiennent des ingrédients dérivés du lait (FSANZ, 2008). La New Zealand Food Safety Authority a établi les mêmes normes que les FSANZ, de même qu'une norme de 5 ppm pour les ingrédients dans les produits finis (NZFSA, 2008). La Commission européenne, sur la base de l'avis scientifique de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA, 2008), a établi une limite de 2,5 mg/kg (ppm) pour tous les aliments composés qui contiennent des ingrédients laitiers (EC 2008/798/EC). Le Centre for Food Safety de Hong Kong a modifié son règlement intitulé Harmful Substances in Food (132 AF) de telle sorte que la concentration de mélamine dans le lait, les aliments principalement consommés par des enfants de moins de trois ans et dans les aliments principalement consommés par les femmes enceintes ou qui allaitent ne doit pas excéder 1 mg/kg. Pour tous les autres aliments, la concentration maximale a été établie à 2,5 mg/kg (HKCFS 2008).

Autres mesures

L'objectif de cette évaluation consistait à déterminer la concentration de mélamine et des composés apparentés à la mélamine (tels que l'acide cyanurique) dans les aliments qui ne susciterait pas de préoccupation en matière de santé publique. Si de nouvelles données probantes scientifiques devenaient disponibles au sujet de la toxicité de la mélamine et de ses analogues combinés, l'évaluation du risque et la norme provisoire de Santé Canada seront réexaminées. Dans la foulée de l'engagement de Santé Canada à cet égard, le Centre collaborateur de l'OMS pour la surveillance de la contamination des aliments, à savoir le Bureau d'innocuité des produits chimiques de la Direction des aliments, soutiendra l'organisation d'une réunion du Comité OMS d'experts en décembre 2008 afin de réexaminer les aspects toxicologiques de la mélamine et de l'acide cyanurique. L'objectif de cette réunion consiste à déterminer les lacunes sur le plan des connaissances qui nécessitent un approfondissement afin de mettre à jour la base de données toxicologiques et de permettre une meilleure caractérisation de la toxicité de la mélamine et de ses analogues (Événement de l'OMS sur la contamination par la mélamine).

De plus, Santé Canada continuera à travailler étroitement avec d'autres instances sur le plan international telles que la Food and Drug Administration des É.-U. (FDA des É.-U.), l'Autorité européenne de sécurité des aliments, la Commission européenne, les Food Standards Australia New-Zealand, la Food Standards Agency du R.-U., l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) et la Commission japonaise pour la salubrité des aliments.

Références

EC 2008/798/EC,14 Oct. 2008. Imposing special conditions governing the import of products containing milk or milk products originating in or consigned from China, and repealing Commission Decision 2008/757/EC. Commission Decision 2008/798/EC.

EFSA 2008. Statement of EFSA on risks for public health due to the presence of melamine in infant milk and other milk products in China.  http://www.efsa.europa.eu/EFSA/efsa_locale‑1178620753812_1211902098495.htm

FSANZ. 2008. Melamine in Food from China. http://www.foodstandards.gov.au/newsroom/factsheets/
factsheets2008/melamineinfoodsfromchina/index.cfm

Gold, L.S. et al. 1989, Environ. Health Perspect. 79, 259-272.

HKCFS. 2008. Melamine in Mainland=s Milk powder incident
http://www.cfs.gov.hk/english/whatsnew/whatsnew_fstr/
whatsnew_fstr_Melamine_in_Mainland_Milk_Powder_Incident.html

Mast, R.W. et al. 1983, Fd. Chem. Toxicol., 21:807-810.

Melnick, R.L. et al. 1984, Toxicol. Applied Pharmacol., 72 :292-303.

NTP, 1983, Carcinogenesis bioassay of melamine in F344/N rats and B6C3F1 mice (feed study),Technical Report Series No. 245, U.S. Department of Health and Human Services.

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http://www.nzfsa.govt.nz/publications/media-releases/
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OECD 1993, Screening Information Data Set (SIDS) Initial Assessment Report. Melamine. UNEP Publications.

Ogasawara, H. et al. 1995, Carcinogenesis, 16 :2772-2777.

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Version 1.4.1.

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