Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes cycle 2.2, Nutrition (2004) : Sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens

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Santé Canada, 2007
No de cat. H164-42/2007F-PDF
ISBN 978-0-662-73817-6
SC No Pub 4697

Avant-propos

Le Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition de Santé Canada est heureux de présenter le rapport Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition (2004) : Sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens. On retrouve dans ce rapport les premières estimations nationales et provinciales de la sécurité alimentaire des ménages, en lien avec le revenu, au Canada et de celle des adultes et des enfants vivant au sein de ces ménages. Ces estimations ont été obtenues à partir d'un instrument de mesure normalisé à indicateurs multiples de la sécurité alimentaire. Le présent rapport sera utile aux analystes politiques, aux professionnels de la santé, aux chercheurs ainsi qu'aux professeurs et étudiants universitaires qui s'intéressent à la nutrition, à la saine alimentation, aux déterminants sociaux de la santé et à la santé de la population.

La sécurité alimentaire liée au revenu est un enjeu de premier plan en santé publique au Canada. Il s'agit d'un important déterminant social de la santé. La sécurité alimentaire est essentielle à une saine alimentation : à défaut de ressources financières suffisantes pour se procurer des aliments nutritifs en quantité suffisante, il est difficile de manger sainement, ce qui accroît le risque de détérioration de l'état de santé. Dans une perspective de santé de la population, il est essentiel de comprendre l'évolution de la sécurité alimentaire au Canada pour être en mesure d'évaluer les politiques et programmes existants et d'en élaborer d'autres. Ce rapport constituera un précieux document de référence sur la situation de sécurité alimentaire des ménages au Canada en 2004. Les nouvelles méthodes d'interprétation des données sur la sécurité alimentaire présentées dans ce rapport pourront guider les personnes qui souhaitent mener leurs propres recherches à partir des données du cycle 2.2 de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) ou des données qui seront obtenues lors des cycles subséquents.

Ce rapport a été préparé par le Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition qui a reçu les avis d'experts canadiens en matière de sécurité alimentaire, à savoir la Dre Valerie Tarasuk (University of Toronto) et la Dre Anne-Marie Hamelin (Université Laval) et le Dr Mark Nord de l'United States Department of Agriculture (USDA) (ministère de l'Agriculture des États-Unis). Nous tenons à remercier le Dr Nord de son expertise technique lors de l'analyse préliminaire des données présentée à l'annexe B de ce rapport. Nous tenons aussi à souligner la contribution d'autres experts en sécurité alimentaire qui ont accepté de réviser les ébauches du présent rapport, notamment la Dre Lynn McIntyre (University of Calgary) et le Dr David H.Holben (Ohio University, Athens). Nous remercions également le personnel de Santé Canada, de l'Agence de santé publique du Canada et de Statistique Canada, ainsi que nos partenaires provinciaux de leur contribution tout au long du projet.

Ce rapport est le deuxième d'une série de rapports sur l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition (2004), la première enquête nationale sur la nutrition depuis Nutrition Canada menée entre 1970 et 1972. Pour de plus amples informations sur le présent rapport ou d'autres rapports de la même série, veuillez consulter le site Web. Nous sommes convaincus que les données sur la sécurité alimentaire des ménages au Canada en 2004 présentées dans ce rapport pourront guider la prise de décision en matière de politiques, de programmes et de recherche.

Mary Bush, M.H.Sc., RD
Directrice générale
Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition
Santé Canada

Table des matières

Liste des tableaux

Liste des figures

Liste des annexes

Liste des abréviations

ESCC
Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
ESCC 2.2
Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition (2004)
IC
Intervalle de confiance (États-Unis)
CPS
Current Population Survey (U.S.)
CV
Coefficient de variation
MESAM
Module de l'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages
ENSP
Enquête nationale sur la santé de la population
ELNEJ
Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes
USDA
United States Department of Agriculture (ministère de l'Agriculture des États-Unis)

Sommaire exécutif

Le présent rapport, intitulé Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition (2004) - Sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens, contient des estimations nationales et provinciales de la sécurité alimentaire en lien avec le revenu à l'échelon des ménages canadiens et de leurs membres adultes et enfants. Ces estimations sont fondées sur les données de l'ESCC 2.2. Ce rapport permet de mieux comprendre la prévalence de l'insécurité alimentaire au Canada en identifiant des sous-groupes de la population plus touchés et en faisant ressortir les facteurs sociodémographiques associés à l'insécurité alimentaire. Ce rapport représentera un précieux document de référence sur la situation de sécurité alimentaire des ménages au Canada en 2004.

But du rapport

Il a été établi que « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, 1996). Ce rapport traite des caractéristiques de la sécurité alimentaire étudiées dans le cadre de l'ESCC 2.2, notamment de la capacité financière des ménages de se procurer des aliments adéquats, celle-ci étant est étroitement associée au revenu.

L'ESCC 2.2 fournit les premières données nationales et provinciales obtenues à partir d'un instrument de mesure normalisé à indicateurs multiples de la sécurité alimentaire des ménages qui est utilisé internationalement, particulièrement aux États-Unis. L'instrument de mesure de la sécurité alimentaire utilisé dans le cadre de cette enquête a été adapté à partir d'un questionnaire à 18 énoncés, intitulé Food Security Survey Module (États-Unis)1. Le présent rapport renferme une description de la nouvelle approche d'interprétation des données sur la sécurité alimentaire qui prévoit l'incorporation des poids d'enquête des ménages (facteur de pondération). Il a été difficile de suivre l'évolution de l'insécurité alimentaire liée au revenu au Canada jusqu'à maintenant en raison des différences observées au niveau des questions et/ou de la méthodologie utilisées dans le cadre des différentes enquêtes. Étant donné que le module sur la sécurité alimentaire du cycle 2.2 de l'ESCC sera repris lors des cycles subséquents de cette enquête, il sera possible d'étudier les mêmes dimensions de la sécurité alimentaire au fil du temps.

Des analyses descriptives ont été effectuées dans le but de déterminer la prévalence de l'insécurité alimentaire liée au revenu chez les ménages canadiens et leurs membres, adultes et enfants. D'autres analyses ont été effectuées en fonction de certaines variables socidémographiques afin d'identifier des sous-groupes de la population plus touchés par l'insécurité alimentaire des ménages.

1 Bickel G, Nord M, Price C et coll., Guide to Measuring Household Food Security, Revised, 2000. Alexandria, VA: Food and Nutrition Service, United States Department of Agriculture, 2000. Disponible en ligne, à l'adresse : www.fns.usda.gov/fsec/files/fsguide.pdf (consulté le 2 mai 2006).

Principaux résultats

Voici les principaux résultats des analyses :

  • Bien que la plupart des ménages canadiens aient vécu dans un contexte de sécurité alimentaire en 2004, plus de 1,1 million de ménages (9,2 %) avaient souffert d'insécurité alimentaire à un moment ou l'autre au cours de l'année précédente en raison de contraintes financières. Dans ces ménages, au moins un adulte ou un enfant avait vécu de multiples situations caractéristiques de l'insécurité alimentaire.
  • Globalement, 2,7 millions de personnes, ou 8,8 % de la population canadienne, vivaient au sein de ménages en insécurité alimentaire en 2004.
  • Au Canada, la prévalence de l'insécurité alimentaire des ménages variait entre 8,1 % (Saskatchewan) et 14,6 % (Nouvelle-Écosse).
  • Dans 5,2 % des ménages avec enfants, au moins un enfant avait connu l'insécurité alimentaire au cours de l'année précédente. Plus de 700 000 enfants vivaient dans des ménages dans lesquels soit des enfants ou des adultes avaient été en insécurité alimentaire à un moment ou l'autre en 2004; 366 200 de ces enfants vivaient dans des ménages où un ou plusieurs enfants avaient souffert d'insécurité alimentaire.
  • On observait généralement une prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire chez les adultes (9,0 %) que chez les enfants (5,2 %) au sein de ces ménages, particulièrement dans les cas d'insécurité alimentaire grave (adultes, 2,9 %; enfants, 0,4 %).
  • La prévalence de l'insécurité alimentaire était plus élevée chez les ménages présentant certaines caractéristiques, notamment chez :
    • les ménasés dans lges clases catégories de capacité du revenu le plus bas (48,3 %) et bas-moyen (29,1 %) comparativement à ceux classés dans les catégories moyen (13,6 %), moyen-élevé (5,2 %) et le plus élevé (1,3 %),
    • les ménages dont la principale source de revenu était l'aide sociale (59,7 %) ou les indemnités d'accident du travail/ l'assurance-emploi (29,0 %) comparativement à ceux pour lesquels les salaires/ traitements (7,3 %) et les régimes de pension/ prestations aux aînés (4,9 %) constituaient la principale source de revenu,
    • les ménages autochtones vivant hors réserve (33,3 %) comparativement aux ménages non autochtones (8,8 %),
    • les ménages non propriétaires de leur logement (20,5 %) comparativement aux ménages propriétaires (3,9 %),
    • les ménages avec enfants (10,4 %) comparativement aux ménages sans enfants (8,6 %).
  • Chez les ménages avec enfants, on observait une prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire chez :
    • les ménages monoparentaux (22,5 %), surtout ceux ayant une femme à leur tête (24,9 %) comparativement aux ménages ayant un couple à leur tête (7,6 %),
    • les ménages comptant trois enfants ou plus (15,0 %) comparativement aux ménages comptant un ou deux enfants (9,6 %),
    • les ménages comptant au moins un enfant de moins de six ans (13,0 %) comparativement aux ménages ne comptant aucun enfant de moins de six ans (8,8 %).
  • Dans le cas des ménages sans enfants, on observait une prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire chez les ménages formés d'une personne seule (13,7 %) comparativement à ceux formés d'un couple (3,5 %).

Impact

Pour la première fois au Canada, on dispose de données obtenues à partir d'un instrument d'enquête sophistiqué à indicateurs multiples permettant d'estimer de façon plus fiable la prévalence de l'insécurité alimentaire des ménages. Bien que la plupart des ménages canadiens aient vécu dans un contexte de sécurité alimentaire en 2004, l'analyse des données confirme les conclusions d'autres études ayant révélé que l'insécurité alimentaire touchait de nombreux ménages canadiens défavorisés sur le plan socioéconomique.

Le présent rapport dresse un portrait de la sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens en faisant ressortir des sous-groupes de la population particulièrement touchés par l'insécurité alimentaire. Les nouvelles méthodes d'interprétation des données sur la sécurité alimentaire présentées dans ce rapport pourront guider les personnes qui entreprendront leurs propres recherches à partir des données du cycle 2.2 de l'ESCC ou des données qui seront obtenues lors des cycles subséquents. Les données de l'ESCC 2.2 constituent un excellent point de départ pour les chercheurs qui souhaitent effectuer des analyses plus poussées visant à mieux comprendre les facteurs ayant une incidence sur la situation de sécurité alimentaire et à faire des liens avec les données sur l'apport alimentaire et nutritionnel. De telles analyses pourraient permettre d'identifier les sous-groupes de la population dont la santé nutritionnelle pourrait être compromise en raison de contraintes financières et d'examiner la situation de sécurité alimentaire des Autochtones vivant hors réserve, une population particulièrement vulnérable. Ces analyses pourraient également guider la prise de décision en matière de politiques et de programmes.

Les ménages considérés en insécurité alimentaire ne sont pas homogènes. En effet, les facteurs de vulnérabilité diffèrent parfois d'un ménage à l'autre, ce qui peut nécessiter le recours à des mesures de prévention différentes. Dans une perspective globale de santé de la population, il est clair que pour régler de façon durable l'insécurité alimentaire liée au revenu, il faudra se pencher sur les facteurs associés au revenu. Les approches macroscopiques, comme les politiques et programmes nationaux, provinciaux ou régionaux ayant pour but de favoriser l'accès à un logement adéquat et abordable, à l'éducation, à un emploi sûr et à un soutien financier au besoin, peuvent avoir une incidence considérable sur les principaux déterminants de la sécurité alimentaire liée au revenu et ainsi alléger le fardeau des personnes les plus vulnérables au Canada. La collaboration entre divers secteurs gouvernementaux de tous les paliers et d'autres secteurs responsables de l'élaboration des politiques en matière de santé ou socio-économiques s'avère essentielle à l'identification de solutions à long terme et durables aux problématiques complexes entourant la sécurité alimentaire liée au revenu.

Les données sur la sécurité alimentaire de l'ESCC 2.2 renferment des informations importantes qui peuvent éclairer les démarches menant à de telles solutions.

1. Introduction

L'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), cycle 2.2, Nutrition (2004) fournit des renseignements sur l'apport alimentaire et nutritionnel au Canada ainsi que sur un vaste éventail de variables associées dont la sécurité alimentaire liée au revenu des ménages2. Le présent rapport renferme des informations sur la situation de sécurité alimentaire liée au revenu à l'échelon des ménages canadiens et de leurs membres adultes et enfants, en 2004. On retrouve sur le site Web de Santé Canada 3 d'autres tableaux préparés suite à l'analyse des données sur la sécurité alimentaire qui renferment, notamment, des informations relatives à chaque province.

Ce rapport vise les objectifs suivants : i) dresser un portrait de l'insécurité alimentaire liée au revenu chez les ménages canadiens en 2004; ii) expliquer une nouvelle approche d'interprétation des données obtenues à partir d'un instrument de mesure normalisé à indicateurs multiples de la sécurité alimentaire des ménages et iii) présenter une discussion sur les enjeux méthodologiques à considérer lors de la comparaison des estimations résultant de l'ESCC 2.2 avec celles d'autres études.

La sécurité alimentaire est considérée à la fois comme un enjeu important en matière de santé publique au Canada (Power, 2005; Rideout, Seed et Ostry, 2006; Tarasuk, 2004) et comme un déterminant social clé de la santé (McIntyre, 2004). Un certain nombre d'études ont démontré un apport alimentaire moins adéquat chez les personnes vivant au sein de ménages en insécurité alimentaire comparativement à celles vivant dans un contexte de sécurité alimentaire (Rose et Oliveira, 1997a, 1997b; Tarasuk et Beaton, 1999).

Qu'est-ce que la sécurité alimentaire?
La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active.

- Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, 1996

Cette définition largement acceptée de la sécurité alimentaire englobe un éventail de problématiques allant de la sécurité de l'approvisionnement alimentaire à un accès constant à des aliments adéquats et culturellement acceptables à l'échelon individuel et des ménages. Elle constitue le fondement du Plan d'action du Canada pour la sécurité alimentaire (Agriculture et Agroalimentaire Canada, 1998) 4. Le module sur la sécurité alimentaire de l'ESCC 2.2 a été adapté à partir du Food Security Survey Module des États-Unis(Bickel, Nord, Price et coll., 2000). Il renferme des situations caractéristiques de la sécurité alimentaire en lien avec la capacité financière des ménages d'avoir accès à des aliments adéquats. Cet aspect de la sécurité alimentaire tient compte du « revenu », l'un des déterminants de la santé les plus importants et les plus reconnus (Comité consultatif fédéral-provincial-territorial sur la santé de la population (CCSP), 1994; Wilkinson et Marmot, 2003) qui est aussi un déterminant clé de la sécurité alimentaire. Dans ce rapport, le terme « sécurité alimentaire » fait référence à la capacité financière des ménages d'avoir accès à des aliments adéquats, soit à l'un des aspects de la définition élargie.

2 Pour de plus amples informations sur l'ESCC, en particulier sur le cycle 2.2 et la méthodologie de l'enquête, on peut consulter l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition (2004), Guide d'accès et d'interprétation des données (disponible à l'adresse suivante : www.hc-sc.gc.ca/fn-an/surveill/nutrition/commun/cchs_focus-volet_escc-eng.php) ainsi que le site Web de Statistique Canada : (www.statcan.ca/francais/concepts/hs/index_f.htm).

3 Pour d'autres tableaux préparés suite à l'analyse des données sur la sécurité alimentaire, veuillez consulter : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition - Sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens : Tableaux de données supplémentaires (disponible en ligne, à l'adresse : (www.hc-sc.gc.ca/fn-an/surveill/nutrition/commun/index-eng.php).

4 Le Canada a présenté le Plan d'action du Canada pour la sécurité alimentaire pour donner suite au Sommet mondial de l'alimentation de 1996 où la communauté internationale avait manifesté sa volonté de veiller à la sécurité alimentaire de tous et de déployer des efforts constants pour éradiquer la faim dans le monde, notamment en s'engageant à réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées d'ici 2015.

De nombreuses études menées au Canada ont révélé qu'un certain nombre de personnes avaient de la difficulté à se procurer des aliments sains et nutritifs de façon constante (Association canadienne des banques alimentaires, 2005; Action Cancer Ontario, 2005; Che et Chen, 2001; Hamelin, Beaudry et Habicht, 1998; Ledrou et Gervais, 2005; McIntyre, Connor et Warren, 1998, 2000; McIntyre, Walsh et Connor, 2001; Rainville et Brink, 2001; Tarasuk, 2001b; Vozoris et Tarasuk, 2003). Bien que des estimations de la prévalence de l'insécurité alimentaire en fonction de divers indicateurs aient été publiées à l'échelon de la population au cours de la dernière décennie, de nombreuses questions demeurent en suspens quant à l'ampleur, la gravité et l'évolution de la prévalence de l'insécurité alimentaire au Canada.

Ce rapport servira de document de référence sur la prévalence de l'insécurité alimentaire à l'échelon des ménages canadiens et de leurs membres, adultes et enfants, en 2004. Il sera utile à toutes les personnes qui s'intéressent à la sécurité alimentaire liée au revenu, notamment aux analystes politiques, aux professionnels de la santé, aux chercheurs ainsi qu'aux professeurs et étudiants universitaires. Ce rapport sera particulièrement utile aux personnes travaillant dans les domaines de la santé ou des sciences sociales reliées à la santé.

L'ESCC 2.2 fournit des données nationales 5 et provinciales obtenues à partir d'un instrument de mesure normalisé à indicateurs multiples de la sécurité alimentaire. Statistique Canada a déjà publié des estimations du nombre de personnes vivant au sein de ménages en insécurité alimentaire au Canada en 2004 en s'appuyant sur ces données (Statistique Canada, 2005). On retrouve dans le présent rapport une nouvelle méthodologie permettant d'interpréter les données de l'ESCC 2.2 qui prévoit, entre autres, l'incorporation des poids d'enquête des ménages (facteur de pondération). Les estimations de la situation de sécurité alimentaire présentées dans ce rapport diffèrent par conséquent de celles fournies auparavant par Statistique Canada. Ce rapport, dans lequel on retrouve une nouvelle approche d'interprétation des données sur la sécurité alimentaire, pourra servir de document de référence aux personnes qui mèneront leurs propres recherches à partir des données de l'ESCC 2.2 ou de données comparables provenant d'enquêtes passées ou futures.

On retrouve à la section 2 du présent rapport une description de la méthodologie utilisée pour interpréter les données sur la sécurité alimentaire obtenues à partir d'un instrument de mesure normalisé à indicateurs multiples de la sécurité alimentaire des ménages. La section 3 renferme les principaux résultats des analyses descriptives effectuées en vue de déterminer la prévalence de la sécurité et de l'insécurité alimentaire chez les adultes, les enfants et les ménages du Canada, notamment au sein de la sous-population autochtone vivant hors réserve, à l'échelon provincial et en fonction des diverses caractéristiques sociodémographiques retenues. On retrouve à la section 4 une discussion des résultats présentés dans ce rapport dans laquelle on fait ressortir les enjeux à considérer lors de la comparaison de ces résultats avec ceux d'autres enquêtes ainsi que les limites de la méthodologie utilisée. Les conclusions des analyses effectuées ainsi que l'impact de celles-ci sur la recherche et les politiques publiques sont présentés à la section 5.

5 L'enquête a été menée dans les dix provinces canadiennes, mais non dans les territoires. Bien que les termes « nationale » et « canadienne » soient utilisés dans le présent document pour désigner l'ampleur de l'échantillon de l'enquête, il faut garder à l'esprit qu'on n'a pas recueilli de données dans les territoires ni dans certaines régions éloignées des provinces.

2. Méthodologie

Les données utilisées dans ce rapport proviennent de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) cycle 2.2, Nutrition (2004), une enquête menée conjointement par Statistique Canada et Santé Canada6. L'objectif principal de l'ESCC 2.2 était de fournir des informations fiables sur l'apport alimentaire des Canadiennes et Canadiens et sur les facteurs associés à celui-ci. La mesure de la prévalence de l'insécurité alimentaire dans différents groupes de la population canadienne était un autre objectif visé par l'ESCC 2.2

La population cible de l'ESCC 2.2 incluait des personnes de tous âges vivant dans des logements privés dans les 10 provinces canadiennes. La population cible n'incluait pas les membres à temps plein des Forces canadiennes, les résidants des territoires, des réserves indiennes et des terres de la Couronne, ni les personnes vivant dans des établissements carcéraux, des centres de santé ou certaines régions éloignées. La population cible représentait environ 98 % de la population canadienne.

Les gouvernements provinciaux de l'Ontario, du Manitoba et de l'Île-du-Prince-Édouard ont subventionné la collecte de données auprès d'échantillons plus importants de leurs populations. Dans toutes les provinces, l'échantillon était réparti proportionnellement entre les populations rurale et urbaine en fonction du nombre de logements dans chacune de ces strates. La sous-population des Autochtones vivant hors réserve était suréchantillonnée dans le cadre de cette enquête; plus de 1 500 Autochtones vivant hors réserve y ont participé. Parmi ceux-ci, on comptait 3 % d'Inuits, 38 % de Métis et 59 % de membres des Premières nations (appelés Indiens de l'Amérique du Nord dans l'instrument d'enquête). Selon le recensement de 2001, presque sept Autochtones sur dix vivent hors réserve au Canada (Statistique Canada 2003).

En tout, 35 107 personnes ont participé à cette enquête au Canada, ce qui représente un taux de réponse de 76,5 %; 33 469 d'entre elles (dont 1 456 répondants autochtones) ont accepté que leurs réponses soient transmises aux partenaires de l'enquête, à savoir Santé Canada, les ministères provinciaux de la Santé et l'Institut de la Statistique du Québec dans le cas des répondants québécois. Le fichier partagé qui en a résulté renferme les données relatives à 95,3 % des répondants inclus dans le fichier maître. La quasi-totalité (99,6 %) de ces répondants (33 346 personnes) a fourni des réponses complètes à l'ensemble des énoncés sur la sécurité alimentaire 7.

6 Pour de plus amples informations sur l'ESCC, en particulier sur le cycle 2.2 et la méthodologie de l'enquête, on peut consulter l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition (2004), Guide d'accès et d'interprétation des données (disponible à l'adresse suivante : www.hc-sc.gc.ca/fn-an/surveill/nutrition/commun/cchs_focus-volet_escc-eng.php) ainsi que le site Web de Statistique Canada : www.statcan.ca/francais/concepts/hs/index_f.htm

7 Parmi les 123 répondants pour lesquels il manquait des données, 49 n'avaient fourni aucun renseignement. Ils ont donc été exclus de toutes les analyses. Les autres répondants avaient fourni, soit i) des données complètes quant aux adultes et des données incomplètes quant aux enfants, soit ii) des données complètes quant aux enfants et des données incomplètes quant aux adultes. Ces ménages n'ont pas été inclus dans les estimations de la sécurité alimentaire des ménages. Ils ont toutefois été inclus dans les estimations de la sécurité alimentaire chez les adultes ou les enfants, selon les données complètes qu'ils avaient fournies

Les données ont été recueillies entre janvier 2004 et janvier 2005. Dans la plupart des cas (93 %), des enquêteurs de Statistique Canada ont procédé à des entrevues en personne au domicile des participants. Les questions sur la sécurité alimentaire ont été posées à des répondants adultes. Dans les cas où le répondant désigné était âgé de moins de 18 ans, ces questions ont été posées à un membre adulte bien au courant de la situation du ménage. On retrouve les questions sur la sécurité alimentaire utilisées dans le cadre de cette enquête à la section 2.4 et à l'annexe A.

Les données analysées dans le présent rapport proviennent du fichier partagé de l'ESCC 2.2 mentionné à la section 2.1. Toutes les analyses ont été effectuées à l'aide de la version 8 du logiciel Statistical Analysis Software (SAS Institute Inc., Cary, C.N., É.-U.). Les intervalles de confiance de 95 % ainsi que les coefficients de variation ont été calculés à l'aide de la version 9.0.1 du logiciel SUDAAN (Research Triangle Institute, Research Triangle Park, C.N., É.-U.) en utilisant la méthode Bootstrap d'estimation de la variance. Les poids d'enquête (facteurs de pondération) ont été fournis par Statistique Canada. Les différences soulignées dans le présent rapport ont été déterminées à partir d'intervalles de confiance qui ne se chevauchent pas. C'est pourquoi elles sont considérées statistiquement significatives au seuil de confiance de 95 %, à moins d'indication contraire. Les comparaisons effectuées entre des groupes non indépendants (p. ex. entre une province en particulier et le « Canada ») sont des comparaisons directes qui ne tiennent pas compte de la relation sous-jacente existant entre ces groupes. Dans de tels cas, il faudrait procéder à des analyses plus sophistiquées pour calculer les véritables différences, ce qui dépasse la portée du présent rapport.

2.3.1 Poids d'enquête

L'utilisation de poids d'enquête lors de l'analyse des données permet d'obtenir des estimations de la prévalence représentatives de la population canadienne. Deux types de poids d'enquête ont été utilisés dans les fichiers partagés de l'ESCC 2.2, à savoir le poids-personne et le poids-ménage. Étant donné que le questionnaire sur la sécurité alimentaire a été conçu en fonction des ménages, la majorité des résultats figurant dans le présent rapport ont été obtenus à l'aide du poids-ménage (pour estimer le nombre de ménages en insécurité alimentaire). Le nombre de personnes vivant dans des ménages en insécurité alimentaire (voir la section 3.4) a été estimé à l'aide du poids-personne.

2.3.2 Comparabilité des profils de réponse des groupes retenus

Avant de procéder à des analyses descriptives de la situation de sécurité alimentaire des ménages, on a effectué des analyses statistiques des profils de réponse des sous-populations retenues. Ces analyses avaient pour but de vérifier si le module d'enquête fonctionnait de la même façon auprès des répondants interviewés en anglais, de ceux interviewés en français et des Autochtones. Elles ont révélé que les énoncés fonctionnent de la même façon auprès de chacune de ces sous-populations. Le biais pouvant résulter de différences au niveau de la compréhension des énoncés par ces trois groupes de ménages ou de leur façon de vivre et de décrire l'insécurité alimentaire est donc faible ou négligeable. L'annexe B renferme des explications complémentaires sur les analyses effectuées.

2.4 Module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages (MESAM)

Le module sur la sécurité alimentaire de l'ESCC 2.2, ainsi que les méthodes utilisées pour évaluer la situation de sécurité alimentaire des ménages canadiens et de leurs membres, adultes et enfants, ont été adaptés à partir de méthodes de mesure de la sécurité alimentaire élaborées aux États-Unis (Bickel, Nord, Price et coll. 2000; Hamilton, Cook, Thompson et coll. 1997a, 1997b; Nord et Bickel 2002) (voir l'annexe B) . Ces méthodes ont permis de suivre l'évolution de la sécurité alimentaire des ménages américains d'une année à l'autre depuis 1995 dans le cadre de la Current Population Survey (CPS) 8. Elles ont aussi été utilisées à des fins de surveillance et dans le cadre de recherches sur l'insécurité alimentaire aux États-Unis, au Canada et ailleurs dans le monde 9.

Le module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages (MESAM) de l'ESCC 2.2 permet de recueillir des informations auprès des répondants quant à un accès incertain, insuffisant ou inadéquat aux aliments, à la disponibilité des aliments ou à une utilisation différente des aliments en raison d'un manque de ressources financières, tout cela pouvant compromettre l'apport ou les habitudes alimentaires. Ce module ne tient pas compte des autres facteurs pouvant compromettre l'apport alimentaire, comme les régimes ou les jeûnes volontaires. Le MESAM est un instrument de mesure qui permet d'évaluer la situation de sécurité alimentaire des ménages et celle des adultes et des enfants en tant que groupes, au sein de ceux-ci. Il ne permet toutefois pas de déterminer la situation de sécurité alimentaire de chacun des membres du ménage puisqu'on ne peut pas prendre pour acquis que toutes les personnes vivant au sein d'un ménage sont dans la même situation de sécurité alimentaire.

Le MESAM comprend 18 énoncés relatifs à la situation de sécurité alimentaire des ménages au cours des douze mois ayant précédé l'enquête, le degré de gravité de l'insécurité alimentaire allant de la crainte de manquer de nourriture à la privation absolue de nourriture pendant toute une journée chez les enfants. Dix de ces dix-huit énoncés portent sur les situations vécues par les adultes au sein du ménage ou par le ménage en général, tandis que les huit autres portent sur les situations vécues par les enfants de moins de 18 ans vivant au sein du ménage. Dans chaque énoncé, on précise que le manque d'argent ou de moyens pour se procurer des aliments est à l'origine de la situation ou du comportement.

Le MESAM comporte différentes « questions filtres » internes visant à alléger la tâche des répondants. Ainsi, étant donné que les énoncés sont présentés en ordre croissant de gravité, on ne demande pas aux répondants de se prononcer sur les énoncés subséquents lorsque les réponses obtenues jusque là ont démontré qu'on n'obtiendrait probablement pas de réponses affirmatives aux énoncés suivants. La plupart des répondants ne se prononcent donc pas sur chacun des énoncés entourant la situation des adultes et/ou celle des enfants au sein de leur ménage. On utilise les mêmes questions filtres internes dans le MESAM que dans le modèle américain. On explique également comment les utiliser (voir l'annexe A) .

Avant de se prononcer sur les énoncés du MESAM, les répondants devaient répondre à une question relative à la situation de leur ménage à l'égard de l'alimentation au cours de l'année précédente. Cette question, qu'on appelle souvent question sur la suffisance alimentaire (Bickel, Nord, Price et coll., 2000) vise à déterminer si les répondants ou les autres membres de leur ménage 1) avaient eu assez des types d'aliments qu'ils avaient voulu manger; 2) n'avaient pas toujours eu assez des types d'aliments qu'ils avaient voulu manger; 3) n'avaient parfois pas eu assez à manger ou 4) n'avaient souvent pas eu assez à mangerau cours des douze derniers mois (voir la question 1 du MESAM à l'annexe A) . Dans cette question, on ne suggère pas d'explications possibles de la situation à l'égard de l'alimentation, comme le « manque d'argent », par exemple. Les réponses à cette question n'ont pas contribué directement à l'évaluation de la situation de sécurité alimentaire. Toutefois, les personnes ayant répondu affirmativement aux énoncés 3 ou 4 ont été « retenues » à la première étape du processus de sélection. On leur a ensuite demandé de répondre au deuxième volet du MESAM.

8 Voir Nord, Andrews, et Carlson 2006, pour obtenir le rapport le plus récent de la série.

9 Voir entre autres Broughton, Janssen, Hertzman et coll., 2006; Cancer Care Ontario, 2005; Connell, Nord, Lofton et Yadrick, 2004; Lawn et Harvey, 2003, 2004a, 2004b; Melgar-Quinonez, Zubieta, MkNelly et coll., 2006; Stuff, Casey et Szeto, 2004; Tarasuk 2001b; Tarasuk et Beaton, 1999; et Whitaker et Orzol 2006.

2.5 Évaluation de la situation de sécurité alimentaire

Les méthodes utilisées dans ce rapport en vue de déterminer la situation de sécurité alimentaire diffèrent de l'approche type développée aux États-Unis dans le cadre de la plupart des études antérieures. On retrouve dans la présente section une description de l'approche retenue en vue de déterminer la situation de sécurité alimentaire des ménages au Canada.

2.5.1 Catégories de situation de sécurité alimentaire

On a utilisé les trois catégories suivantes pour décrire la situation de sécurité alimentaire des adultes, des enfants et des ménages en général : i) sécurité alimentaire, ii) insécurité alimentaire modérée et iii) insécurité alimentaire grave. Quoique légèrement différentes, ces catégories correspondent globalement à celles utilisées par l'US Department of Agriculture (USDA) dans ses rapports de surveillance (« sécurité alimentaire », « insécurité alimentaire, sans faim », « insécurité alimentaire, avec faim »). Les termes « avec faim » et « sans faim » n'ont pas été utilisés dans le présent rapport étant donné qu'on s'interrogeait à savoir si l'instrument de mesure permettait d'évaluer adéquatement l'expérience de la « faim » (National Research Council, 2006). Suite à la recommandation formulée par le National Research Council, l'USDA utilise depuis peu un nouveau langage pour indiquer le degré de gravité de l'insécurité alimentaire (Nord, Andrews et Carlson, 2006). Ainsi, les termes « faible sécurité alimentaire » et « très faible sécurité alimentaire » ont remplacé les termes « insécurité alimentaire, sans faim » et « insécurité alimentaire, avec faim », respectivement, dans les rapports de l'USDA.

2.5.2 Situation de sécurité alimentaire des adultes, des enfants et des ménages

Après avoir analysé les données provenant du MESAM dans le but d'évaluer la situation de sécurité alimentaire des adultes et celle des enfants au sein des ménages, on a calculé la prévalence de la sécurité ou de l'insécurité alimentaire des ménages à partir de celle des adultes et des enfants (le cas échéant) qui les composaient. Les dix énoncés relatifs aux adultes (échelle de sécurité alimentaire des adultes) ont été utilisés pour déterminer la situation de sécurité alimentaire des adultes, tandis que les huit énoncés relatifs aux enfants (échelle de sécurité alimentaire des enfants) ont été utilisés pour déterminer la situation de sécurité alimentaire des enfants. Dans le cas des ménages sans enfants, la situation de sécurité alimentaire des adultes correspondait à celle du ménage. Dans le cas des ménages avec enfants, on a tenu compte des résultats de l'analyse de la situation de sécurité alimentaire des adultes et des enfants pour déterminer la situation du ménage. Lorsqu'aussi bien les adultes que les enfants d'un ménage étaient en situation de sécurité alimentaire, le ménage était considéré en sécurité alimentaire. Lorsque soit les adultes, soit les enfants, ou ces deux groupes de personnes à la fois étaient en insécurité alimentaire et qu'aucun de ces groupes ne souffrait d'insécurité alimentaire grave, le ménage était considéré en insécurité alimentaire modérée. Lorsque les adultes ou les enfants d'un ménage étaient en insécurité alimentaire grave, le ménage était considéré en insécurité alimentaire grave.

Dans la méthode type utilisée aux États-Unis, on évalue la situation de sécurité alimentaire des ménages avec enfants à partir des 18 énoncés à la fois et non à partir de deux échelles distinctes (voir entre autres Nord, Andrews et Carlson, 2006). La recherche a démontré que le recours à une échelle unique pouvait comporter des failles étant donné que la relation entre la situation des adultes et celle des enfants au sein d'un même ménage est fortement tributaire de l'âge des enfants (Nord et Bickel, 2002). L'approche consistant à aborder de façon distincte la situation des adultes et celle des enfants au sein des ménages va dans le même sens que celle adoptée dans le cadre des analyses entourant le module à 18 énoncés sur la sécurité alimentaire ayant été utilisé dans le cadre des enquêtes de base relatives aux Projets-pilotes du Programme d'approvisionnement alimentaire par la poste mis en oeuvre dans trois collectivités nordiques isolées 10 (Lawn et Harvey, 2003, 2004a et 2004b). Cette approche s'est avérée utile dans le cadre de ces enquêtes puisqu'elle a permis de conclure que la prévalence et la gravité de l'insécurité alimentaire étaient les mêmes chez les enfants et chez les adultes. Cet important résultat aurait été occulté si on avait utilisé une échelle unique pour déterminer l'insécurité alimentaire des ménages.

10 Le Programme d'approvisionnement alimentaire par la poste du Canada a pour objectif de faire la promotion d'une saine alimentation et d'accroître la sécurité alimentaire dans les collectivités éloignées ou isolées du Nord canadien en réduisant le tarif postal exigé pour expédier des aliments périssables prioritaires. Les projets-pilotes comprenaient également d'autres volets, à savoir éducation nutritionnelle, formation des détaillants sur la manipulation et la conservation des aliments, étiquetage des aliments périssables prioritaires et enquêtes périodiques sur les prix et la qualité des aliments.

2.5.3 Seuils de positivité utilisés pour la définition des catégories de sécurité alimentaire

La situation de sécurité alimentaire des enfants et des adultes au sein des ménages a été déterminée à partir du nombre de caractéristiques de l'insécurité alimentaire déclarées, c'est-à-dire du nombre d'énoncés du MESAM auxquels les répondants avaient répondu affirmativement au nom de leur ménage. On retrouve de plus amples informations sur les réponses fournies à chacun des énoncés de ce module à l'annexe C. Selon les énoncés, une réponse était considérée « affirmative » lorsque le répondant avait répondu i) « oui », ii) « souvent » ou « parfois », ou encore iii) « presque tous les mois » ou « certains mois, mais pas tous les mois ». Pour qu'un ménage soit considéré en sécurité alimentaire, aucune réponse affirmative, ou pas plus d'une réponse affirmative, ne devait avoir été fournie pour un énoncé quelconque de l'échelle des adultes ou de celle des enfants (voir l'encadré « Situation de sécurité alimentaire »). Cette façon de procéder diffère de l'approche type utilisée aux États-Unis dans laquelle on accepte deux réponses affirmatives. Comme l'explique Tarasuk (2001a, p. 36 et 37), la recherche permet de supposer que le seuil de positivité fixé à « trois réponses affirmatives ou plus » aux États-Unis, était peut-être trop élevé puisque deux réponses affirmatives permettent de supposer un certain niveau d'insécurité alimentaire. Un seuil de positivité de deux réponses affirmatives, moins conservateur que celui des États-Unis, a été adopté suite aux avis d'experts chefs de file en matière de nutrition et de sécurité alimentaire, en prenant en compte à la fois le contenu cognitif des énoncés et les résultats de recherches entourant la santé, la nutrition et les conditions de développement des enfants au sein des ménages se situant dans cette zone incertaine de sécurité/d'insécurité alimentaire. Même lorsqu'on adopte ce seuil moins conservateur, la faible proportion de ménages ayant répondu affirmativement à un seul énoncé pourrait être en situation marginale de sécurité alimentaire, aussi bien dans le cas des adultes que des enfants ou de l'ensemble du ménage.

Situation de sécurité alimentaire
Catégorie Description de la catégorie
Échelle de sécurité
alimentaire des
adultes (10 énoncés)
Échelle de sécurité
alimentaire des
enfants (8 énoncés)
Sécurité alimentaire Aucun ou un seul signe de difficulté d'avoir accès à des aliments en raison du revenu.

De 0 à 1 réponse affirmative.
Aucun ou un seul signe de difficulté d'avoir accès à des aliments en raison du revenu.

De 0 à 1 réponse affirmative
Insécurité alimentaire modérée Signes que la qualité et/ou la quantité des aliments consommés est compromise.

De 2 à 5 réponses affirmatives.

Signes que la qualité et/ou la quantité des aliments consommés est compromise.

De 2 à 4 réponses affirmatives.
Insécurité alimentaire grave Signes de réduction de l'apport alimentaire et de perturbation des habitudes alimentaires.

6 réponses affirmatives ou plus
Signes de réduction de l'apport alimentaire et de perturbation des habitudes alimentaires.

5 réponses affirmatives ou plus.

Dans le cadre du présent rapport, les ménages ont été classés dans la catégorie d'insécurité alimentaire « modérée » lorsqu'ils avaient déclaré plusieurs signes de difficulté d'accès aux aliments chez les adultes et/ou les enfants sans jamais, sinon rarement, avoir mentionné de situations de réduction de l'apport alimentaire. Ces ménages avaient, par exemple, rapporté un apport alimentaire inadéquat ou des compromis au niveau de la qualité des aliments consommés. Les ménages classés dans la catégorie de l'insécurité alimentaire « grave » avaient déclaré des habitudes alimentaires perturbées et un apport alimentaire réduit chez les enfants ou les adultes en plus des difficultés vécues par les ménages en insécurité alimentaire modérée.

2.6 Variables descriptives

Les pourcentages de ménages classés dans chacune des trois catégories de sécurité alimentaire ont été calculés pour chacune des sous-populations en fonction d'un certain nombre de caractéristiques économiques et sociodémographiques des ménages, notamment le type de ménage, la capacité du revenu, la principale source de revenu du ménage, le plus haut niveau d'études achevé dans le ménage et le fait d'être propriétaire ou non du logement. On retrouve une description de ces variables à l'annexe D.

3. Principaux résultats

Des analyses descriptives ont été entreprises afin de déterminer la prévalence de la sécurité alimentaire et de l'insécurité alimentaire chez les ménages canadiens et leurs membres, enfants et adultes, notamment dans la sous-population des Autochtones vivant hors réserve 11 et à l'échelon provincial. D'autres analyses ont été effectuées en fonction des différentes variables sociodémographiques retenues afin d'identifier des sous-groupes de la population plus touchés par l'insécurité alimentaire. On retrouve dans la présente section les principaux résultats de ces analyses. Des tableaux détaillés sont présentés à l'annexe E. On retrouve sur le site Web de Santé Canada 12 d'autres tableaux préparés suite à l'analyse des données sur la sécurité alimentaire qui renferment, notamment, des informations relatives à chaque province.

Presque toutes les estimations de la prévalence sont fondées sur le pourcentage de ménages appartenant à chacune des catégories de situation de sécurité alimentaire. Les estimations présentées à la section 3.4 font exception puisqu'il s'agit de pourcentages de personnes vivant dans des ménages en situation de sécurité ou d'insécurité alimentaire au Canada.

11 On s'est appuyé sur les réponses affirmatives à la question « Les gens qui habitent au Canada ont des origines culturelles et raciales très variées. Êtes-vous Autochtone? (Indien de l'Amérique du Nord, Métis ou Inuit)? » pour déterminer si les répondants, et donc les ménages, étaient Autochtones. On reconnaît toutefois que tous les membres de ces ménages ne se considéraient pas nécessairement de culture ou d'origine ethnique autochtone.

12 Pour d'autres tableaux préparés suite à l'analyse des données sur la sécurité alimentaire, veuillez consulter : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition - Sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens : Tableaux de données supplémentaires (disponible en ligne, à l'adresse : www.hc-sc.gc.ca/fn-an/surveill/nutrition/commun/index-eng.php)

3.1 Situation de sécurité alimentaire des ménages

En 2004, 90,8 % des ménages canadiens vivaient dans un contexte de sécurité alimentaire. Les autres ménages canadiens, soit 1,1 million (9,2 %) des ménages étaient en insécurité alimentaire modérée ou grave (voir la figure 3.1 et le tableau E.1). Dans ces ménages, soit les adultes ou les enfants (le cas échéant) ou encore ces deux groupes à la fois avaient vécu en insécurité alimentaire modérée ou grave. À l'échelon provincial, la prévalence de l'insécurité alimentaire des ménages variait entre 8,1 % (Saskatchewan) et 14,6 % (Nouvelle-Écosse) (voir la figure 3.2 et le tableau E.2). Exception faite de la Nouvelle-Écosse, la prévalence de l'insécurité alimentaire dans chacune des provinces n'était pas différente de la moyenne nationale (9,2 %) sur le plan statistique.

Figure 3.1 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages, Canada, 2004

Figure 3.1 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages, Canada, 2004

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

Figure 3.2 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages par province, Canada, 2004

Figure 3.2 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages par province, Canada, 2004

E Données pour lesquelles le coefficient de variation (CV) se situe entre 16,6 % et 33,3 %. Ces données doivent être interprétées avec prudence.

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

Chez les ménages autochtones vivant hors réserve, on observait une prévalence et un degré de gravité plus élevés d'insécurité alimentaire que chez les ménages non autochtones (voir la figure 3.3 et le tableau E.3). Ainsi, un ménage autochtone sur trois (33,3 %) était en insécurité alimentaire dont 14,4 % en insécurité alimentaire grave, c'est-à-dire 43 % des ménages en insécurité alimentaire. À titre de comparaison, 8,8 % des ménages non autochtones étaient en insécurité alimentaire dont 2,7 % en insécurité alimentaire grave, c'est-à-dire 31 % des ménages en insécurité alimentaire.

Figure 3.3 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages, ménages autochtones et non autochtones, Canada, 2004

Figure 3.3 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages, ménages autochtones et non autochtones, Canada, 2004

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

3.2 Situation de sécurité alimentaire des ménages selon le type de ménage

3.2.1 Ménages avec enfants

En 2004, la prévalence globale de l'insécurité alimentaire au Canada était plus élevée chez les ménages avec enfants (10,4 %) que chez les ménages sans enfants (8,6 %) (voir le tableau E.1). Dans 5,2 % des ménages avec enfants, au moins un enfant avait été en insécurité alimentaire au cours de l'année précédente (voir le tableau E.1). Par ailleurs, 38,8 % des ménages autochtones avec enfants avaient souffert d'insécurité alimentaire, comparativement à 27,8 % des ménages autochtones sans enfants (voir le tableau E.3).13 Près du quart des ménages autochtones avec enfants (23,1 %) avaient rapporté l'insécurité alimentaire chez les enfants (voir le tableau E.3), une prévalence beaucoup plus élevée que celle observée chez les ménages non autochtones (4,8 %) (données non présentées).

Dans l'ensemble, la prévalence de l'insécurité alimentaire était plus élevée chez les ménages ayant au moins un enfant de moins de six ans (13,0 %) comparativement à ceux n'en ayant pas (8,8 %) (voir la figure 3.4 et le tableau E.1). Cette différence semble être liée à une prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire chez les adultes de ces ménages, mais non chez les enfants. La prévalence de l'insécurité alimentaire était également plus élevée chez les ménages comptant trois enfants ou plus (15,0 %) comparativement à ceux comptant un ou deux enfants (9,6 %). On observait des taux d'insécurité alimentaire plus élevés, à la fois chez les adultes (13,9 %) et chez les enfants (8,6 %) dans les ménages comptant trois enfants ou plus que dans ceux comptant moins d'enfants (9,0 % chez les adultes et 4,6 % chez les enfants).

Chez les ménages monoparentaux ayant une femme à leur tête, la prévalence de l'insécurité alimentaire (24,9 %) était trois fois plus élevée que celle observée chez les ménages monoparentaux ayant un homme à leur tête (8,3 %, à interpréter avec prudence) ou un couple à leur tête (7,6 %). La prévalence de l'insécurité alimentaire grave était cinq fois plus élevée au sein des ménages monoparentaux ayant une femme à leur tête (7,5 %) que chez les ménages ayant un couple à leur tête (1,4 %). Dans le cas des ménages autochtones avec enfants, plus de la moitié des ménages monoparentaux ayant une femme à leur tête (53,1 %) et plus du quart des ménages ayant un couple à leur tête (27,5 %) avaient vécu en insécurité alimentaire (voir le tableau E.3).

13 Remarque : Étant donné que les intervalles de confiance associés à ces estimations se chevauchent, les différences observées ne sont pas statistiquement significatives au seuil de confiance de 95 %.

Figure 3.4 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages canadiens avec enfants selon les caractéristiques retenues, 2004

Figure 3.4 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages canadiens avec enfants selon les caractéristiques retenues, 2004

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

3.2.1.1 Situation de sécurité alimentaire des adultes et des enfants au sein des ménages

En 2004, on estimait que 412 300 ménages canadiens avec enfants étaient en insécurité alimentaire; 317 100 de ces ménages étaient en insécurité alimentaire modérée et 95 200 en insécurité alimentaire grave (voir le tableau E.1). À la fois les adultes et les enfants souffraient d'insécurité alimentaire dans 44,4 % de ces ménages et seulement les adultes dans 49,8 % d'entre eux (voir le tableau 3.1). Dans quelques-uns de ces ménages (un peu moins de 6 %), seulement l'enfant ou les enfants avaient souffert d'insécurité alimentaire, tandis que les adultes étaient en situation de sécurité alimentaire. Dans la plupart (soit 85,0 %) des 95 200 ménages (nombre estimatif) en insécurité alimentaire grave, seuls les adultes étaient touchés. Dans 11,3 % de ces ménages, l'insécurité alimentaire grave touchait à la fois les adultes et les enfants.

Tableau 3.1 Situation de sécurité alimentaire des enfants et des adultes, ménages avec enfants, Canada, 2004 1,2

  Ensemble des
ménages
en insécurité alimentaire3
Ménages en
insécurité
alimentaire grave4
  Insécurité alimentaire Insécurité
alimentaire grave
  n % n %
Adultes et enfants 182 900 44.4% 10 800 11.3%
Adultes seulement 205 300 49.8% 81 000 85.0%5
Enfants seulement 24 100 5.8 % F F

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

Légende :
n Taille pondérée de l'échantillon arrondie à la centaine la plus proche.
F Données pour lesquelles le coefficient de variation (CV) est supérieur à 33,3 % ou la taille de l'échantillon non pondéré inférieure à 30. Ces données ont été supprimée
s.

Notes :
1. Les territoires et les réserves indiennes ne sont pas inclus.
2. On entend par « enfants », les personnes de moins de 18 ans.
3. Cette catégorie comporte 412 300 ménages ou 10,4 % de tous les ménages avec enfants; ces ménages étaient en insécurité alimentaire modérée ou grave.
4. Cette catégorie comporte 95 200 ménages ou 2,4 % de tous les ménages avec enfants.
5. Les enfants étaient, soit en sécurité alimentaire (22,1 %), soit en insécurité alimentaire modérée (63,0 %).

3.2.2 Ménages sans enfants

Chez les ménages canadiens sans enfants, la prévalence de l'insécurité alimentaire était plus élevée dans les ménages formés d'une personne vivant seule (13,7 %) que dans ceux comprenant un couple (3,5 %) (voir le tableau E.1). On observait à peu près le même portrait dans les dix provinces (données non présentées). Par ailleurs, l'insécurité alimentaire touchait 27,8 % des ménages autochtones sans enfants, plus de la moitié (58 %) de ces ménages étant considérés en insécurité alimentaire grave (16,2 %, à interpréter avec prudence).

3.3 Situation de sécurité alimentaire selon les caractéristiques sociodémographiques retenues

Les comparaisons effectuées entre les situations de sécurité alimentaire observées chez différents groupes sociodémographiques (voir les figures 3.5, 3.6, 3.7 et 3.8 ainsi que le tableau E.1) ont révélé une importante relation entre la capacité du revenu 14 et l'insécurité alimentaire des ménages. À l'échelon national, la prévalence de l'insécurité alimentaire augmentait à mesure que la capacité du revenu diminuait (voir la figure 3.5). Ainsi, chez les ménages classés dans la catégorie de capacité du revenu « le plus bas » on observait autant d'insécurité alimentaire grave que modérée (24,8 % et 23,5 %, respectivement) contrairement aux ménages appartenant aux autres catégories de capacité du revenu où l'insécurité alimentaire modérée prédominait. Cela s'explique par la prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire grave chez les adultes dans les ménages (24,9 %) appartenant à la catégorie de capacité du revenu « le plus bas ». On observait aussi une prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire chez les enfants dans les ménages appartenant à la catégorie de capacité du revenu « le plus bas » ou « bas-moyen » (22,7 % et 27,7 %, respectivement) comparativement aux catégories « moyen » ou « moyen-élevé » (8,3 % et 2,6 %, respectivement). Dans les ménages autochtones appartenant à la catégorie de capacité du revenu « le plus bas », la prévalence de l'insécurité alimentaire grave à l'échelon des ménages (45,9 %) et des adultes (45,9 %) était approximativement deux fois plus élevée que celle de l'insécurité alimentaire modérée à l'échelon des ménages (23,3 %, à interpréter avec prudence) et des adultes (22,0 %, à interpréter avec prudence) (voir le tableau E.3).

14 Le revenu des ménages a été classé en cinq catégories à partir d'une variable nominale de capacité du revenu. Cette variable, définie par Statistique Canada, est fondée sur des données entourant le revenu brut total des ménages au cours des douze derniers mois et la taille des ménages (voir l'annexe D).

Figure 3.5 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages canadiens selon la capacité du revenu, 2004

Figure 3.5 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages canadiens selon la capacité du revenu, 2004

E Données pour lesquelles le coefficient de variation (CV) se situe entre 16,6 % et 33,3 %. Ces données doivent être interprétées avec prudence.

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

La prévalence de l'insécurité alimentaire était plus élevée chez les ménages ayant comme principale source de revenu « l'aide sociale » (59,7 %) ou « les indemnités d'accident du travail/ l'assurance-emploi » (29,0 %) que chez les ménages ayant d'autres principales sources de revenu (voir la figure 3.6). Chez les ménages ayant comme principale source de revenu l'aide sociale, on observait des taux semblables d'insécurité alimentaire grave (30,2 %) et d'insécurité alimentaire modérée (29,6 %). La prévalence de l'insécurité alimentaire était beaucoup plus faible chez les ménages ayant comme principale source de revenu des « salaires/ traitements » ou des « régimes de pension/ prestations aux aînés » (7,3 % et 4,9 %, respectivement). Dans le cas des Autochtones, on observait une prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire chez les ménages ayant comme principale source de revenu l'« aide sociale » (67,7 %) et d'« autres » types de revenus (66,6 %)15 que chez les ménages recevant des « salaires/ traitements » (21,8 %) (voir le tableau E.3). Dans les cas où l'aide sociale constituait la principale source de revenu du ménage, on observait une prévalence élevée de l'insécurité alimentaire chez les enfants. Dans l'ensemble des ménages ayant l'aide sociale comme principale source de revenu, la prévalence de l'insécurité alimentaire chez les enfants était de 37,8 % comparativement à 57,8 % dans les ménages autochtones.

Figure 3.6 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages canadiens selon la principale source de revenu, 2004

Figure 3.6 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages canadiens selon la principale source de revenu, 2004

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004
- Fichier partagé, poids des ménages

E Données pour lesquelles le coefficient de variation (CV) se situe entre 16,6 % et 33,3 %. Ces données doivent être interprétées avec prudence.

Le fait de ne pas être propriétaire du logement était associé à une prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire. En effet, un ménage non propriétaire sur cinq (20,5 %) était considéré en insécurité alimentaire comparativement à seulement 3,9 % des ménages propriétaires de leur logement (voir le tableau E.1 et la figure 3.7). Un ménage autochtone non propriétaire sur deux (49,5 %) était considéré en insécurité alimentaire. Dans 34,2 % de ces ménages (un ménage sur trois), l'insécurité alimentaire touchait les enfants (voir le tableau E.3).

Dans l'ensemble des ménages, on observait une prévalence plus faible de l'insécurité alimentaire lorsque le plus haut niveau d'études achevé dans le ménage correspondait à un diplôme d'études postsecondaires comparativement aux trois autres niveaux d'études retenus. On observait une situation similaire chez les ménages autochtones considérés en tant que groupe distinct. Toutefois, la prévalence de l'insécurité alimentaire était trois fois plus élevée chez les ménages autochtones classés dans le plus haut niveau d'études achevé (20,9 %) (voir le tableau E.3) que chez les ménages non autochtones (6,8 %) (données non présentées). Elle était plus d'une fois et demie plus élevée que chez les ménages non autochtones ayant le plus faible niveau d'études achevé, à savoir « moins qu'un diplôme d'études secondaires » (12,8 %) (données non présentées).

La prévalence de l'insécurité alimentaire était globalement plus élevée chez les ménages vivant en région urbaine (9,6 %) que chez ceux vivant en région rurale (7,3 %). Dans le cas des ménages autochtones, la prévalence de l'insécurité alimentaire semblait plus élevée en région urbaine (36,2 %) qu'en région rurale (24,3 %). Les différences entre ces estimations ne sont toutefois pas significatives sur le plan statistique (voir le tableau E.3).


15 Les « autres » types de revenus comprennent les « pensions alimentaires aux enfants », les « pensions alimentaires au conjoint(e) », les « crédits d'impôt pour enfants », les « dividendes et intérêts » et les « autres » types de revenus.

Figure 3.7 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages canadiens selon les caractéristiques retenues, 2004

Figure 3.7 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages canadiens selon les caractéristiques retenues, 2004

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

À quelques exceptions près, les estimations provinciales de la prévalence de l'insécurité alimentaire des ménages en fonction des caractéristiques sociodémographiques retenues se rapprochaient de la moyenne canadienne. Une exception mérite toutefois d'être signalée : la prévalence de l'insécurité alimentaire au sein des ménages albertains ayant comme principale source de revenu l'aide sociale (84,0 %) (données non présentées) était supérieure à celle observée chez l'ensemble des ménages canadiens qui dépendent principalement de l'aide sociale (59,7 %).

3.4 Nombre de personnes vivant au sein de ménages en insécurité alimentaire au Canada

Les estimations présentées dans les sections précédentes se rapportent au nombre de ménages canadiens en diverses situations de sécurité alimentaire, celles-ci ayant été déterminées à partir de l'application de poids d'enquête associés aux ménages. On retrouve dans la présente section des données sur le nombre de personnes vivant dans des ménages en insécurité alimentaire16. Ces estimations ont été obtenues en appliquant des poids d'enquête associés aux personnes. Comme tous les membres d'un ménage en insécurité alimentaire ne sont pas nécessairement touchés, on ne peut pas prendre pour acquis que le répondant se trouvait dans la même situation de sécurité alimentaire que l'ensemble du ménage. Par conséquent, il est impossible d'évaluer le nombre de personnes en insécurité alimentaire au Canada à partir du MESAM.

En 2004, 8,8 % de la population canadienne, soit environ 2,7 millions de personnes, vivaient au sein de ménages en insécurité alimentaire (voir le tableau E.4). L'insécurité alimentaire touchait principalement des adultes, mais elle touchait aussi 711 300 enfants (données non présentées). Même si ces enfants vivaient au sein de ménages en insécurité alimentaire, ils n'ont pas nécessairement souffert d'insécurité alimentaire.

Plus de trois quarts de million de Canadiennes et Canadiens (777 200), dont 366 200 enfants, vivaient au sein de ménages où un ou plusieurs enfants étaient en insécurité alimentaire (données non présentées). Étant donné que l'instrument de mesure permet seulement d'affirmer qu'un enfant quelconque du ménage était en insécurité alimentaire, on ne peut pas conclure que tous les enfants d'un même ménage étaient touchés.

Le tiers (32,9 %) des Autochtones vivant hors réserve au Canada, soit environ 190 000 personnes, vivaient au sein de ménages en insécurité alimentaire; 83 700 d'entre eux vivaient dans des ménages où l'insécurité alimentaire touchait les enfants. Le tableau E.4 renferme des renseignements complémentaires sur le nombre de personnes vivant au sein de ménages en insécurité alimentaire au Canada.

16 Dans le cadre des cycles subséquents de l'ESCC au cours desquels les questions du MESAM seront posées à l'échelon des « régions sociosanitaires », seuls les poids d'enquête associés aux personnes seront disponibles. Les résultats des analyses effectuées à l'échelon des régions sociosanitaires seront comparables à ceux présentés dans cette section, c'est-à-dire qu'on obtiendra des estimations du nombre et du pourcentage de personnes vivant au sein de ménages ayant connu certaines situations caractéristiques de l'insécurité alimentaire.

4. Discussion

Les résultats présentés dans ce rapport permettent de mieux comprendre la prévalence de l'insécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens ainsi que les facteurs de vulnérabilité associés. Un grand nombre de résultats vont dans le même sens que ceux d'études antérieures ou s'inscrivent dans le prolongement de celles-ci. De nombreuses études canadiennes ont en effet révélé l'existence d'une relation incontestable entre le faible revenu des ménages et l'insécurité ou l'insuffisance alimentaire (Che et Chen, 2001; Hamelin, Beaudry et Habicht, 1998; Ledrou et Gervais, 2005; McIntyre, Connor et Warren, 1998, 2000; McIntyre, Walsh et Connor, 2001; Rainville et Brink, 2001; Vozoris et Tarasuk, 2003). On s'attendait à observer une telle relation puisque la plus grande partie des instruments d'enquête avait été conçue dans le but d'évaluer l'accès aux aliments dans un contexte de ressources financières limitées. Des études antérieures ont démontré que le risque d'insécurité alimentaire liée au revenu était plus élevé au sein des sous-groupes considérés les plus vulnérables dans le cadre de la présente enquête, à savoir les Autochtones vivant hors réserve (Che et Chen, 2001; McIntyre, Connor et Warren, 2000), les ménages ayant comme principale source de revenu l'aide sociale (Che et Chen, 2001; McIntyre, Connor et Warren, 2000; Vozoris et Tarasuk, 2003), les ménages monoparentaux ayant à leur tête une femme (Che et Chen, 2001; Ledrou et Gervais, 2005; McIntyre, Walsh et Connor, 2001; Vozoris et Tarasuk, 2003) et les ménages non propriétaires de leur logement (Che et Chen, 2001; Vozoris et Tarasuk, 2003). Même si la constatation à l'effet qu'environ 60 % des ménages vivant principalement de l'aide sociale étaient en insécurité alimentaire soulève des préoccupations, ce résultat n'est guère surprenant. Un rapport du Conseil national du bien-être social, publié en 2006, souligne en effet que les revenus provenant du bien-être social (aide sociale) ne cessent de diminuer chez de nombreux prestataires (Conseil national du bien-être social, 2006). Selon ce rapport, les revenus provenant du bien-être social se situaient bien en deçà du seuil de la pauvreté et du revenu moyen et médian des ménages en 2005 chez la plupart des types de ménages dans l'ensemble du pays.

Les données de l'ESCC 2.2 confirment que la prévalence de l'insécurité alimentaire était généralement plus élevée en 2004 chez les adultes que chez les enfants au sein des ménages (plus particulièrement en cas d'insécurité alimentaire grave). Des études antérieures ont révélé que les adultes, surtout les mères, compromettaient leur propre apport alimentaire afin de minimiser les privations chez leurs enfants (Badun, Evers et Hooper, 1995; Campbell et Desjardins, 1989; McIntyre, Glanville, Raine et coll., 2003), ce qui appuie davantage cette conclusion.

4.1 Comparaison des estimations de la prévalence - Points à considérer

Il faut éviter de comparer directement les estimations de la prévalence de la sécurité alimentaire obtenues à partir de l'ESCC 2.2 avec celles obtenues à partir d'enquêtes précédentes. Étant donné qu'on n'utilise pas le même nombre de questions ni les mêmes questions d'une enquête à l'autre, des aspects différents de la sécurité alimentaire ont pu être évalués. L'ESCC 2.2 est la première enquête nationale canadienne utilisant le MESAM à 18 énoncés. Les enquêtes nationales antérieures, dont l'Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) et les cycles antérieurs de l'ESCC, comportaient seulement quelques questions sur la sécurité alimentaire des ménages. Ainsi, l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ) comportait deux questions sur la faim chez les enfants, tandis qu'un certain nombre d'enquêtes provinciales sur la nutrition menées au cours des années 1990 comportaient quelques questions sur la sécurité alimentaire. Même si on a pu identifier certains sous-groupes vulnérables à partir de ces enquêtes, en s'appuyant sur la fréquence des réponses à chacune des questions, il est très difficile d'estimer la prévalence globale de la sécurité alimentaire en l'absence d'un cadre analytique clair permettant d'interpréter ces réponses (Tarasuk, 2001a). Bien que des efforts aient été déployés pour obtenir des estimations globales de la prévalence de la « sécurité alimentaire » à partir de certains de ces ensembles de questions (voir, par exemple, Che et Chen, 2001 et Ledrou et Gervais, 2005), on ne peut pas comparer directement ces estimations avec celles présentées dans ce rapport en raison des différences considérables au niveau des questions et des méthodes utilisées pour déterminer la prévalence.

4.1.1 MESAM - Comparaison des méthodes utilisées pour déterminer la situation de sécurité alimentaire

Les estimations de la prévalence présentées dans ce rapport ne sont pas toujours directement comparables à celles tirées d'autres enquêtes même lorsqu'on a utilisé le même ensemble d'énoncés (US Food Security Survey Module à 18 énoncés). Tel qu'expliqué à la section 2.5, la méthode utilisée pour déterminer la situation de sécurité alimentaire des ménages canadiens présente deux différences importantes par rapport à la méthode américaine type ayant servi de modèle 17. En raison de ces différences, la prévalence de l'insécurité alimentaire présentée dans ce rapport est généralement plus élevée, surtout chez les ménages sans enfants. Voici les deux différences entre les méthodes utilisées et leurs effets sur les estimations de la prévalence :

Dans le cas des énoncés du MESAM relatifs aux adultes, le seuil de l'insécurité alimentaire a été fixé à 2 réponses affirmatives, un seuil plus bas que celui de la méthode américaine type ayant servi de modèle (c'est-à-dire 3 réponses affirmatives). On obtient donc une estimation un peu plus élevée de la prévalence de l'insécurité alimentaire à partir de la méthode canadienne qu'à partir de la méthode américaine.

Pour déterminer la situation de sécurité alimentaire des ménages avec enfants au Canada, on s'appuie sur deux échelles de mesure distinctes de la sécurité alimentaire, à savoir la sécurité alimentaire chez les adultes (à partir de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes) et la sécurité alimentaire chez les enfants (à partir de l'échelle de sécurité alimentaire des enfants). Le MESAM à 18 énoncés résulte de la combinaison de ces deux échelles. Dans la méthode américaine type ayant servi de modèle, on détermine la situation de sécurité alimentaire des ménages avec enfants à partir d'une échelle unique renfermant les 18 énoncés. On obtient une estimation un peu moins élevée de la prévalence de l'insécurité alimentaire des ménages avec enfants à partir de la méthode canadienne qu'à partir de la méthode américaine, ce qui annule en partie l'effet de la différence méthodologique mentionnée ci-dessus.

17 On retrouve dans Nord, Andrews et Carlson (2006) un exemple de l'application de la méthode américaine ayant servi de modèle.

Dans le but de faciliter les comparaisons avec les résultats d'études effectuées à partir de la méthodologie américaine, des statistiques sur la sécurité alimentaire obtenues à partir des données de l'ESCC 2.2 en utilisant, soit la méthode américaine type ayant servi de modèle (appelée « méthode américaine »), soit l'approche retenue dans le présent rapport (appelée « méthode de Santé Canada »), sont présentées au tableau 4.1. Selon la méthode américaine, 7,3 % des ménages sont considérés en insécurité alimentaire comparativement à 9,2 % selon la méthode de Santé Canada. Au niveau de la prévalence de l'insécurité alimentaire grave, la différence est négligeable, à savoir 2,8 % selon la méthode américaine et 2,9 % selon la méthode de Santé Canada. Dans le cas des ménages sans enfants, la prévalence de l'insécurité alimentaire est de 6,7 % selon la méthode américaine et de 8,6 % selon la méthode de Santé Canada. La prévalence de l'insécurité alimentaire grave est la même dans les deux cas (3,1 %) puisqu'on a utilisé la même méthodologie pour cette catégorie.

Tableau 4.1 Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages selon le type de ménage, Canada, 2004 - estimations de la prévalence obtenues à partir de deux méthodes 1,2

  Sécurité alimentaire Insécurité alimentaire
Total Modérée3 Grave4
  Méthode de Santé Canada5 Méthode américaine6 Méthode de Santé Canada5 Méthode américaine6 Méthode de Santé Canada5 Méthode américaine6 Méthode de Santé Canada5 Méthode américaine6
Ensemble des ménages 90,8% 92.7% 9,2% 7,3% 6,3% 4,5% 2,9% 2,8%
Ménages avec enfants 89,6% 91,5% 10,4% 8,5% 8,0% 6,3% 2,4% 2,2%
Ménages sans enfants 91,4% 93,3% 8,6% 6,7% 5,5% 3,6% 3,1% 3,1%

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - fichier partagé, poids des ménages.

Notes
1. Les territoires et les réserves indiennes ne sont pas inclus.
2. On entend par « enfants », les personnes de moins de 18 ans.
3. La catégorie équivalente utilisée dans le passé aux États-Unis était intitulée « Food Insecure, Without Hunger » (insécurité alimentaire, sans faim). Cette catégorie a été renommée faible sécurité alimentaire.
4. La catégorie équivalente utilisée dans le passé aux États-Unis était intitulée « Food Insecure, With Hunger » (insécurité alimentaire, avec faim). Cette catégorie a été renommée très faible sécurité alimentaire.
5. Méthode utilisée dans le présent rapport.
6. Bickel, Nord, Price et coll., 2000.

4.1.2 Unité d'analyse - Poids-ménages et poids-personnes

Lorsqu'on compare la situation de sécurité alimentaire d'une enquête à l'autre, il faut tenir compte de l'unité d'analyse utilisée dans chaque enquête. La majorité des résultats présentés dans ce rapport ont été obtenus en appliquant le poids d'enquête des ménages; ils reflètent donc la prévalence de la sécurité ou de l'insécurité alimentaire dans les ménages canadiens. Les données provenant d'autres enquêtes nationales sur la santé, notamment l'ENSP et les cycles précédents de l'ESCC, ont été analysées en appliquant le poids d'enquête des personnes, ce qui permet de tirer des conclusions sur la proportion de personnes vivant dans des ménages en situation de sécurité ou d'insécurité alimentaire au Canada. Pour les raisons mentionnées dans les sections précédentes, il n'est pas recommandé de comparer les estimations du nombre de personnes vivant dans des ménages en insécurité alimentaire au Canada présentées à la section 3.4 de ce rapport avec celles provenant d'autres enquêtes.

Les estimations de la prévalence de l'insécurité alimentaire au Canada calculées par Statistique Canada à partir des données de l'ESCC 2.2 (Statistique Canada, 2005) sont moins élevées que celles présentées dans ce rapport en raison de différences méthodologiques importantes. En effet, Statistique Canada a utilisé i) la méthode américaine type d'interprétation des données sur la sécurité alimentaire (Bickel, Nord, Price et coll., 2000), ii) le poids-personne et iii) le fichier maître de l'ESCC 2.2 18 en tant que source de données, tandis que dans le présent rapport, on a utilisé i) une nouvelle méthodologie, décrite à la section 2.5, pour interpréter les données sur la sécurité alimentaire, ii) le poids-ménage (principalement) et iii) le fichier partagé de l'ESCC 2.219 en tant que source de données. Ces deux façons de procéder, surtout au niveau des méthodes utilisées, entraînent des estimations différentes de la situation de sécurité alimentaire, même lorsqu'on applique le poids-personne (voir la section 3.4).

18 Le fichier maître comprend toutes les données recueillies auprès de chacun des répondants. Ces données sont compilées par Statistique Canada. Pour des raisons de confidentialité, seuls les employés de Statistique Canada ou les personnes considérées à l'emploi de Statistique Canada ont accès à ces données. Les chercheurs peuvent accéder au fichier maître par l'entremise des Centres de données de recherche (CDR) de certaines universités canadiennes. On retrouve des renseignements sur le programme des CDR à l'adresse www.statcan.ca/francais/rdc/index_f.htm.16

19 Le fichier partagé comprend les données relatives à environ 95 % des répondants pour toutes les variables du fichier maître. Il s'agit des répondants ayant accepté que leurs renseignements soient mis à la disposition de l'Institut de la Statistique du Québec (pour les répondants du Québec), des ministères provinciaux de la Santé et de Santé Canada qui étaient les partenaires de cette enquête. Ces fichiers sont pondérés de façon à permettre l'obtention de résultats comparables.

4.2 Limites

Compte tenu de la taille importante de l'échantillon (qui est représentatif à l'échelon national et à l'échelon provincial) et du recours à un instrument de mesure normalisé à indicateurs multiples de la sécurité alimentaire, l'ESCC 2.2 permet de mieux comprendre la relation entre l'insécurité alimentaire et le revenu au Canada. Il convient toutefois de souligner certaines limites.

Étant donné que certaines populations présentant un risque élevé d'insécurité alimentaire liée au revenu n'étaient pas incluses dans cette enquête, par exemple les sans-abri, les Autochtones vivant dans les réserves, les résidants des collectivités éloignées ou isolées et les personnes qui ne parlent ni l'anglais ni le français, on peut supposer que la prévalence de l'insécurité alimentaire liée au revenu était plus élevée dans les ménages canadiens en 2004 que celle indiquée dans le présent rapport.

L'US Food Security Survey Module à partir duquel le MESAM a été adapté, est généralement reconnu comme le meilleur instrument de mesure de l'insécurité alimentaire des ménages dans un contexte de ressources financières limitées disponible à l'heure actuelle (Tarasuk, 2001a). Le programme détaillé de recherches méthodologiques associé à ce module est considéré comme un atout et un modèle dont on pourra s'inspirer lors des études ultérieures visant à améliorer ce précieux instrument de mesure (National Research Council, 2006). Ce module comporte toutefois des limites (National Research Council, 2006; Tarasuk, 2001a), notamment en raison du fait qu'il n'indique ni la fréquence, ni la durée de l'insécurité alimentaire et qu'il ne permet pas de connaître la situation de chacun des membres des ménages. Il est en outre difficile de bien comprendre la chronicité de l'insécurité alimentaire des ménages à partir des informations provenant de ce module.

La majeure partie des analyses présentées dans ce rapport sont reliées aux ménages et non aux personnes. Comme certaines données ayant servi à l'analyse des caractéristiques sociodémographiques associées à la situation de sécurité alimentaire ont été recueillies en partie à l'échelon individuel, il a fallu formuler des hypothèses en ce qui a trait aux ménages. Ainsi, suite à une réponse affirmative du répondant à l'effet qu'il était Autochtone (Indien de l'Amérique du Nord, Métis ou Inuit), le ménage était classé en tant que « ménage autochtone » même si on ne connaissait pas le statut des divers membres du ménage à cet égard. On reconnaît toutefois que les autres membres du ménage ne se considéraient pas nécessairement de culture ou d'origine ethnique autochtone.

5. Conclusion

En 2004, la très grande majorité des ménages canadiens, soit neuf sur dix, était en situation de sécurité alimentaire. Les ménages visés par l'enquête n'étaient cependant pas tous en situation de sécurité alimentaire liée au revenu puisqu'un peu plus de 9 % des ménages, soit 1,1 million de ménages, étaient en insécurité alimentaire modérée ou grave.

On observait une prévalence plus élevée de l'insécurité alimentaire des ménages chez certains sous-groupes de la population, notamment chez les ménages appartenant aux catégories de capacité du revenu le plus bas et bas-moyen, les ménages pour lesquels l'aide sociale était la principale source de revenu, les ménages autochtones vivant hors réserve, les ménages non propriétaires de leur logement, les ménages avec enfants, en particulier les ménages monoparentaux ayant une femme à leur tête et les ménages comptant des jeunes enfants ou trois enfants ou plus.

5.1 Impact sur la recherche et la surveillance

Ce rapport dresse un portrait global de la situation de sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens en faisant ressortir des sous-groupes de la population plus touchés par l'insécurité alimentaire. On pourra effectuer des analyses plus poussées à partir de la base de données de l'ESCC 2.2 afin de mieux comprendre les facteurs associés à la situation de sécurité alimentaire, entre autres à l'échelon provincial. Les renseignements sur l'apport alimentaire et nutritionnel qu'on retrouve dans la base de données complète permettent de procéder à des analyses visant à mieux comprendre les problèmes entraînés par l'insécurité alimentaire observée au Canada sur le plan nutritionnel. De telles analyses pourraient permettre d'identifier les sous-groupes de la population dont la santé nutritionnelle pourrait être compromise en raison de ressources financières limitées. La méthode utilisée dans le présent rapport pour déterminer la situation de sécurité alimentaire facilite l'examen des facteurs associés à la sécurité alimentaire liée au revenu chez les adultes et les enfants, et non seulement chez les ménages. En raison du suréchantillonnage de la population autochtone vivant hors réserve au Canada, la base de données de l'ESCC 2.2 permet de mieux comprendre la situation de sécurité alimentaire de cette sous-population particulièrement vulnérable.

La surveillance des indicateurs de la sécurité alimentaire permet aussi de mieux comprendre la relation dynamique entre la sécurité alimentaire des ménages et les conditions, les politiques et les programmes socioéconomiques (Tarasuk, 2001a). Il est essentiel d'obtenir des données à intervalles réguliers pour guider l'élaboration et l'évaluation des programmes et des politiques. Ces données peuvent également contribuer à stimuler et à guider la recherche en la matière. Pour la première fois au Canada, l'ESCC 2.2 fournit des données nationales et provinciales obtenues à partir d'un module d'enquête à indicateurs multiples sur la sécurité alimentaire. Avant cette enquête, la prévalence de l'insécurité alimentaire au Canada était souvent mesurée à partir de modules d'enquête plus courts comportant habituellement trois questions d'une portée limitée, tout au plus. Il était difficile de suivre l'évolution de l'insécurité alimentaire, notamment en raison des différences observées au niveau des questions et/ou des méthodes utilisées d'une enquête à l'autre. Étant donné que le module sur la sécurité alimentaire de l'ESCC 2.2 sera repris lors des cycles subséquents de l'ESCC, il sera possible d'étudier les mêmes dimensions de la sécurité alimentaire au fil du temps.

5.2 Impact sur les politiques publiques

Les résultats présentés dans ce rapport (le premier rapport canadien fondé sur un instrument d'enquête à indicateurs multiples), confirment les conclusions d'autres rapports. Ainsi, l'insécurité alimentaire touche de nombreux ménages canadiens défavorisés sur le plan socioéconomique. Par ailleurs, les ménages considérés en insécurité alimentaire ne sont pas homogènes puisque les facteurs de vulnérabilité diffèrent parfois d'un ménage à l'autre, ce qui peut nécessiter le recours à des mesures de prévention différentes. Dans une perspective globale de santé de la population, il est clair que pour régler de façon durable l'insécurité alimentaire liée au revenu, il faudra se pencher sur les facteurs associés au revenu. Les approches macroscopiques, comme les politiques et programmes nationaux, provinciaux ou régionaux ayant pour but de favoriser l'accès à un logement adéquat et abordable, à l'éducation, à un emploi sûr et à un soutien financier au besoin, peuvent avoir une incidence considérable sur les principaux déterminants de la sécurité alimentaire liée au revenu et ainsi alléger le fardeau des personnes les plus vulnérables au Canada. La collaboration entre divers secteurs gouvernementaux de tous les paliers et d'autres secteurs responsables de l'élaboration des politiques en matière de santé ou socio-économiques s'avère essentielle à l'identification de solutions à long terme et durables aux problématiques complexes entourant la sécurité alimentaire liée au revenu.

En ce qui a trait à l'élaboration des politiques, autant celles liées directement à la sécurité alimentaire que celles pouvant l'influer indirectement, il importe de bien se renseigner quant à l'impact des décisions antérieures sur les déterminants de la sécurité alimentaire. L'impact des changements apportés aux programmes sociaux au cours des années 1990 sur la sécurité économique de la population canadienne est analysé dans une prise de position des Diététistes du Canada (Power 2005). Le sommaire des données sur la sécurité alimentaire recueillies à partir de l'ESCC 2.2 présenté dans ce rapport fournit des renseignements importants pouvant orienter les décisions stratégiques appropriées.

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Vozoris, N. et V. Tarasuk, « Household food insufficiency is associated with poorer health », J Nutr., vol. 133 (2003), p. 120-126.

Whitaker, R.C. et S.M. Orzol, « Obesity among U.S. urban preschool children: relationships to race, ethnicity, and socioeconomic status », Arch Pediatr Adolesc Med, vol. 160 (2006), p. 578-584.

Wilkinson, R. et M. Marmot, éds. Les déterminants sociaux de la santé : les faits, 2e éd., Copenhague, Organisation mondiale de la santé, 2003.

Annexe A : ESCC, Module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages (MESAM)

Les questions qui suivent concernent la situation alimentaire de votre ménage au cours des 12 derniers mois.

Q1.20 Lequel de ces énoncés décrit le mieux les aliments consommés dans votre ménage au cours des 12 derniers mois, soit depuis [mois en cours] de l'année dernière?

  1. Vous et les membres de votre ménage avez eu assez des types d'aliments que vous avez voulu manger.
  2. Vous et les membres de votre ménage avez eu assez, mais pas toujours les types d'aliments que vous avez voulu manger.
  3. Parfois vous et les membres de votre ménage n'avez pas eu assez à manger.
  4. Souvent vous et les membres de votre ménage n'avez pas eu assez à manger.

Ne sait pas/refuse de répondre (Allez à la fin du module.)

Le MESAM commence ici.

VOLET 1: Questions 2 à 6 - Posez à tous les ménages.

Je vais maintenant vous lire plusieurs commentaires qui pourraient décrire une situation alimentaire. Dites-moi si les commentaires ont souvent, parfois ou jamais été vrais pour vous et les autres membres de votre ménage au cours des 12 derniers mois.

Q2. Le premier commentaire est : vous et les membres de votre ménage avez eu peur de manquer de nourriture avant la prochaine rentrée d'argent. Dites-moi si les commentaires ont souvent, parfois ou jamais été vrais au cours des 12 derniers mois.

  1. Souvent vrai
  2. Parfois vrai
  3. Jamais vrai

Ne sait pas/refuse de répondre

Q3. Toute la nourriture que vous et les membres de votre ménage aviez achetée a été mangée et il n'y avait pas d'argent pour en racheter. Dites-moi si les commentaires ont souvent, parfois ou jamais été vrais au cours des 12 derniers mois.

  1. Souvent vrai
  2. Parfois vrai
  3. Jamais vrai

Ne sait pas/refuse de répondre

Q4. Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés. Ce commentaire a-t-il souvent, parfois ou jamais été vrai au cours des 12 derniers mois?

  1. Souvent vrai
  2. Parfois vrai
  3. Jamais vrai

Ne sait pas/refuse de répondre

S'IL Y A DES ENFANTS DE MOINS DE 18 ANS DANS LE MÉNAGE, POSEZ LES QUESTIONS Q5 ET Q6; SINON, PASSEZ À LA PREMIÈRE QUESTION FILTRE.

Maintenant je vais vous lire quelques énoncés qui pourraient décrire une situation alimentaire pour les ménages avec des enfants.

Q5. Vous ou d'autres adultes dans votre ménage comptiez seulement sur quelques types d'aliments peu coûteux pour nourrir les enfants parce que vous manquiez d'argent pour acheter de la nourriture. Ce commentaire a-t-il souvent, parfois ou jamais été vrai au cours des 12 derniers mois?

  1. Souvent vrai
  2. Parfois vrai
  3. Jamais vrai

Ne sait pas/refuse de répondre

Q6. Vous ou d'autres adultes dans votre ménage ne pouviez pas servir des repas équilibrés aux enfants, parce que vous n'en aviez pas les moyens. Ce commentaire a-t-il souvent, parfois ou jamais été vrai au cours des 12 derniers mois?

  1. Souvent vrai
  2. Parfois vrai
  3. Jamais vrai

Ne sait pas/refuse de répondre

PREMIÈRE QUESTION FILTRE (menant au volet 2) : EN CAS DE RÉPONSE AFFIRMATIVE À L'UNE OU L'AUTRE DES QUESTIONS Q2 à Q6 (c'est-à-dire « souvent vrai » ou « parfois vrai ») ou SI ON A RÉPONDU « 3 »OU « 4 » À LA QUESTION Q1, passez au VOLET 2; sinon, allez à la fin du module.

VOLET 2 : Questions 7 à 11 - À poser aux ménages qui ont été retenus après le premier volet.

S'Il Y A DES ENFANTS DE MOINS DE 18 ANS DANS LE MÉNAGE,
POSEZ LA QUESTION Q7; SINON PASSEZ À LA QUESTION Q8.

Q7. Les enfants ne mangeaient pas assez parce que vous ou d'autres adultes dans votre ménage n'aviez pas les moyens d'avoir assez de nourriture. Ce commentaire a-t-il souvent, parfois ou jamais été vrai au cours des 12 derniers mois?

  1. Souvent vrai
  2. Parfois vrai
  3. Jamais vrai

Ne sait pas/refuse de répondre

Les questions qui suivent concernent la situation alimentaire au cours des derniers 12 mois pour vous ou d'autres adultes dans votre ménage.

Q8. Au cours des 12 derniers mois, soit depuis [mois en cours] dernier, avez-vous ou d'autres adultes dans votre ménage déjà réduit votre portion ou sauté des repas parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture?

  1. Oui
  2. Non (Passez à la question Q9)

Ne sait pas/refuse de répondre

Q8b. À quelle fréquence est-ce arrivé?

  1. Presque tous les mois
  2. Certains mois mais pas tous les mois
  3. 1 ou 2 mois seulement

Ne sait pas/refuse de répondre

Q9. Au cours des 12 derniers mois, avez-vous (vous-même) déjà mangé moins que vous auriez dû, selon vous, parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour acheter de la nourriture?

  1. Oui
  2. Non

Ne sait pas/refuse de répondre

Q10. Au cours des 12 derniers mois, avez-vous (vous-même) déjà eu faim sans pouvoir manger parce que vous n'aviez pas les moyens d'avoir assez de nourriture?

  1. Oui
  2. Non

Ne sait pas/refuse de répondre

Q11. Au cours des 12 derniers mois, avez-vous (vous-même) perdu du poids parce que vous n'aviez pas assez d'argent pour la nourriture?

  1. Oui
  2. Non

Ne sait pas/refuse de répondre

DEUXIÈME QUESTION FILTRE (menant au volet 3) :EN CAS DE RÉPONSE AFFIRMATIVE À L'UNE OU L'AUTRE DES QUESTIONS Q7 à Q11, passez au VOLET 3; sinon, allez à la fin du module.

VOLET 3 : Questions 12 à 16 - À poser aux ménages qui ont été retenus suite au deuxième volet.

Q12. Au cours des 12 derniers mois, vous est-il arrivé à vous ou d'autres adultes dans votre ménage de passer une journée entière sans manger parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture?

  1. Oui
  2. Non (S'IL Y A DES ENFANTS DE MOINS DE 18 ANS DANS LE MÉNAGE, POSEZ LA QUESTION Q13; SINON ALLEZ À LA FIN DU MODULE)

Ne sait pas/refuse de répondre

Q12b. À quelle fréquence est-ce arrivé?

  1. Presque tous les mois
  2. Certains mois mais pas tous les mois
  3. 1 ou 2 mois seulement

Ne sait pas/refuse de répondre

S'Il Y A DES ENFANTS DE MOINS DE 18 ANS DANS LE MÉNAGE, POSEZ LES QUESTIONS Q13 à Q16; SINON ALLEZ À LA FIN DU MODULE.

Maintenant, quelques questions concernant la situation alimentaire pour les enfants de votre ménage.

Q13. Au cours des 12 derniers mois, avez-vous ou d'autres adultes dans votre ménage déjà réduit la portion d'un ou plusieurs enfants parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture?

  1. Oui
  2. Non

Ne sait pas/refuse de répondre

Q14. Au cours des 12 derniers mois, un ou plusieurs enfants a-t-il/ont ils sauté des repas parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture?

  1. Oui
  2. Non

Ne sait pas/refuse de répondre

Q14b. À quelle fréquence est-ce arrivé?

  1. Presque tous les mois
  2. Certains mois mais pas tous les mois
  3. 1 ou 2 mois seulement

Ne sait pas/refuse de répondre

Q15. Au cours des 12 derniers mois, les enfants ont-ils déjà eu faim mais vous n'aviez pas les moyens d'avoir plus de nourriture?

  1. Oui
  2. Non

Ne sait pas/refuse de répondre

Q16. Au cours des 12 derniers mois, un ou plusieurs enfants a-t-il/ont ils passé une journée entière sans manger parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture?

  1. Oui
  2. Non

Ne sait pas/refuse de répondre

Fin du module

20 La question Q1 n'est pas utilisée directement pour déterminer la situation de sécurité alimentaire des ménages.

Annexe B : Mesure de la sécurité alimentaire dans l'ESCC

Dans le cadre de l'ESCC 2.2, la sécurité alimentaire a été mesurée à partir des comportements, des expériences et des conditions déclarés par un membre de chaque ménage lors d'entrevues menées à l'aide d'un instrument d'enquête normalisé, à savoir le Module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages (MESAM). La situation de sécurité alimentaire des adultes de chacun de ces ménages a été évaluée à partir des réponses affirmatives fournies à dix (10) questions ou énoncés portant sur les comportements, les expériences et les conditions entourant l'alimentation observés dans des ménages ayant de la difficulté à satisfaire leurs besoins alimentaires. Dans le cas des ménages avec enfants, la situation de sécurité alimentaire des enfants a été évaluée à partir des réponses fournies à huit (8) questions ou énoncés additionnels.

Ces énoncés couvrent un vaste éventail de degrés de gravité de l'insécurité alimentaire, allant de la crainte de manquer de nourriture à une privation absolue de nourriture pendant toute une journée chez les enfants. Dans chaque énoncé, on précise que le manque d'argent ou de moyens pour se procurer des aliments est à l'origine de la situation ou du comportement. L'instrument de mesure ne tient pas compte de la faim attribuable à un régime ou un jeûne volontaire. Étant donné que tous les énoncés se rapportent aux 12 mois précédents, l'instrument de mesure permet de constater le degré de gravité le plus élevé d'insécurité alimentaire vécu par le ménage au cours de l'année ayant précédé l'enquête.

Les réponses aux dix énoncés relatifs aux adultes et aux huit énoncés relatifs aux enfants ont été regroupées en deux échelles distinctes (échelle de sécurité alimentaire des adultes et échelle de sécurité alimentaire des enfants, respectivement), puis analysées à partir de méthodes statistiques non linéaires fondées sur le modèle de mesure de Rasch. Ces échelles fournissent des mesures graduées et continues du degré de gravité de l'insécurité alimentaire dans les ménages canadiens. En s'appuyant sur le nombre d'indications de l'insécurité alimentaire dans chacune des échelles, les ménages ont été classés en trois catégories à des fins de surveillance et d'analyse de l'accès à la nourriture dans la population en général et dans des sous-groupes de la population, à savoir « sécurité alimentaire », « insécurité alimentaire modérée » et « insécurité alimentaire grave ».

L'utilisation d'un instrument de mesure à indicateurs multiples comporte plusieurs avantages par rapport à l'utilisation d'une seule question ou de quelques questions seulement pour les raisons suivantes :

  • On obtient des mesures plus fiables étant donné que les réponses dues à une mauvaise compréhension ou à une compréhension non uniforme d'une question ou d'un énoncé peuvent être annulées ou atténuées par les réponses à d'autres questions,
  • On peut obtenir des mesures graduées de l'ampleur et de la gravité du phénomène sous-jacent.
  • On peut évaluer dans quelle mesure et avec quelle précision chaque question ou énoncé contribue à la mesure du phénomène sous-jacent. En établissant des relations statistiques entre les réponses aux divers énoncés, on peut inférer la relation entre chaque énoncé et le phénomène sous-jacent. Les analyses de ces relations permettent de déterminer si l'instrument de mesure fonctionne de la même façon auprès de différents sous-groupes de la population et de différents groupes linguistiques et s'il conserve les mêmes caractéristiques au fil du temps.

On retrouve dans la présente annexe une évaluation de l'instrument de mesure à indicateurs multiples de la sécurité alimentaire des adultes et des enfants s'appuyant sur les données provenant de l'ESCC 2.2. Après avoir décrit la méthode d'élaboration des énoncés du MESAM, nous décrivons brièvement le modèle de mesure de Rasch utilisé pour évaluer la performance des énoncés sur la sécurité alimentaire et de l'instrument de mesure lui-même ainsi que les méthodes statistiques qui l'entourent. Enfin, nous expliquons comment ces outils ont été appliqués aux données sur la sécurité alimentaire provenant de l'ESCC 2.2 et nous présentons les résultats de l'évaluation.

B.1 Énoncés utilisés pour évaluer la sécurité alimentaire

Les énoncés du MESAM ainsi que les méthodes utilisées pour regrouper les réponses en échelles de mesure de la sécurité alimentaire chez les adultes et chez les enfants ont été adaptés à partir de méthodes de mesure de la sécurité alimentaire développées aux États-Unis (Bickel, Nord, Price et coll., 2000; Hamilton, Cook, Thompson et coll., 1997a, 1997b; Nord et Bickel, 2002). Ces méthodes de mesure sont utilisées depuis 1995 21 pour suivre l'évolution annuelle de la sécurité alimentaire aux États-Unis. Elles ont aussi été utilisées dans de nombreuses études portant sur les déterminants de l'insécurité alimentaire et les conséquences de celle-ci aux États-Unis et au Canada.

Ces méthodes de mesure fonctionnent bien aux États-Unis étant donné que les comportements et les expériences auxquels les énoncés du module font référence aux expériences et réactions observées le plus souvent dans la population américaine aux prises avec des ressources insuffisantes pour l'alimentation. Ces résultats sont dus au fait que les énoncés ont été formulés en s'appuyant sur un grand nombre d'études menées auprès de familles américaines à faible revenu auxquelles on avait demandé de raconter leurs expériences de privation de nourriture, de décrire ces expériences et d'expliquer les mesures qu'elles avaient prises pour y faire face (Radimer, Olson et Campbell, 1990; Radimer, Olson, Greene et coll., 1992; Wehler, Scott et Anderson, 1992). Ces énoncés reflètent donc des conditions, des expériences et des comportements familiers; ils sont formulés dans un langage simple et naturel inspiré d'études qualitatives sur le sujet.

Après avoir été légèrement modifiés pour tenir compte du contexte canadien, ces énoncés ont également bien fonctionné, autant auprès des ménages anglophones que francophones et autochtones ayant participé à l'ESCC 2.2, comme on pourra le constater dans la présente annexe.

21 Veuillez consulter Nord, Andrews et Carlson, 2006, le rapport le plus récent de cette série.

B.2 Évaluation des données sur la sécurité alimentaire provenant de l'ESCC

B.2.1 Concepts de base : gravité de l'énoncé et gravité de la situation du ménage

Une caractéristique essentielle des échelles de sécurité alimentaire réside dans le fait que leurs énoncés couvrent des degrés de gravité très divers. Le degré de gravité associé à chaque énoncé (« calibration des énoncés », « score de l'énoncé » ou encore « score de gravité de l'énoncé ») est estimé empiriquement à partir du profil général des réponses fournies à l'ensemble des énoncés de l'échelle par les ménages interviewés. Toutefois, un simple examen des énoncés permet aussi de se prononcer intuitivement sur leur degré de gravité. Par exemple, ne rien manger durant toute une journée témoigne d'une insécurité alimentaire plus grave que le fait de réduire la quantité d'aliments ou de sauter des repas, toutes ces manifestations étant plus graves que la crainte de manquer de nourriture.

Les profils de réponse des ménages interrogés reflètent les différences au niveau de la gravité des énoncés. Ainsi, un moins grand nombre de ménages répondent affirmativement aux énoncés indiquant une insécurité alimentaire plus grave comparativement aux énoncés indiquant une situation moins grave. Un ménage qui répond affirmativement à un énoncé de gravité moyenne aura sans doute répondu de la même façon aux énoncés de plus faible gravité qui précèdent celui-ci, tandis qu'un ménage qui répond négativement à un énoncé de gravité moyenne devrait répondre de la même façon à tous les énoncés de gravité plus élevée subséquents. Bien que ces profils types de réponses ne soient pas universels, ils sont prédominants. Dans les cas où des ménages s'en écartent, l'écart est plutôt faible.

On retrouve dans le modèle de mesure de Rasch une formalisation du concept de classement des énoncés selon leur gravité ainsi que des méthodes statistiques normalisées permettant d'estimer la gravité de chacun des énoncés (par rapport aux autres énoncés) et d'évaluer dans quelle mesure les profils de réponse observés dans un ensemble de données vont dans le sens du classement en fonction de la gravité22. Les statistiques entourant ce modèle permettent en outre de situer chaque ménage sur un continuum s'étendant de la « sécurité alimentaire totale » à l'« insécurité alimentaire grave » selon le nombre de conditions caractéristiques de l'insécurité alimentaire rapportées par les ménages.

L'une des caractéristiques importantes du modèle de Rasch réside dans le fait que le score brut attribué à un ménage (le nombre de situations caractéristiques de l'insécurité alimentaire rapportées par le ménage) est un indicateur ordinal de la gravité de l'insécurité alimentaire des ménages. Ainsi, les ménages affichant des scores bruts plus élevés avaient été en insécurité alimentaire plus grave. Dans le même ordre d'idées, tous les ménages affichant le même score brut avaient vécu un même degré de gravité de l'insécurité alimentaire, quel que soit le groupe de conditions rapportées. Cette caractéristique simplifie l'utilisation et l'interprétation de l'instrument de mesure.

22 Pour obtenir des précisions sur le modèle de Rasch, on peut consulter Baker (1992), Fischer et Molenaar (1995), Hambleton, Swaminathan et Rogers (1991) et Wright (1977, 1983) ou le site Web du MESA Psychometric Laboratory de l'University of Chicago, à l'adresse www.rasch.org. On retrouve des explications sur l'utilisation des méthodes de Rasch lors de l'élaboration ou de l'évaluation des échelles de sécurité alimentaire dans Bickel, Nord, Price et coll. (2000), Hamilton, Cook, Thompson et coll. (1997a, 1997b), Nord (2002, 2003) et Nord et Bickel (2002).

B.2.2 Comparaison du fonctionnement de l'instrument de mesure dans des contextes linguistiques et culturels différents

Pour pouvoir comparer la prévalence de l'insécurité alimentaire entre deux groupes linguistiques ou contextes culturels, il faut que l'instrument de mesure de la sécurité alimentaire fonctionne de la même façon auprès de ces groupes. Pour vérifier si c'est bien le cas, on analyse les réponses des deux groupes à chacun des énoncés à partir du modèle de Rasch. Après avoir comparé la gravité relative des scores entourant les énoncés obtenus chez les deux groupes, on procède à un ajustement interne des énoncés pour chacun des groupes en s'appuyant sur des calculs statistiques. Lorsqu'on observe une même gravité relative dans les deux groupes pour chacun des énoncés, on compare les écarts-types des scores entourant les énoncés, ce qui permet de connaître la discrimination moyenne des énoncés, autrement dit la conformité au modèle de Rasch.

B.3 Évaluation des données sur la sécurité alimentaire de l'ESCC

B.3.1 Échelle de sécurité alimentaire des adultes

Les statistiques d'ajustement interne des énoncés23 indiquent que les énoncés relatifs à la sécurité alimentaire des adultes mesuraient tous la même condition sous jacente (l'insécurité alimentaire), que les entrevues aient été menées en anglais ou en français ou auprès des répondants s'étant déclarés de culture ou d'origine ethnique autochtone (Indien de l'Amérique du Nord, Métis ou Inuit; voir le tableau B.1). Ces statistiques permettent de mesurer tout écart observé entre un énoncé et le résultat attendu compte tenu du modèle de Rasch. On s'attend à obtenir une valeur de 1, les valeurs supérieures à 1 indiquant une association inférieure à la moyenne avec la condition sous-jacente. Les valeurs entre 0,8 et 1,2 sont généralement considérées conformes à l'hypothèse de Rasch de discrimination égale des énoncés. Les énoncés ayant obtenu des valeurs entre 0,7 et 1,3 demeurent acceptables dans ce contexte particulier, mais non ceux ayant obtenu des valeurs supérieures à 1,2 puisque cela indique que les énoncés n'étaient pas toujours compris de la même façon et qu'ils devraient donc être reformulés ou supprimés. Les énoncés ayant obtenu des valeurs inférieures à 0,8 sont plus étroitement associés à la condition sous jacente; ils ont toutefois moins de valeur dans une échelle à pondération égale. Il pourrait être justifié d'utiliser un modèle biparamétrique pour attribuer plus de poids à ces derniers énoncés.

L'énoncé « Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés » était le seul énoncé présentant un ajustement interne supérieur à 1,2. Cet énoncé était donc, soit compris de façon moins uniforme que les autres énoncés, soit moins étroitement relié à la condition sous-jacente (l'insécurité alimentaire). Cela semblait particulièrement être le cas chez les ménages interviewés en français. Il pourrait être indiqué d'entreprendre des recherches plus poussées à cet égard. Cet énoncé avait aussi obtenu une valeur élevée d'ajustement interne dans l'enquête sur la sécurité alimentaire menée aux États-Unis en 2004.

La faible valeur d'ajustement interne de l'énoncé « Vous-même avez déjà mangé moins que vous aureiz dû, selon vous » indique que cet énoncé est moins bien associé que d'autres à la condition sous jacente mesurée par l'ensemble des énoncés. Cela semblait particulièrement être le cas chez les ménages interviewés en français et chez les ménages autochtones. Le fait d'inclure cet énoncé dans l'échelle ne pose pas de problème, même si celui-ci a un peu moins de valeur dans l'instrument de mesure à pondération égale fondé sur le modèle de Rasch.

23 Le modèle de Rasch sert de fondement aux statistiques d'« ajustement » permettant de déterminer dans quelle mesure chaque énoncé, chaque ménage et l'ensemble des données sont conformes aux hypothèses du modèle de mesure retenu. On utilise couramment des statistiques d'ajustement interne des énoncés pour déterminer si tous les énoncés compris dans une échelle mesurent la même condition sous-jacente et s'ils le font avec une discrimination égale, conformément à l'hypothèse du modèle de Rasch. Après avoir calibré les énoncés et estimé les scores des ménages, on calcule la probabilité de réponse affirmative pour chaque case de la matrice ménage/ énoncé. On effectue ensuite des calculs statistiques d'ajustement interne pour comparer les réponses réelles aux réponses attendues selon la probabilité indiquée dans chaque case de la matrice.

Tableau B.1 Statistiques d'ajustement interne des énoncés, échelle de sécurité alimentaire des adultes, ESCC 2004. Comparaison entre les résultats des entrevues menées en anglais, en français et auprès des Autochtones et ceux de l'US CPS-Food Security Supplement 20041

Énoncé2 ESC Canglais ESCC français ESCC Autochtones CPS-FSS États-Unis
Vous et les membres de votre ménage avez eu peur de manquer de nourriture avant la prochaine rentrée d'argent 1,02 0,98 0,95 1,02
Toute la nourriture que vous et les membres de votre ménage aviez achetée a été mangée et il n'y avait pas d'argent pour en racheter 0,99 1,06 1,08 0,89
Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés 1,22 1,25 1,16 1,28
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà réduit votre portion ou sauté des repas 0,83 0,85 0,87 0,84
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà réduit votre portion ou sauté des repas pendant 3 mois ou plus 0,90 0,94 1,01 0,90
Vous-même avez déjà mangé moins que vous auriez dû, selon vous 0,79 0,71 0,75 0,80
Vous-même avez déjà eu faim sans pouvoir manger 0,86 1,05 0,77 0,95
Vous-même avez perdu du poids 0,98 0,97 0,89 0,94
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez passé une journée entière sans manger 0,99 0,94 0,98 0,98
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez passé une journée entière sans manger pendant 3 mois ou plus 0,95 0,86 0,99 0,98
Nombre de cas3 3 835 578 547 8 636

Légende

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
CPS Current Population Survey (États-Unis)
CPS-FSSCurrent Population Survey, Food Security Supplement (États-Unis)

Notes

1 Les sous-échantillons de répondants anglophones et francophones ont été définis à partir de la langue de l'entrevue. Le sous-échantillon de répondants autochtones a été défini à partir du nombre de répondants qui ont déclaré être de culture ou d'origine ethnique autochtone (Indien de l'Amérique du Nord, Métis ou Inuit). Les Autochtones ont aussi été inclus dans le sous-échantillon de répondants anglophones ou francophones selon la langue dans laquelle ils ont été interviewés. Ils représentent toutefois une proportion minime de ces sous-échantillons. Les statistiques d'ajustement interne des énoncés ont été obtenues à partir de deux analyses distinctes, l'une omettant les deux énoncés « pendant 3 mois ou plus » et l'autre incluant ces énoncés tout en omettant l'énoncé « déjà pendant l'année ». De cette façon, les estimations d'énoncés mutuellement dépendants ne comportent pas de biais. On a utilisé des méthodes du maximum de vraisemblance conditionnel (MVC) pour estimer les paramètres du modèle.
2 Dans les énoncés lus aux répondants, on mentionne explicitement le manque de ressources (par exemple « ...parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture »).
3 Dans les analyses d'étalonnage, le nombre de cas est beaucoup plus faible que le nombre total de ménages interviewés. Les ménages n'ayant déclaré aucune condition d'insécurité alimentaire n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des adultes intitulée « sécurité alimentaire ». De la même façon, les ménages qui ont répondu affirmativement aux 10 énoncés relatifs à l'insécurité alimentaire des adultes n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des adultes intitulée « insécurité alimentaire grave ».

L'échelle de sécurité alimentaire des adultes mesurait essentiellement la même condition dans les trois sous-populations évaluées au Canada et dans l'ensemble de la population évaluée aux États-Unis (tableau B.2). On retrouve à la figure B-1 une comparaison des scores de gravité des énoncés présentés au tableau B.2 entre les ménages interviewés en français et ceux interviewés en anglais lors de l'ESCC 2.2. L'ordre de gravité des énoncés était le même dans les deux sous-populations; la gravité relative des énoncés était similaire, quoique non identique. On observait des différences statistiquement significatives entre ces deux sous-populations quant à deux énoncés. Ainsi, l'énoncé « Toute la nourriture que vous et les membres de votre ménage aviez achetée a été mangée et il n'y avait pas d'argent pour en racheter » a été perçu comme étant plus grave (c'est-à-dire moins susceptible d'être relié à une réponse affirmative, compte tenu des réponses aux énoncés précédents) dans les ménages interviewés en français que dans ceux interviewés en anglais. On observait l'inverse pour l'énoncé « Vous-même avez déjà mangé moins que vous auriez dû, selon vous ». Bien que ces différences ne soient pas assez marquées pour être considérées vraiment importantes, on pourrait observer des ensembles légèrement différents de conditions déclarées d'une sous-population à l'autre chez les ménages affichant un même score brut. Ces légères différences entre les scores entourant les énoncés pourraient être dues à une description différente des conditions objectives dans les versions anglaise et française des énoncés.

Tableau B.2 Scores de gravité des énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes, ESCC 2004. Comparaison entre les résultats des entrevues menées en anglais, en français et auprès des Autochtones et ceux de l'US CPS-Food Security Supplement 20041

Énoncé2 ESCC anglais ESCC français ESCC Autochtones CPS-FSS États-Unis
Vous et les membres de votre ménage avez eu peur de manquer de nourriture avant la prochaine rentrée d'argent 6,53 6,43 6,12 6,39
Toute la nourriture que vous et les membres de votre ménage aviez achetée a été mangée et il n'y avait pas d'argent pour en racheter 7,54 7,84 7,38 7,38
Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés 7,37 7,19 7,54 7,73
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà réduit votre portion ou sauté des repas 9,46 9,58 9,62 9,29
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà réduit votre portion ou sauté des repas pendant 3 mois ou plus 10,25 10,28 10,70 10,19
Vous-même avez déjà mangé moins que vous auriez dû, selon vous 9,41 9,16 9,62 9,46
Vous-même avez déjà eu faim sans pouvoir manger 11,00 11,07 11,05 11,19
Vous-même avez perdu du poids 12,03 12,30 12,12 12,06
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez passé une journée entière sans manger 12,96 12,95 12,62 12,88
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez passé une journée entière sans manger pendant 3 mois ou plus 13,45 13,20 13,24 13,44
Moyenne 10,00 10,00 10,00 10,00
Écart-type 2,393 2,395 2,395 2,395
Paramètre de discrimination 1,00 1,00 1,00 1,00
Nombre de cas3 3 835 578 547 8 636

Légende

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
CPS Current Population Survey (États-Unis)
CPS-FSS Current Population Survey, Food Security Supplement (États-Unis)

Notes

1 Les sous-échantillons de répondants anglophones et francophones ont été définis à partir de la langue de l'entrevue. Le sous-échantillon de répondants autochtones a été défini à partir du nombre de répondants qui ont déclaré être de culture ou d'origine ethnique autochtone (Indien de l'Amérique du Nord, Métis ou Inuit). Les Autochtones ont aussi été inclus dans le sous-échantillon de répondants anglophones ou francophones selon la langue dans laquelle ils ont été interviewés. Ils représentent toutefois une proportion minime de ces sous-échantillons. Les statistiques d'ajustement interne des énoncés ont été obtenues à partir de deux analyses distinctes, l'une omettant les deux énoncés « pendant 3 mois ou plus » et l'autre incluant ces énoncés tout en omettant l'énoncé suivant « déjà pendant l'année ». De cette façon, les estimations d'énoncés mutuellement dépendants ne comportent pas de biais. On a utilisé des méthodes du maximum de vraisemblance conditionnel (MVC) pour estimer les paramètres du modèle.
2 Dans les énoncés lus aux répondants, on mentionne explicitement le manque de ressources (par exemple « ...parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture »).
3 Dans les analyses d'étalonnage, le nombre de cas est beaucoup plus faible que le nombre total de ménages interviewés. Les ménages n'ayant déclaré aucune condition d'insécurité alimentaire n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des adultes intitulée « sécurité alimentaire ». De la même façon, les ménages qui ont répondu affirmativement aux 10 énoncés relatifs à l'insécurité alimentaire des adultes n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence, après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des adultes intitulée « insécurité alimentaire grave ».

Figure B-1. Comparaison des scores entourant les énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes, entrevues en français et entrevues en anglais, ESCC 2004

Figure B-1. Comparaison des scores entourant les énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes, entrevues en français et entrevues en anglais, ESCC 2004

Légende

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes

On retrouve à la figure B-2 une comparaison des scores de gravité des énoncés présentés au tableau B.2 entre les ménages autochtones ayant été interviewés dans le cadre de l'ESCC 2.224 et l'ensemble des ménages interviewés en anglais. L'ordre de gravité des énoncés était le même dans les deux sous populations à l'exception des énoncés « Toute la nourriture que vous et les membres de votre ménage aviez achetée a été mangée et il n'y avait pas d'argent pour en racheter » et « Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés » qui étaient inversés d'un groupe à l'autre même s'ils affichaient des scores presque égaux dans les deux groupes. La gravité relative des énoncés était similaire quoique non identique. On observait des différences statistiquement significatives entre deux autres énoncés d'une sous population à l'autre. Ainsi, l'énoncé « Vous et les membres de votre ménage avez eu peur de manquer de nourriture avant la prochaine rentrée d'argent » était perçu comme étant moins grave (c'est à dire plus susceptible d'être relié à une réponse affirmative, compte tenu des réponses fournies aux autres énoncés) dans les ménages autochtones que dans l'ensemble des ménages interviewés en anglais. On observait l'inverse dans le cas de l'énoncé « Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà réduit votre portion ou sauté des repas pendant 3 mois ou plus ». Bien que ces différences ne soient pas assez marquées pour être considérées vraiment importantes, on pourrait observer des ensembles légèrement différents de conditions déclarées d'une sous population à l'autre dans le cas des ménages affichant un même score brut. Le degré de gravité plus élevé de l'énoncé « Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà réduit votre portion ou sauté des repas pendant 3 mois ou plus » comporte un léger biais vers le bas quant à la prévalence de l'insécurité alimentaire grave dans les ménages autochtones comparativement aux ménages non autochtones étant donné que le niveau de gravité de cet énoncé se rapproche du seuil de l'insécurité alimentaire grave.

Étant donné qu'on observe une gravité relative similaire des énoncés dans les trois sous-populations (voir le tableau B.2), on peut comparer les statistiques entourant la prévalence relatives à ces groupes. Le biais pouvant résulter de différences au niveau de la compréhension des énoncés par ces trois groupes de ménages ou de leur façon de vivre et de décrire l'insécurité alimentaire est donc faible ou négligeable.

La discrimination moyenne à l'égard des énoncés était presque identique dans les trois sous-populations analysées. Les scores obtenus dans les trois groupes pour chacun des énoncés sont présentés au tableau B.2. Ces scores ont été estimés à partir d'une échelle logistique (c.-à-d. que le paramètre de discrimination est égal à 1,0). Aucun ajustement n'a été fait pour tenir compte des différences au niveau de la discrimination, ces différences ayant été considérées négligeables après avoir été mesurées à partir des écarts-types des scores entourant les énoncés. On constate donc une concordance des profils de réponse et du classement des énoncés en fonction de la gravité entre les trois sous-populations.

24 De nombreux ménages autochtones ont été interviewés en anglais. Bien que ceux-ci aient été inclus dans l'analyse entourant les ménages interviewés en anglais, ils représentent une proportion minime de répondants dans ce sous-échantillon.

Figure B-2. Comparaison des scores entourant les énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes, ménages autochtones et ensemble des ménages interviewés en anglais, ESCC 20041

Figure B-2. Comparaison des scores entourant les énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes, ménages autochtones et ensemble des ménages interviewés en anglais, ESCC 2004

Légende

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes

Note

1 De nombreux ménages autochtones ont été interviewés en anglais. Bien que ceux-ci aient été inclus dans l'analyse entourant les ménages interviewés en anglais, ils représentent une proportion minime de répondants dans ce sous-échantillon.

On a aussi comparé les scores entourant les énoncés présentés dans le Food Security Supplement de la Current Population Survey (CPS-FSS) (enquête nationale sur la sécurité alimentaire menée aux États-Unis) à ceux du sous-échantillon de répondants interviewés en anglais dans le cadre de l'ESCC 2.2 (voir le tableau B.2 et la figure B-3). Il n'est pas indispensable que la gravité relative des énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes soit la même au Canada qu'aux États-Unis pour que cette échelle fonctionne adéquatement. Il est toutefois intéressant de pouvoir vérifier si l'ampleur de l'insécurité alimentaire est la même dans les deux pays et si les statistiques entourant la prévalence sont comparables d'un pays à l'autre.

L'insécurité alimentaire est ressentie et décrite de façon très similaire aux États-Unis et au Canada. En effet, on observait le même classement des scores de gravité des énoncés dans les deux pays, à l'exception de deux ensembles d'énoncés de gravité à peu près égale qui avaient été inversés d'un pays à l'autre. Bien que plusieurs différences entre les scores de gravité des énoncés soient statistiquement significatives (le grand nombre de ménages interviewés dans chacun des pays a entraîné de légères erreurs dans les scores estimés), une seule de ces différences est vraiment importante, à savoir le dégré de gravité plus élevé entourant l'énoncé « Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés » aux États-Unis puisque cela entraînerait un léger biais vers le bas quant à la prévalence de l'insécurité alimentaire aux États-Unis comparativement à celle observée au Canada si l'instrument de mesure prévoyait un même seuil d'insécurité alimentaire au niveau des scores bruts.

Figure B-3. Comparaison des scores entourant les énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes, US CPS-Food Security Supplement 2004 et répondants interviewés en anglais dans le cadre de l'ESCC 2004

Figure B-3. Comparaison des scores entourant les énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes, US CPS-Food Security Supplement 2004 et répondants interviewés en anglais dans le cadre de l'ESCC 2004

Légende :

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
CPS Current Population Survey (États Unis)
CPS-FSS Current Population Survey, Food Security Supplement (États Unis)

Bien que le score brut obtenu sur l'échelle de sécurité alimentaire des adultes, à savoir le nombre de conditions d'insécurité alimentaire reliées à une réponse affirmative, soit un indicateur ordinal de la gravité de l'insécurité alimentaire chez les adultes, les intervalles ne sont pas égaux entre les scores bruts successifs. Les scores attribués à chacun des scores bruts dans l'échelle du maximum de vraisemblance permettent de mesurer les intervalles entre les degrés de gravité des énoncés; on peut les utiliser dans des modèles linéaires, tels que les modèles de corrélation et de régression. On retrouve les scores estimés pour l'échantillon combinant les ménages interviewés en anglais et ceux interviewés en français au tableau B.3. Les scores obtenus à partir de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes au sein des ménages dans le cadre de l'ESCC 2.2 sont présentés au tableau B.4. Ces scores sont fondés sur les résultats présentés au tableau B.3. On utilise des échelles logistiques (coefficient de discrimination égal à 1,0); le score de gravité moyen des énoncés a été fixé à 1025.

Dans une perspective de modélisation statistique, les scores obtenus à partir de telles échelles ont une utilité plutôt limitée puisqu'on ignore le score associé aux ménages obtenant un score brut nul. Bien qu'on sache que les adultes au sein de ces ménages sont en meilleure situation de sécurité alimentaire que ceux vivant dans des ménages ayant obtenu un score brut de 1, l'ampleur de cette différence ne peut pas être estimée avec certitude. Lorsqu'on inclut les ménages ayant obtenu un score brut de zéro dans les analyses linéaires, il faut utiliser des techniques tenant compte de l'incertitude entourant la véritable situation de sécurité alimentaire. On ne connaît pas non plus la véritable gravité de l'insécurité alimentaire chez les ménages affichant un score brut de 10. Les estimations présentées au tableau B.4 ont été calculées en attribuant un score brut hypothétique de 9,5 à ce dernier groupe de ménages. Cela entraîne peu ou pas de distorsion dans les analyses linéaires, étant donné que les ménages se trouvant dans cette situation extrêmement grave d'insécurité alimentaire représentent habituellement une très faible proportion de l'échantillon analysé.

25 La fixation du point zéro sur une échelle de type Rasch est arbitraire. La valeur de 10 vise à s'assurer que tous les scores entourant les énoncés et les ménages soient positifs.

Tableau B.3 Scores de gravité des énoncés, échelle de sécurité alimentaire des adultes1, ESCC 2004

Énoncé2 Score de gravité
de l'énoncé
Erreur-type
d'estimation
Vous et les membres de votre ménage avez eu peur de
manquer de nourriture avant la prochaine rentrée d'argent
6,52 0,041
Toute la nourriture que vous et les membres de votre ménage aviez
achetée a été mangée et il n'y avait pas d'argent pour en racheter
7,58 0,040
Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens
de manger des repas équilibrés
7,35 0,040
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez
déjà réduit votre portion ou sauté des repas
9,47 0,049
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà
réduit votre portion ou sauté des repas pendant 3 mois ou plus
10,25 0,056
Vous-même avez déjà mangé moins que vous auriez dû, selon vous 9,38 0,048
Vous-même avez déjà eu faim sans pouvoir manger 11,01 0,063
Vous-même avez perdu du poids 12,06 0,076
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez
passé une journée entière sans manger
12,96 0,092
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez passé
une journée entière sans manger pendant 3 mois ou plus
13,42 0,106
Moyenne 10,00  
Écart-type 2,391  
Paramètre de discrimination 1,00  
Nombre de cas3 4 413  

Légende

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes

Notes

1 Les scores entourant les énoncés ont été estimés à partir des données provenant de l'échantillon combinant les répondants anglophones et francophones. Les scores de gravité des énoncés ont été obtenus à partir de deux analyses distinctes, l'une omettant les deux énoncés « pendant 3 mois ou plus » et l'autre incluant ces énoncés tout en omettant l'énoncé « déjà pendant l'année ». De cette façon, les estimations d'énoncés mutuellement dépendants ne comportent pas de biais. On a utilisé des méthodes du maximum de vraisemblance conditionnel (MVC) pour estimer les paramètres du modèle.
2 Dans les énoncés lus aux répondants, on mentionne explicitement le manque de ressources (par exemple « ...parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture »).
3 Dans les analyses d'étalonnage, le nombre de cas est beaucoup plus faible que le nombre total de ménages interviewés. Les ménages n'ayant déclaré aucune condition d'insécurité alimentaire n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des adultes intitulée « sécurité alimentaire ». De la même façon, les ménages qui ont répondu affirmativement aux 10 énoncés relatifs à l'insécurité alimentaire des adultes n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence, après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des adultes intitulée « insécurité alimentaire grave ».

Tableau B.4 ESCC 2004, scores obtenus sur l'échelle de sécurité alimentaire des adultes et situation de sécurité alimentaire correspondant à chaque score brut1

Score brut de sécurité alimentaire des adultes Score obtenu sur l'échelle de sécurité alimentaire des adultes Erreur-type de mesure Situation de sécurité alimentaire des adultes
0 ...2 ... Sécurité alimentaire
1 6,2 1,19
2 7,4 1,00 Insécurité alimentaire modérée
3 8,3 0,94
4 9,2 0,91
5 10,0 0,90
6 10,8 0,91 Insécurité alimentaire grave
7 11,7 0,94
8 12,6 1,00
9 13,8 1,19
10 14,73 1,54

Légende

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
... Sans objet

Notes

1 Les scores présentés dans ce tableau ont été estimés à partir de méthodes du maximum de vraisemblance en tenant compte des scores de gravité de chacun des énoncés présentés au tableau B.3 pour l'échantillon combinant les sous échantillons interviewés en anglais ou en français dans le cadre de l'ESCC.
2 Les scores des ménages n'ayant déclaré aucune condition d'insécurité alimentaire (score brut nul) n'ont pas été inclus dans cette échelle. Bien que les adultes de ces ménages soient en meilleure situation de sécurité alimentaire que ceux des ménages ayant obtenu un score brut de 1, l'ampleur de l'intervalle ne peut être estimée avec certitude.
3 Les scores des ménages ayant déclaré les 10 conditions d'insécurité alimentaire des adultes (score brut de 10) qui sont présentés dans ce tableau sont fondés sur l'utilisation d'un score brut hypothétique de 9,5 plutôt que sur le véritable score obtenu

B.3.2 Échelle de sécurité alimentaire des enfants

À des fins de modélisation, l'échelle de sécurité alimentaire des enfants utilisée dans le cadre de l'ESCC renferme sept des huit énoncés relatifs aux enfants de l' US Children's Food Security Scale. L'énoncé de l'ESCC « Un ou plusieurs des enfants a/ont passé une journée entière sans manger » n'a pas été inclus lors de la modélisation étant donné que très peu de ménages avaient fourni une réponse affirmative à cette condition d'insécurité alimentaire grave et qu'il s'agissait presque exclusivement de ménages ayant déclaré toutes les autres conditions d'insécurité alimentaire chez les enfants. Cet énoncé a été supprimé de l'échelle puisqu'il ne permettait d'obtenir aucune information essentielle et que sa calibration (score de gravité) ne pouvait être estimée de manière fiable. Toutefois, les huit énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des enfants ont été inclus dans l'analyse visant à déterminer la situation de sécurité alimentaire des enfants.

Les modèles de mesure relatifs à l'échelle des enfants ont d'abord été évalués en considérant séparément les ménages interviewés en anglais, ceux interviewés en français et les ménages autochtones. La taille de ces échantillons était relativement faible puisque les ménages n'ayant déclaré aucune condition d'insécurité alimentaire chez les enfants n'ont pas été inclus dans ces analyses. On n'a observé aucune différence statistiquement significative entre les scores de gravité des énoncés. Le test du rapport de vraisemblance a confirmé qu'on n'améliorait pas le modèle de façon statistiquement significative en procédant à une modélisation distincte des sous-populations. C'est pourquoi les résultats présentés ici sont reliés à l'échantillon combinant les ménages interviewés en anglais et ceux interviewés en français.

L'utilisation de statistiques d'ajustement interne a confirmé que les sept énoncés relatifs aux enfants mesuraient tous la même condition sous jacente (voir le tableau B.5), la valeur la plus élevée d'ajustement interne étant de 1,08, une valeur bien inférieure à celle de 1,2 fixée comme limite supérieure de l'intervalle acceptable. L'énoncé « Les enfants ne mangeaient pas assez » était un peu mieux relié à la condition sous jacente que les autres énoncés, tout comme dans l'US CPS-FSS.

La gravité relative des énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des enfants était très similaire dans l'US CPS-FSS et dans l'ESCC (voir le tableau B.6 et la figure B-4). Les degrés de gravité de l'insécurité alimentaire mesurés chez les enfants et les statistiques entourant la prévalence de celle-ci dans la population en général peuvent donc être considérés directement comparables entre les deux pays.

On retrouve au tableau B.7 les scores obtenus sur l'échelle de sécurité alimentaire des enfants par rapport à chacun des scores bruts. Les mises en garde relatives à l'utilisation des scores obtenus sur l'échelle de sécurité alimentaire des adultes s'appliquent aussi dans le cas des enfants.

Tableau B.5 Statistiques d'ajustement interne, comparaison entre l'échelle de sécurité alimentaire des enfants de l'ESCC 2004 et l'US CPS-Food Security Supplement 2004 1

Énoncé 2 ESCC US
CPS-FSS
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage comptiez seulement sur quelques types d'aliments peu coûteux pour nourrir les enfants 1,04 1,03
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage ne pouviez pas servir des repas équilibrés aux enfants 0,86 0,87
Les enfants ne mangeaient pas assez 0,77 0,79
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà réduit la portion d'un ou plusieurs enfants 1,08 0,99
Les enfants ont déjà eu faim 0,95 1,01
Un ou plusieurs des enfants a/ont sauté des repas 0,94 0,99
Un ou plusieurs des enfants a/ont sauté des repas pendant 3 mois ou plus 0,89 0,92

Légende

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
CPS Current Population Survey (États Unis)

Notes

1 . Les sous échantillons interviewés en anglais ou en français dans le cadre de l'ESCC ont été combinés étant donné qu'on n'observait pas de différences significatives au niveau des scores de gravité des énoncés entre ces ménages, ni entre les ménages autochtones et non autochtones. Les statistiques d'ajustement interne ont été obtenues suite à deux analyses distinctes, l'une qui omet l'énoncé « un ou plusieurs des enfants a/ont sauté des repas pendant 3 mois ou plus » et l'autre qui inclut cet énoncé tout en omettant l'énoncé « déjà pendant l'année ». De cette façon, les estimations d'énoncés mutuellement dépendants ne comportent pas de biais. On a utilisé des méthodes du maximum de vraisemblance conditionnel (MVC) pour estimer les paramètres du modèle
2. Dans les énoncés lus aux répondants, on mentionne explicitement le manque de ressources (par exemple « ...parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture »).
3. Dans les analyses d'étalonnage, le nombre de cas est beaucoup plus faible que le nombre total de ménages interviewés. Les ménages n'ayant déclaré aucune condition d'insécurité alimentaire n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des enfants intitulée « sécurité alimentaire ». De la même façon, les ménages qui ont répondu affirmativement aux 7 énoncés relatifs à l'insécurité alimentaire des enfants n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des enfants intitulée « insécurité alimentaire grave ».

Tableau B.6 Scores de gravité des énoncés, comparaison entre l'échelle de sécurité alimentaire des enfants de l'ESCC 2004 et l'US CPS-Food Security Supplement 2004 1

Énoncé2 ESCC U.S.
CPS-FSS33
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage comptiez seulement sur
quelques types d'aliments peu coûteux pour nourrir les enfants
5,19 4,72*
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage ne pouviez
pas servir des repas équilibrés aux enfants
6,66 6,87*
Les enfants ne mangeaient pas assez 9,25 9,21
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà
réduit la portion d'un ou plusieurs enfants
11,55 11,56
Les enfants ont déjà eu faim 12,49 12,65
Un ou plusieurs des enfants a/ont sauté des repas 12,81 13,15
Un ou plusieurs des enfants a/ont sauté des repas pendant 3 mois ou plus 12,05 11,84
Écart-type 10,00 10,00
Écart-type 3,046 3,189
Paramètre de discrimination 1,00 1,00
Nombre de cas4 1 650 2 740

Légende

Différence significative au seuil de confiance de 90 %.
ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
CPS Current Population Survey (États Unis)
CPS-FSSCurrent Population Survey, Food Security Supplement (États Unis)

Notes

1 Les sous échantillons des répondants interviewés en anglais ou en français dans le cadre de l'ESCC ont été combinés étant donné qu'on n'observait pas de différences significatives au niveau des scores de gravité des énoncés entre ces ménages, ni entre les ménages autochtones et non autochtones. Les statistiques d'ajustement interne ont été obtenues suite à deux analyses distinctes, l'une qui omet l'énoncé « un ou plusieurs enfants a/ont sauté des repas pendant 3 mois ou plus » et l'autre qui inclut cet énoncé tout en omettant l'énoncé « déjà pendant l'année ». De cette façon, les estimations d'énoncés mutuellement dépendants ne comportent pas de biais. On a utilisé des méthodes du maximum de vraisemblance conditionnel (MVC) pour estimer les paramètres du modèle.
2 Dans les énoncés lus aux répondants, on mentionne explicitement le manque de ressources (par exemple « ...parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture »).
3 La dispersion des scores entourant les énoncés relatifs aux enfants était supérieure d'environ 5 % dans l'US CPS FSS par rapport à celle observée dans l'ESCC. Les valeurs présentées dans ce tableau n'ont pas été ajustées pour tenir compte de cette différence. L'utilisation de scores ajustés à des fins de comparaison n'a révélé aucune différence statistiquement significative par rapport l'utilisation de scores non ajustés.
4 Dans les analyses d'étalonnage, le nombre de cas est beaucoup plus faible que le nombre total de ménages interviewés. Les ménages n'ayant déclaré aucune condition d'insécurité alimentaire n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des enfants intitulée « sécurité alimentaire ». De la même façon, les ménages qui ont répondu affirmativement aux 7 énoncés relatifs à l'insécurité alimentaire des enfants n'ont pas été inclus dans les analyses d'étalonnage. Ils ont toutefois été inclus dans les calculs de la prévalence après avoir été classés dans la catégorie de sécurité alimentaire des enfants intitulée « insécurité alimentaire grave ».

Figure B-4. Comparaison entre les scores obtenus aux énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des enfants de l'ESCC 2004 et l'US CPS-Food Security Supplement 2004

Figure B-4. Comparaison entre les scores obtenus aux énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des enfants de l'ESCC 2004 et l'US CPS-Food Security Supplement 2004

Légende :

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
CPS Current Population Survey (États Unis)
CPS-FSS Current Population Survey, Food Security Supplement (États Unis)

Tableau B.7 ESCC 2004, scores obtenus sur l'échelle de sécurité alimentaire des enfants et situation de sécurité alimentaire correspondant à chaque score brut1

Score brut de sécurité
alimentaire des enfants
Erreur-type
de mesure
Erreur-type
de mesure
Situation de sécurité
alimentaire des enfants
0 ...2 ... Sécurité alimentaire
1 5,8 1,45
2 8,0 1,48 Insécurité alimentaire modérée
3 9,9 1,27
4 11,2 1,06
5 12,3 1,00 Insécurité alimentaire grave
6 13,4 1,17
7 14,33 1,52

Légende

ESCC Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
... Sans objet

Notes

1 Les scores présentés dans ce tableau ont été estimés à partir de méthodes du maximum de vraisemblance en tenant compte des scores de gravité de chacun des énoncés présentés au tableau B.6 pour l'échantillon combinant les sous échantillons interviewés en anglais ou en français dans le cadre de l'ESCC.
2 Les scores des ménages n'ayant déclaré aucune condition d'insécurité alimentaire (score brut nul) n'ont pas été inclus dans cette échelle. Bien que les adultes de ces ménages soient en meilleure situation de sécurité alimentaire que ceux des ménages ayant obtenu un score brut de 1, l'ampleur de l'intervalle ne peut être estimée avec certitude.
3 . Les scores des ménages ayant déclaré les 7 conditions d'insécurité alimentaire des enfants (score brut de 7) qui sont présentés dans ce tableau sont fondés sur l'utilisation d'un score brut hypothétique de 6,5 plutôt que sur le véritable score obtenu.

Bibliographie de l'annexe B

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Annexe C : Réponses aux énoncés du Module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages

Le pourcentage de ménages canadiens ayant répondu affirmativement à chacun des énoncés du Module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages (MESAM) est présenté au tableau C.1.

On retrouve au tableau C.2 la distribution des ménages dans chacune des catégories de sécurité alimentaire en fonction des scores bruts 26.

La très grande majorité des ménages n'ont fourni aucune réponse affirmative aux conditions d'insécurité alimentaire relatives aux adultes (87,1 %)27 ou aux enfants (90,5 %).
Un faible pourcentage de ménages a fourni une réponse affirmative à une seule condition d'insécurité alimentaire relative aux adultes (3,9 %)28 ou aux enfants (4,2 %). Ces ménages ont été considérés en situation de « sécurité alimentaire ».

Lorsqu'un seul énoncé de l'échelle de sécurité alimentaire des adultes recevait une réponse affirmative, il s'agissait le plus souvent des énoncés suivants : « Vous et les membres de votre ménage avez eu peur de manquer de nourriture avant la prochaine rentrée d'argent » (50,0 %), « Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés » (36,2 %) ou « Toute la nourriture que vous et les membres de votre ménage aviez achetée a été mangée et il n'y avait pas d'argent pour en racheter » (13,2 %) (données non présentées).

Lorsqu'un seul énoncé de l'échelle de sécurité alimentaire des enfants recevait une réponse affirmative, il s'agissait le plus souvent des énoncés suivants : « Vous ou d'autres adultes dans votre ménage comptiez seulement sur quelques types d'aliments peu coûteux pour nourrir les enfants » (80,2 %) et « Vous ou d'autres adultes dans votre ménage ne pouviez pas servir des repas équilibrés aux enfants » (18,7 %) (données non présentées).

Les adultes et les enfants de ces ménages ont été considérés en « sécurité alimentaire », même si dans certains cas, cette sécurité avait peut-être été plutôt incertaine à un moment ou l'autre de l'année.

26 Les estimations de la prévalence ont été calculées uniquement chez les ménages avec enfants; les ménages sans enfants n'ont pas été inclus dans le dénominateur.
27 85,2 % des ménages avec enfants, 87,9 % des ménages sans enfants.
28 5,0 % des ménages avec enfants, 3,5 % des ménages sans enfants.

Tableau C.1 Réponses aux énoncés du Module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages, Canada 20041,2

  Ménages ayant répondu affirmativement à l'énoncé3,4
  Ensemble des ménages Ménages avec enfants Ménages sans enfants
  n % n % n %
Échelle de sécurité alimentaire des adultes
Vous et les membres de votre ménage avez eu peur de manquer de nourriture avant la prochaine rentrée d'argent 1 224 700 10,0 468 100 11,8 756 600 9,2
Toute la nourriture que vous et les membres de votre ménage aviez achetée a été mangée et il n'y avait pas d'argent pour en racheter 936 200 7,7 331 800 8,4 604 400 7,3
Vous et les membres de votre ménage n'aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés 1 030 900 8,4 325 100 8,2 705 900 8,6
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez
déjà réduit votre portion ou sauté des repas
530 000 4,3 162 200 4,1 367 700 4,5
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez déjà réduit votre portion ou sauté des repas pendant 3 mois ou plus 406 100 3,3 116 900 3,0 289 200 3,5
Vous-même avez déjà mangé moins que vous auriez dû, selon vous 561 500 4,6 179 300 4,5 382 200 4,6
Vous-même avez déjà eu faim sans pouvoir manger 317 800 2,6 79 900 2,0 237 900 2,9
Vous-même avez perdu du poids 198 000 1,6 44 000 1,1 154 000 1,9
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez
passé une journée entière sans manger
113 100 0,9 26 000 0,7 87 100 1,0
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez passé une journée entière sans manger pendant 3 mois ou plus 93 900 0,8 19 400 0,5 74 400 0,9
Échelle de sécurité alimentaire des enfants5
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage ne
pouviez pas servir des repas équilibrés aux enfants
337 400 2,8 337 400 2,8 ... ...
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage ne
pouviez pas servir des repas équilibrés aux enfants
230 500 1,9 230 500 1,9 ... ...
Les enfants ne mangeaient pas assez 98 800 0,8 98 800 0,8 ... ...
Vous ou d'autres adultes dans votre ménage avez
déjà réduit la portion d'un ou plusieurs enfants
25 300 0,2 25 300 0,2 ... ...
Les enfants ont déjà eu faim 21 100 0,2 21 100 0,2 ... ...
Un ou plusieurs des enfants a/ont sauté des repas 14 900 0,1E 14 900 0,1E ... ...
Un ou plusieurs des enfants a/ont sauté des repas
pendant 3 mois ou plus
10 500 0,1E 10 500 0,1E ... ...
Un ou plusieurs des enfants a/ont passé une
journée entière sans manger
F F F F ... ...

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

Légende

n Taille pondérée de l'échantillon arrondie à la centaine la plus proche
E Données pour lesquelles le coefficient de variation (CV) se situe entre 16,6 % et 33,3 %. Ces données doivent être interprétées avec prudence
F Données pour lesquelles le coefficient de variation (CV) est supérieur à 33,3 % ou la taille de l'échantillon non pondéré inférieure à 30. Ces données ont été supprimées.
... Sans objet

Notes

1 Les territoires et les réserves indiennes ne sont pas inclus.
2 Dans les énoncés lus aux répondants, on mentionne explicitement le manque de ressources (par exemple « ...parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture »).
3 .Les coefficients de variation (CV) et les intervalles de confiance (IC) de 95 % ont été calculés selon la méthode de rééchantillonnage « Bootstrap ».
4 .Les ménages pour lesquels l'énoncé était « sans objet » ont été exclus du dénominateur.
5 .Ces résultats sont reliés uniquement aux ménages avec enfants puisqu'on n'a pas utilisé cette échelle chez les ménages sans enfants. On entend par « enfants » les personnes de moins de 18 ans.

Tableau C.2 Pourcentage des ménages selon les scores bruts de sécurité alimentaire, échelle de sécurité alimentaire des adultes et échelle de sécurité alimentaire des enfants, Canada 20041,2

  Ensemble des ménages Ménages avec enfants Ménages sans enfants
Cumulatif % Cumulatif % Situation de sécurité alimentaire % Cumulatif % Situation de sécurité alimentaire % Cumulatif % Situation de sécurité alimentaire
Échelle de sécurité alimentaire des adultes
0 87,1 87,1 Sécurité alimentaire
(91,0%)
85,2 85,2 Sécurité alimentaire
(90,2%)
87,9 87,9 Sécurité alimentaire
(91,4%)
1 3,9 91,0 5,0 90,2 3,5 91,4
2 2,2 93,2 Insécurité alimentaire modérée
(6,1%)
3,0 93,2 Insécurité alimentaire modérée
(7,5%)
1,8 93,2 Insécurité alimentaire modérée
(5,5%)
3 2,2 95,3 2,5 95,7 2,0 95,2
4 1,0 96,4 1,1 96,8 1,0 96,2
5 0,8 97,1 0,9 97,7 0,7 96,9
6 0,8 97,9 Insécurité alimentaire grave
(2,9%)
0,9 98,6 Insécurité alimentaire grave
(2,3%)
0,8 97,6 Insécurité alimentaire grave
(3,1%)
7 0,9 98,8 0,7 99,3 1,0 98,6
8 0,5 99,3 0,4 99,6 0,6 99,2
9 0,3 99,6 F 99,7 0,3 99,5
10 0,4 100,0 0,3 100,0 0,5 100,0
Échelle de sécurité alimentaire des enfants3
0 90,5 90,5 Sécurité alimentaire
(94.8%)
90,5 90,5 Sécurité alimentaire
(94.8%)
... ... ...
1 4,2 94,8 4,2 94,8 ... ...
2 2,7 97,4 Insécurité alimentaire modérée
(4.9%)
2,7 97,4 Insécurité alimentaire modérée
(4.9%)
... ... ...
3 1,7 99,2 1,7 99,2 ... ...
4 0,5 99,6 0,5 99,6 ... ...
5 0,2 99,8 Insécurité alimentaire grave
(0.4%)
0,2 99,8 Insécurité alimentaire grave
(0.4%)
... ... ...
6 F 99,9 F 99,9 ... ...
7 F 100,0 F 100,0 ... ...
8 F 100,0 F 100,0 ... ...

Source des données : Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, 2004 - Fichier partagé, poids des ménages

Légende

E Données pour lesquelles le coefficient de variation (CV) se situe entre 16,6 % et 33,3 %. Ces données doivent être interprétées avec prudence
F Données pour lesquelles le coefficient de variation (CV) est supérieur à 33,3 % ou la taille de l'échantillon non pondéré inférieure à 30. Ces données ont été supprimées.
... Sans objet

Notes

1 Les territoires et les réserves indiennes ne sont pas inclus.
2 Les coefficients de variation (CV) et les intervalles de confiance (IC) de 95 % ont été calculés selon la méthode de rééchantillonnage « Bootstrap ».
3 Ces résultats sont reliés uniquement aux ménages avec enfants puisqu'on n'a pas utilisé cette échelle chez les ménages sans enfants. On entend par « enfants » les personnes de moins de 18 ans.

Annexe D : Variables descriptives29

Origine autochtone
Il a été convenu qu'une réponse affirmative à l'énoncé « Les gens qui habitent au Canada ont des origines culturelles et ethniques très variées. Êtes vous Autochtone (Indien de l'Amérique du Nord, Métis ou Inuit)? » permettait de supposer que le répondant était Autochtone et que le ménage était Autochtone. On reconnaît toutefois que les autres membres du ménage ne se considéraient pas nécessairement de culture ou d'origine ethnique autochtone.

Région de résidence - Urbaine ou rurale
La variable dérivée originale de Statistique Canada a été utilisée telle quelle. On entend par « régions urbaines », les régions urbanisées en continu qui ont une concentration démographique d'au moins 1 000 habitants et une densité de population d'au moins 400 habitants par kilomètre carré d'après les chiffres de population du recensement précédent. Toutes les autres régions ont été considérées « rurales ».

Plus haut niveau d'études achevé dans le ménage
La variable dérivée originale de Statistique Canada a été utilisée telle quelle. Cette variable indique le plus haut niveau d'études achevé par un membre du ménage. Les quatre niveaux retenus étaient les suivants : moins qu'un diplôme d'études secondaires, diplôme d'études secondaires, certaines études postsecondaires, diplôme d'études postsecondaires.

Propriété du logement
La variable dérivée originale de Statistique Canada a été utilisée telle quelle. Les ménages ayant répondu affirmativement à l'énoncé « Ce logement appartient il à un membre du ménage ? » ont été classés dans la catégorie « ménages propriétaires » de leur logement. Tous les autres ménages ont été classés dans la catégorie « ménages non propriétaires » de leur logement.

29 On a utilisé des variables dérivées fournies par Statistique Canada pour l'analyse des données. On peut obtenir des précisions sur les variables dérivées en consultant la documentation entourant l'ESCC 2.2 à l'adresse suivante : http://www.statcan.ca/cgi-bin/imdb/p2SV_f.pl?Function=getSurvey&SDDS=5049&lang=en&db=IMDB&dbg=f&adm=8&dis=2

Capacité du revenu du ménage
La variable dérivée originale de Statistique Canada a été utilisée telle quelle. Comme on peut le constater ci dessous, les 5 catégories ont été définies à partir de la taille des ménages et du revenu brut total des 12 mois précédents.

Catégorie de capacité
du revenu du ménage
Critère au niveau du revenu total du
ménage et de la taille du ménage
Le plus bas <10 000 $ si 1 à 4 personnes
<15 000 $ si ≥ 5 personnes
Bas-moyen 10 000 $ à 14 999 $ si 1 ou 2 personnes
10 000 $ à 19 999 $ si 3 ou 4 personnes
15 000 $ à 29 999 $ si ≥ 5 personnes
Moyen 15 000 $ à 29 999 $ si 1 ou 2 personnes
20 000 $ à 39 999 $ si 3 ou 4 personnes
30 000 $ à 59 999 $ si ≥ 5 personnes
Moyen-élevé 30 000 $ à 59 999 $ si 1 ou 2 personnes
40 000 $ à 79 999 $ si 3 ou 4 personnes
60 000 $ à 79 999 $ si ≥ 5 personnes
Le plus élevé ≥ 60 000 $ si 1 ou 2 personnes
≥ 80 000 $ si ≥ 3 personnes

Types de ménages : ménages avec enfants
Selon la variable dérivée originale de Statistique Canada, un ménage est considéré « avec enfants » lorsqu'au moins un de ses membres a moins de 25 ans. Les énoncés de l'échelle de sécurité alimentaire des enfants du MESAM ont toutefois été conçus à l'intention des ménages comptant au moins un membre de moins de 18 ans. Dans le présent rapport, les ménages ont été classés en tant que « ménages avec enfants » à partir du nombre de personnes appartenant à différentes catégories d'âge. Ainsi, pour qu'un ménage soit considéré « avec enfants » ce nombre devait être supérieur à 0 dans au moins une des catégories suivantes : 5 ans ou moins, entre 6 et 11 ans, 12 ans ou moins, entre 16 et 17 ans ou 17 ans ou moins. Dans le cas des ménages monoparentaux, les catégories vivant avec d'autres personnes et personnes vivant seules ont été combinées. Dans le présent rapport, on utilise cinq types de ménages avec enfants de moins de 18 ans définis à partir des sept types prévus dans la variable dérivée originale de Statistique Canada.

Types de ménages : ménages sans enfants
Selon la variable dérivée originale de Statistique Canada, les ménages ayant au moins un membre entre 18 et 25 ans sont considérés comme des « ménages avec enfants », tandis que dans le présent rapport, ils sont considérés comme des « ménages sans enfants » (voir les explications ci-haut à l'égard des ménages avec enfants). La catégorie « ménages formés uniquement d'un couple » a été retenue telle quelle. Les ménages biparentaux comptant des enfants de 18 à 25 ans ont été classés dans la catégorie « ménages formés d'un couple et d'autres personnes ». Les ménages monoparentaux comptant des enfants de 18 à 25 ans ont été classés dans la catégorie « autres ménages », cette catégorie incluant aussi les ménages déjà classés dans la catégorie « autre ». La catégorie originale « personnes vivant seules » a été conservée telle quelle, les répondants de cette catégorie ayant ensuite été classés en fonction de leur sexe.

Statut d'immigration du ménage
Les répondants immigrants, et donc les « ménages immigrants », ont été identifiés suite à une réponse affirmative à la variable indicateur originale de Statistique Canada relative au statut d'immigrant. Cette variable tient compte du pays de naissance du répondant et de la citoyenneté canadienne à la naissance. On entend par « immigrant récent » un répondant qui avait immigré au Canada depuis moins de 5 ans.

Principale source de revenu du ménage
Les 13 principales sources de revenu prévues dans la variable dérivée originale de Statistique Canada ont été regroupées en cinq catégories dans le présent rapport. Ainsi, i) salaires/ traitements regroupe « salaires et traitements » et « revenu d'un travail autonome », ii) aide sociale représente « allocations municipales ou provinciales d'aide sociale ou de bien-être », iii) indemnités d'accident du travail/ assurance-emploi regoupe « indemnités d'accident du travail » et « assurance-emploi », iv) régimes de pension/ prestations aux aînés regroupe « prestations du Régime de pensions du Canada ou du Régime des rentes du Québec », « pensions d'un régime de retraite, rentes » et « sécurité de la vieillesse ou Supplément de revenu garanti » et v) autre regroupe « pension alimentaire aux enfants », « pension alimentaire au conjoint(e) », « crédit d'impôt pour enfants » « dividendes et intérêts » et « autre ».

Nombre d'enfants
Les ménages ayant des enfants de moins de 18 ans (aussi bien les ménages biparentaux que monoparentaux) ont été classés dans la catégorie « ménages avec 1 ou 2 enfants » lorsqu'on retrouvait 1 ou 2 membres dans les catégories d'âge suivantes : 5 ans ou moins, entre 6 et 11 ans, 12 ans ou moins, entre 16 et 17 ans ou 17 ans ou moins. Les autres ménages ont été classés dans la catégorie « ≥3 enfants ». Ces deux catégories combinées représentaient 100 % du sous-échantillon des « ménages avec enfants ».

Présence d'un ou plusieurs jeunes enfants
Dans le sous-échantillon des ménages avec enfants, ceux ayant au moins un membre de 5 ans ou moins ont été considérés comme des ménages « avec enfants de moins de 6 ans ». Les autres ménages ont été classés dans la catégorie des ménages « aucun enfant de moins 6 ans ». Ces deux catégories combinées représentaient 100 % des ménages du sous-échantillon des « ménages avec enfants ».

Annexe E : Tableaux détaillés30

Tableau E.1 : Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages selon les variables sociodémographiques retenues, Canada, 2004

Tableau E.2 : Situation de sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages par province, Canada, 2004

Tableau E.3 : Situation de sécurité alimentaire liée au revenu des ménages selon les variables sociodémographiques retenues, Autochtones vivant hors réserve, 2004

Tableau E.4 : Nombre de personnes en diverses situations de sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages selon le type de ménage, Canada, sous-population autochtone vivant hors réserve et provinces, 2004

30 Pour d'autres tableaux préparés suite à l'analyse des données sur la sécurité alimntaire, veuillez consulter : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition - Sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens : Tableaux de données supplémentaires (disponible en ligne, à l'adresse : www.hc-sc.gc.ca/fn-an/surveill/nutrition/commun/index-eng.php).

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