ARCHIVÉE - Sommaire de l'évaluation du danger que représente pour la santé la morpholine utilisée dans la cire servant à enrober les pommes

La morpholine est un solvant et un émulsifiant utilisé dans la préparation de cires servant à enrober des fruits et des légumes. En présence d'un excès de nitrite, provenant des nitrates naturels présents dans l'alimentation, la morpholine peut subir une altération chimique (nitrosation) et former de la N-nitrosomorpholine (NMOR), cancérogène génotoxique chez les rongeurs. Même si la morpholine seule ne semble pas poser de préoccupation sur le plan de la santé, la grande question consiste à savoir si les êtres humains peuvent produire suffisamment de NMOR après avoir ingéré de la morpholine pour qu'elle pose un risque pour la santé.

La morpholine même n'est ni cancérogène ni tératogène et ne provoque pas de toxicité chronique chez les rats et les souris. Compte tenu d'un niveau sans effet nocif observé (NSENO) au cours d'une étude de toxicité orale chronique et de plusieurs facteurs de sécurité, on a calculé une dose journalière admissible (DJA) de 0,48 mg/kg mc/jour. Lorsqu'on ne tient pas compte de la possibilité de nitrosation, l'exposition à la morpholine chez les enfants et les adultes s'établit à environ 8 % et 5 % respectivement de la DJA et n'est pas une cause de préoccupation.

Des études réalisées sur des animaux de laboratoire ont permis d'établir que la formation de NMOR est liée à l'administration de doses suffisamment importantes de morpholine et de nitrite. Dans ces conditions précises, il y a apparition, chez des rats qui ont reçu de la morpholine et du nitrite, d'un cancer hépatocellulaire (cancer du foie) que l'on suppose attribuable à la formation de NMOR. Même si l'on suppose souvent qu'il y a probabilité de nocivité à n'importe quel niveau d'exposition à un cancérogène génotoxique, l'exposition réelle peut être tellement faible que le risque pour la santé est essentiellement négligeable. On a utilisé une extrapolation de données sur des tumeurs chez le rat pour estimer une dose sécuritaire pour les êtres humains (4,3 ng/kg mc/jour).

En ce qui concerne la présence de NMOR sur des pommes enrobées d'une cire contenant de la morpholine :

  • On n'a pas trouvé de NMOR sur les pommes en question et la combinaison de morpholine et de nitrite dans le contexte d'expériences réalisées en présence de chair de pomme n'a pas formé de NMOR.
  • On a étudié la nitrosation possible de la morpholine chez les êtres humains qui la transformeraient en NMOR pendant la digestion. Comme il n'y a pas de données humaines directes sur le taux de nitrosation de la morpholine en NMOR, on a établi une estimation indirecte.
  • On a tenu compte aussi des effets inhibiteurs des anti-oxydants contenus dans la pomme.
  • À partir de l'exposition estimée à la morpholine, on a calculé que la formation endogène possible de NMOR s'établissait à 2,2 et 3,6 ng/kg mc/jour chez les adultes et les enfants respectivement. Cette exposition possible à la NMOR dérivée de la morpholine présente sur des pommes cirées est inférieure à la dose sécuritaire calculée ci-dessus, qui s'établit à 4,3 ng/kg mc/jour.
  • Les incertitudes incluses dans cette estimation de la formation de NMOR comprennent les différences physiologiques entre les êtres humains et les rats, ainsi que les doses réelles de nitrite consommées. Il est peu probable que ces incertitudes accroissent la formation estimée de NMOR.

On a conclu que la morpholine utilisée actuellement dans la cire d'enrobage des fruits et des légumes ne représente pas un risque pour la santé.

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