ARCHIVÉE - Résumé de l'examen scientifique de Santé Canada sur l'allégation santé américaine au sujet du calcium et de l'ostéoporose

Bureau des sciences de la nutrition
Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada

Mai 2000

Résumé

Ce résumé a pour objet d'examiner la littérature scientifique traitant de la relation entre la consommation de calcium et l'ostéoporose qui a été publiée depuis l'adoption de l'allégation santé par la Food and Drug Administration des États-Unis, en 1993. Santé Canada a demandé à deux scientifiques canadiens reconnus comme des experts dans le domaine de procéder, à contrat, à une évaluation indépendante de la littérature scientifique relative à cette allégation santé. Des études mentionnées dans le rapport sur les apports nutritionnels de référence (ANREF) et portant sur le rôle du calcium dans l'ostéoporose, dans la densité ou la teneur minérale osseuse et dans les taux de fracture ainsi que des études publiées après le rapport sur les ANREF ont été examinées et incluses dans le présent rapport sommaire.

L'ostéoporose est une maladie caractérisée par une faible masse osseuse et une détérioration de la micro-architecture du tissu osseux, ce qui entraîne une plus grande fragilité osseuse et, partant, une augmentation du risque de fracture. Le pic de croissance de la masse osseuse est le principal facteur qui détermine le risque de développer l'ostéoporose. Vers l'âge de 20 ans, le squelette humain a développé de 90 à 95 % de son capital osseux et il acquiert les 5 à 10 % supplémentaires au cours des 10 années suivantes. Les gens qui ont accumulé une masse osseuse maximale supérieure sont moins exposés à l'ostéoporose. On estime que 1,4 million de Canadiens souffrent de cette maladie, soit une femme sur quatre et un homme sur huit de plus de 50 ans. Selon une enquête canadienne, les coûts totaux des soins de santé (hospitalisation, soin des patients, médication) attribuables à l'ostéoporose se sont élevés à 465 millions $ en 1993, chiffre qui grimpait à 1,3 milliard $ si l'on tenait compte des coûts soins fournis par les centres de soins prolongés et les hôpitaux pour malades chroniques.

Il n'y a pas de données nationales sur la consommation de calcium dans la population canadienne, mais des enquêtes provinciales menées en Nouvelle-Écosse et au Québec ont fourni des données relativement récentes sur le sujet (données tirées d'enquêtes menées en 1990). Elles ont révélé que la consommation moyenne de calcium variait, respectivement, entre 770 à 1 160 et 574 à 788 mg/j (selon l'âge) chez les hommes et les femmes et qu'elle diminuait avec l'âge.

Des essais cliniques comparatifs sur la supplémentation en calcium ont été menés pour presque tous les groupes d'âge (à partir de celui des enfants), et ils corroborent pour la plupart l'allégation santé relative au calcium et à l'ostéoporose.

Des essais cliniques ont montré qu'une supplémentation en calcium avait un effet modéré mais positif sur la croissance minérale osseuse chez les enfants, en particulier chez ceux qui avaient une consommation de moins de 1000 mg/j. Des bienfaits semblables ont été observés chez ceux qui avaient une consommation alimentaire de calcium de plus de 1000 mg/j. En général, la supplémentation entraînait un gain sur le plan de la densité minérale osseuse ou de la teneur minérale de l'os de 1 à 5 % plus élevé que dans le groupe témoin. On ignore cependant pour le moment si cette augmentation se maintient et quels sont ses effets positifs à long terme.

C'est pour le groupe des jeunes adultes que les données sur le rôle du calcium dans la santé osseuse font particulièrement défaut. On n'a pas trouvé d'essais cliniques récents sur ce groupe d'âge, et les études d'observation n'ont pas donné pas des résultats constants, même si elles évoquaient un effet positif. Une méta-analyse de 24 études d'observation a établi une corrélation faible mais significative entre la consommation de calcium et la masse osseuse. L'activité physique semble être un déterminant important de la santé osseuse des membres de ce groupe d'âge.

Les essais cliniques recensées dans le rapport sur les ANREF et celles qui ont suivi montrent que le calcium a plusieurs effets constants sur le plan de la déperdition osseuse chez les femmes ménopausées. La supplémentation en calcium a moins d'effet sur les femmes peu après la ménopause que plus avant après celle-ci; lorsque des effets se font sentir, c'est en général au niveau de l'os cortical, la colonne vertébrale réagissant moins bien au calcium. L'augmentation de la densité minérale osseuse associée à la supplémentation en calcium est généralement plus importante chez les femmes en post-ménopause tardive qui ont une faible consommation de calcium que chez celles qui ont une consommation de calcium généralement supérieure. Des études d'observation portant sur des femmes ménopausées et une étude incluant des hommes ont en général indiqué que le calcium avait des répercussions positives sur la densité osseuse. Plusieurs études ont également révélé un lien entre une consommation supérieure de calcium plus tôt dans la vie et la réduction de l'incidence des fractures ou l'augmentation de la densité minérale osseuse chez les femmes ménopausées.

Bon nombre d'études menées auprès des personnes âgées ont montré que des suppléments ou un apport supérieur en calcium avaient un effet positif sur le taux de fractures, issue importante sur le plan clinique. Près de la moitié des essais menés auprès des personnes âgées ont conclu non seulement à une réduction du taux de fractures mais aussi à des modifications de la densité minérale osseuse. Les études incluant des hommes ont été plus nombreuses pour ce groupe d'âge que pour n'importe quel autre, et elles ont établi que les hommes semblaient tirer également profit de cette intervention. La plupart des études sur les personnes âgées prévoyaient la prise d'un supplément de vitamine D en plus du calcium. Comme la carence en vitamine D est très répandue chez les personnes âgées, en particulier chez celles qui demeurent en établissement ou qui sont confinées à la maison, il semble important que ces personnes consomment assez de vitamine D pour pouvoir assimiler le calcium ou tirer profit des suppléments de calcium.

À la lumière de ces données, cette allégation santé doit tenir compte de plusieurs éléments :

  1. Il doit être fait mention d'une alimentation saine susceptible de fournir tous les nutriments nécessaires pour assurer une formation adéquate des os (protéines, minéraux, vitamines et acides gras essentiels).
  2. La consommation de calcium qui ne s'accompagne pas d'exercices des articulations portantes ne suffit pas à prévenir la déperdition osseuse, et plusieurs des études récentes ainsi que la méta-analyse de Kelley (1998) confirment la nécessité d'établir un lien avec l'exercice dans l'allégation.
  3. Il y a suffisamment de preuves que la consommation de calcium aux niveaux recommandés récemment par le Comité sur les ANREF de 1997 ou à des niveaux approchants accroît la masse osseuse des enfants et des adolescents et réduit la déperdition osseuse chez les adultes plus âgés. Comme le Comité sur les ANREF a fait mention d'un apport suffisant dans ses recommandations, il vaudrait mieux parler d'un « apport suffisant en calcium » plutôt que de « suffisamment de calcium ».
  4. Il existe des preuves qu'un apport suffisant en calcium pendant l'enfance peut favoriser une meilleure formation des os et, plus tard à l'âge adulte, en particulier chez les femmes en post-ménopause avancée et les personnes âgées, assurer une protection contre la déperdition osseuse et les fractures. L'allégation ne devrait donc pas être restreinte aux adolescents et aux jeunes adultes.
  5. Il n'est pas justifié de faire allusion à un groupe ethnique particulier au Canada : tous les groupes ethniques sont probablement exposés à un certain risque, et on connaît peu la consommation de calcium et ses effets sur les paramètres osseux de certains groupes comme les Premières Nations, les ressortissants des Indes orientales et bien d'autres groupes.
  6. Comme l'a indiqué le Comité sur les ANREF et les résultats relatifs aux personnes âgées, aucune preuve n'indique que le calcium est plus nécessaire pour un sexe que pour un autre (même s'il y a moins d'études portant sur les hommes que sur les femmes). Il n'est donc pas nécessaire de préciser le sexe.
  7. Le terme « ostéoporose » est largement utilisé en raison de la publicité que font certains groupes comme la Société de l'ostéoporose du Canada et l'usage de ce terme ne devrait pas entraver la compréhension de l'allégation.
  8. La vitamine D est importante, en particulier chez les adultes plus âgés et les enfants, parce qu'elle leur permet de bien assimiler le calcium, et elle devrait être mentionnée dans cette allégation santé. Les enfants canadiens consomment probablement une quantité adéquate de vitamine D grâce à l'enrichissement du lait et de la margarine et à l'exposition au soleil, mais les sources alimentaires sont encore plus essentielles pour les adultes plus âgés, qui ont besoin d'un apport allant de 10 µg/j (51 à 70 ans) à 15 µg/j (plus de 70 ans), ce qui représente le double et le triple, respectivement, de l'apport recommandé pour les plus jeunes. Cet énoncé peut éviter de mettre trop l'accent sur le calcium au détriment d'autres nutriments, en particulier la vitamine D. Les aliments portant une allégation santé relative au calcium doivent contenir au moins 200 mg de calcium par quantité de référence et par portion.

À la suite de l'examen des preuves liées à ces divers éléments, l'allégation santé suivante est proposée pour le Canada :

Une alimentation saine comprenant une quantité adéquate de calcium et la pratique régulière de l'exercice physique peuvent favoriser la formation d'os forts chez les enfants et les adolescents et réduire le risque d'ostéoporose chez les adultes plus âgés. Une consommation adéquate de vitamine D est également nécessaire.

Les critères de composition suivants sont proposés pour les aliments visés par cette allégation : l'aliment doit fournir au moins 200 mg de calcium par portion et la teneur en phosphore (à l'exclusion de celui qui est fourni par le phytate) doit être inférieure à la teneur en calcium.*

*Nota bene : Cette allégation a fait l'objet d'une modification réglementaire. Vous trouverez l'énoncé définitif de cette allégation et les conditions qui s'y rattachent dans le tableau suivant l'article B.01.603 du  Règlement sur les aliments et les drogues.

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